Côtes du Rhône : Les Raisins Sauvages, le primeur à dégoupiller

Le troisième jeudi de novembre sonne la sortie officielle des vins primeurs. Moins médiatique que son voisin du Beaujolais, le Côtes du Rhône a des atouts pour plaire aux jeunes consommateurs. Exemple avec le domaine des Romarins qui soigne sa vinification autant que son habillage provocateur.

Qu’il est loin le temps où le Côtes du Rhône primeur avait les faveurs des consommateurs. Sa production s’est érodée au fil des ans, passant de 8 millions de bouteilles en 2000, (60 000 hectolitres, soit environ 3 % de la commercialisation totale de l’AOC Côtes du Rhône régionale rouge), à 3 millions dix ans plus tard et 90 000 cette année. Inter Rhône le constate : « Les caves en font un peu, notamment les caves coopératives qui vendent au caveau à l’occasion des primeurs, mais les volumes restent aujourd’hui limités. Concernant les ventes en grande distribution, la période de fin novembre est assez courte, 1 à 2 semaines, lorsque les vins sont visibles en rayon. Pour 2024, on a enregistré des ventes équivalentes à 36 000bouteilles à un prix moyen de 4,47 € / équivalent 75 cl selon le panel GMS ». Mais l’interprofession croit encore en l’outsider et organise chaque année Millévin à Avignon, une célébration avec défilé de confréries bacchiques et dégustations. Quant aux producteurs, ils ne s’avouent pas non plus vaincus, à l’image du Domaine des Romarins.

Une recette simple : du bon jus

La recette est, à priori, simple. Par définition, le Côtes-du- Rhône primeur se doit d’être léger et fruité. Tout ce qu’attendent les jeunes consommateurs. Au domaine des Romarins à Domazan, la méthode est immuable depuis 10 millésimes. « Nous nous appliquons à le vinifier « à la beaujolaise », c’est à dire que la fermentation se termine en phase liquide, comme un blanc ou un rosé, pour ne pas extraire de tanins et garder un maximum de fruit. C’est techniquement compliqué à faire », explique Xavier Fabre. Le vigneron aime le côté festif et populaire du primeur. Pour lui redonner de la visibilité ce passionné de street-art a eu l’idée qui fait mouche.

Street-art de l’étiquette à la cuve

« Nous demandons chaque année à un artiste de réaliser une œuvre originale pour habiller notre bouteille de Côtes-du-Rhône primeur. L’œuvre est ensuite reproduite sur l’une de nos cuves de vinification, dans notre cave, sous forme d’une fresque monumentale. Année après année, le lieu se transforme en exposition permanente de street-art. À chaque nouveau millésime sa cuve dédiée à un artiste. Après Michaël Camacho, Muriel Goro, Eugène Barricade, le duo Titomulk et le Collectif Cocomo, c’est RNST qui a traduit sa vision du monde du vin », détaille Xavier Fabre. Le concept a montré son efficacité. Le vigneron constate : « une nette augmentation des commandes auprès des cavistes depuis la création des étiquettes originales ».

Les Raisins Sauvages

Le dijonnais RNST a un style engagé, revendicatif, plutôt provocateur qui s'exprime pleinement dans l'illustration. Adepte des cultures alternatives, il explore et s'amuse avec l'art urbain sous des formes aussi diverses que le graffiti, la création d'affiches, le collage et le pochoir. Il réinvestit la rue autour d'un travail intense de pochoirs et d'encollage de sérigraphies. Son atelier est un avant-poste de la rue dans lequel il mélange les recettes, les couleurs et les genres. Son discours et son œuvre s’imprègnent de deux constantes : provocation et romantisme. C’est d’ailleurs lui qui a proposé le nom « Les Raisins Sauvages ».

Célébrations

La famille Fabre ouvre les portes de sa cave pour vous faire découvrir la fresque et déguster le Côtes-du-Rhône primeur dès le jeudi 20 novembre à 10h. Elle sera aux Halles d’Avignon en matinée, au Comptoir des Halles à Nîmes pour le déjeuner et aux soirées Millévin en Avignon et de lancement de la Balade du Primeur à Bagnols-sur-Cèze. Puis les samedi 22 et dimanche 23, la dégustation s’accompagne d’une garbure maison ou de hot-dogs, avec ambiance musicale.

Retrouvez ce programme sur l’agenda du domaine : https://domainedesromarins.wpcomstaging.com/actualites-ok/

Terre de Vins l’a aimé

80 % de grenache complété de carignan produisent un effet détonant. Un nez de baies rouges et une attaque hyper vivifiante, acidulée comme une bouchée de groseilles qui s’écrasent sur le palais. Sa longueur permet d’apprécier son petit côté amylique et grenade. Un profil provocateur à dégoupiller !