Incendie dans l’Aude : Le Château La Baronne durement touché par les flammes

Adossé à la montagne d’Alaric, dans les Corbières, le Château La Baronne fait partie des domaines emblématiques de l’Aude. Engagé de longue date dans une viticulture biodynamique et agroforestière, le domaine familial porté par Anne et Jean Lignères vient d’être frappé de plein fouet par un incendie qui a ravagé près de 500 hectares entre Douzens, Moux et Fontcouverte. Un feu violent, rapide, et terriblement injuste.

Le feu s’est déclaré ce samedi 5 juillet vers 13h30, le long de l’autoroute A61, à hauteur de Douzens. Selon les premiers éléments, c’est une voiture en feu sur la bande d’arrêt d’urgence qui aurait provoqué l’embrasement. Le vent, la chaleur accablante, la végétation dense après un printemps pluvieux : tous les ingrédients étaient réunis pour que la catastrophe prenne une ampleur dramatique.

Au plus fort de l’intervention, plus de 500 pompiers ont été mobilisés, épaulés par 4 Canadairs, 2 Dash et plusieurs hélicoptères bombardiers d’eau. Mais la fumée dense, aggravée par la masse végétale brûlée, a rendu l’intervention aérienne complexe. « Il y avait tellement de fumée que les avions ont eu du mal à intervenir. Et pendant ce temps, les flammes prenaient les coteaux… les mêmes que ceux touchés en 2021”, confie Anne Lignères, encore bouleversée par l’ampleur des dégâts.

Une trentaine d’hectares touchés, des dégâts visibles… et invisibles

Les premiers constats sont terribles. Près de 30 hectares du domaine ont été directement touchés, sur les 100 hectares de vignes que compte La Baronne. Des vignes échaudées, brûlées, parfois irrécupérables. “On ne se rend pas compte de la surface impactée. C’est énorme.” Il faudra plusieurs jours, voire semaines, pour estimer les dégâts indirects : le stress hydrique, les raisins altérés, et surtout la contamination potentielle par la fumée. “On ne pourra peut-être pas récolter certaines parcelles. Ce serait dangereux pour la santé” explique Anne.

Ce sinistre est le troisième grand incendie à frapper la région en quelques années. Un nouvel épisode qui témoigne de la vulnérabilité grandissante des paysages viticoles face aux effets du réchauffement climatique. Jadis, la vigne jouait un rôle de barrière naturelle contre les flammes. Aujourd’hui, face à l’intensité des feux, même les parcelles les plus soignées ne sont plus épargnées.

Au Château La Baronne, le contraste est d’autant plus cruel que le domaine est reconnu pour sa gestion exemplaire du paysage. Depuis plus de dix ans, Anne et Jean Lignères développent un programme ambitieux d’agroforesterie : haies plantées entre les vignes, mares, nichoirs, corridors écologiques… Un travail patient, destiné à recréer un écosystème vivant. “Cette végétation qui nous protège, qui abrite des oiseaux, des insectes, elle est partie en fumée” nous confie tristement Anne.

Entre choc, incertitude et solidarité

Pour le moment, l’heure est à la coordination. Des échanges sont en cours avec les assurances, bien que les précédents montrent combien ces dossiers sont longs, complexes, et parfois douloureux. Le couple garde en mémoire l’expert de 2021, jugé « juste et lucide ». Ils espèrent aujourd’hui une évaluation aussi équitable.

Face à l’épreuve, le soutien afflue. Messages, appels, marques de solidarité... “Les gens nous disent : “Vous êtes des exemples pour les autres. Vous ne vous rendez pas compte de qui vous êtes.” Ça nous touche énormément”, confie Anne, la voix chargée d’émotion. Elle tient à remercier tous ceux qui se sont manifestés : amis, clients, voisins, vignerons. Une chaîne de solidarité précieuse dans cette phase d’après-choc.

Terre de Vins solidaire du Château La Baronne

La rédaction de Terre de Vins tient à exprimer tout son soutien à Anne et Jean Lignères, à leur famille, à leurs équipes. Le Château La Baronne est un domaine exemplaire, pionnier dans la protection de la biodiversité, dans le respect de ses terres et de ses hommes. Ce qu’il traverse aujourd’hui est injuste. Mais à travers leur engagement, leur force de travail et leur éthique, nous savons que les Lignères sauront, une fois encore, faire renaître leur terroir.