[Lu dans Terre de vins] Le meilleur des bordeaux blancs

Dans l’imaginaire commun, Bordeaux n’est pas terre de vins blancs. Pourtant, historiquement et techniquement, Bordeaux est une vraie «  terre à blancs  » comme aimait le dire Émile Peynaud, l’inventeur de l’œnologie moderne.

Au XVIIe siècle, la forte demande de vins blancs pour élaborer des eaux-de-vie était telle que les marchands hollandais, alors précurseurs, prirent le contrôle du vignoble bordelais. Sous leur égide, il connut un fort développement, notamment par la plantation de vignes à raisins blancs et grâce à un apport technique indéniable  : la mèche à soufre. Évitant les soucis d’oxydation prématurée lors des transports maritimes en barriques, les Hollandais furent à l’origine des vignobles des Graves et du Sauternais. Petit à petit, la consommation française et internationale se tourna vers les vins rouges et délaissa le vin blanc avec son accent populaire.
Bordeaux produisait toujours beaucoup et les marchés de vins blancs étaient très volatils. Décision fut prise par les instances d’arracher une grande part des vignes pour limiter la production et créer la rareté. Les prix se stabilisèrent, la production aussi. Aujourd’hui, les raisins blancs à Bordeaux représentent quelque 20 % de la surface des vignes et l’appellation Bordeaux blanc, fer de lance de la production de vins blancs secs, affiche un généreux 6 058 hectares, soit près de 11 % de la surface plantée.

Terre de vins vous présente ici ses 8 coups de cœur bordeaux blancs parmi les 42 dégustés (à l’aveugle) dans le N°48 de juillet/août 2017.

Kressmann
Monopole
16,5/20
7,20 €
La robe jaune dorée de ce vin, avec sa belle brillance, est annonciatrice de l’aromatique très expressive sur les agrumes (pamplemousse) et la pêche juteuse. Après cette approche alléchante, la bouche tient également ses promesses. Gouleyante, ronde, elle allie un fruit intense, à une belle longueur et une finale citronnée, qui laisse une impression de fraîcheur. Un vin au juste équilibre et à la structure précise.
À déguster avec des saint-jacques snackées.

Château Pierrail
16,25/20
7,50 €
Un vin au nez très typé « sauvignon » dans son expression la plus noble, fin, frais, sur des senteurs de fleurs blanches et d’agrumes, que l’on retrouve en bouche. L’attaque est souple, aux notes fruitées, florales et acidulées, suivie d’un milieu de bouche dense et gourmand, et d’une finale longue et fraîche. Un vin qui sait allier avec brio rondeur et vivacité.
À déguster sur un bar grillé avec du fenouil.

Château de Rayne Vigneau
Le Sec de Rayne Vigneau
17/20
13 €
Un grand coup de cœur du jury pour ce très beau vin typiquement représentatif du talent de Bordeaux en blanc. Le nez, complexe, exprime des notes de fruits juteux (agrumes, mangue), des arômes beurrés et légèrement boisés. La bouche est intense, très aromatique, combinant brillamment un joli gras et une vivifiante vivacité. Un vin ciselé, à la belle dynamique, qui maintient une tension jusqu’à sa finale sur les fruits exotiques. À apprécier dès à présent ou à laisser encore un peu vieillir.
À déguster avec un bar au barbecue, au citron et au thym.

Château Recougne
16,25/20
6 €
Au nez, un vin à la typicité bordelaise affirmée, classique mais gourmand, sur des jolies notes de fruits blancs et d’agrumes. La gourmandise se retrouve en bouche, avec une attaque fraîche et perlante, qui cède rapidement la place à une belle matière charnue, du gras, et des arômes de pamplemousse bien mûr. Un vin équilibré, avec de l’allant, du plaisir, juste ce qu’il faut de tension et une jolie pointe amère qui relève la finale. Un vin qui a ce qu’il faut où il faut !
À déguster avec un pavé de cabillaud aux légumes croquants.

Château Maison Noble Saint-Martin
Château Jean de Bel Air
17,5/20
6,80 €
Chapeau bas pour cette cuvée, meilleure note de notre sélection ! Après avoir charmé l’œil avec sa jolie robe jaune paille aux reflets verts, ce vin séduit le nez avec ses expressifs arômes fruités de pêche des vignes, melon et fruits du verger (pomme). En bouche, l’attaque souple et toute en rondeur s’ouvre sur de très beaux arômes de fruits blancs frais. Un vin à l’équilibre parfait et à la structure irréprochable, combinaison optimale entre douceur acidulée et belle acidité garante de fraîcheur.
À déguster avec un tartare de chair de tourteau.

Vignobles de Roquefeuil
Château des Antonins
17,25/20
6 €
L’illustration parfaite de l’expression classique du sauvignon blanc bordelais, dans un style pur et élégant. Le nez développe des arômes de buis, fleurs blanches, acacia, agrumes. Le palais, frais et fruité (fleurs blanches, agrumes), poursuit l’enchantement. Il offre un beau volume, tout en sachant rester vif et désaltérant à souhait. Un vin d’une grande finesse, à qui il ne manque rien, parfait en toutes occasions !
À déguster sur un plateau d’huîtres Marennes Oléron.

Château Vermont
16,5/20
6,50 €
Le nez exprime des arômes intenses de sauvignon à juste maturité, agrumes, feuilles de cassis, menthe, pamplemousse, notes anisées. Le palais se révèle à la fois tendu, tonique et citronné, et doté d’une belle épaisseur et de souplesse. La longueur en bouche est appréciable et s’achève sur des notes citronnées rafraîchissantes. Un vin de caractère, agréable et très bien fait !
À déguster avec un carpaccio de poisson blanc à la plancha et zestes de yuzu.

Château Lestage
La Mouette
16/20
18 €
Premier millésime sur un demi-hectare pour ce château qui produisait un blanc éponyme au XIXe siècle. Il offre un bel équilibre entre pêche et fruits exotiques, à la fois charnue (élevage sur lie), croquant et rafraîchissant. Dégusté en primeur, il a un fac club à la rédaction.
À déguster avec une tempura d’herbes du potager, cocotte de lotte au fenouil et à l’orange.