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Bordeaux : le millésime 2011 en avant-première !

Auteur

La
rédaction

Date

21.03.2013

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A quelques jours du coup d’envoi de la campagne des Primeurs 2012, Millésima accueillait, hier dans ses prestigieux chais, une dégustation du millésime 2011 en crus classés et crus bourgeois. L’occasion de revenir sur ce millésime avant sa prochaine mise en vente…

A Bordeaux, tout le monde a beau avoir les yeux rivés vers la campagne des Primeurs qui se tiendra dans trois semaines et révèlera au monde entier le « nouveau né » de 2012 (encore en cours d’élevage), on n’en oublie pas pour autant son aîné d’un an, le millésime 2011. Ce dernier, qui doit être mis en bouteille aux beaux jours et commercialisé à la rentrée, a déjà beaucoup fait parler de lui : « 2011, le millésime qui n’a pas de chance », écrivait Nicolas de Rouyn en préambule de notre cahier dégustation Spécial Primeurs (« Terre de Vins » n°17, mai-juin 2012). Dénigré avant l’heure (y compris par Robert Parker, auteur d’un tweet assassin, mais qui s’est ravisé depuis), coupable de ne pas être aussi exceptionnel que ses deux illustres prédécesseurs 2009 et 2010, 2011 s’annonçait dans son jeune âge comme « un millésime bordelais que l’on peut qualifier de classique », dans la lignée de 2001 ou 2008.

« Ne vous trompez pas cette année »

Qu’en est-il, un an après ? La réponse était dans les verres, hier matin dans les chais de Millésima, où se déroulait une dégustation exceptionnelle réunissant les plus belles étiquettes des deux rives de Bordeaux. Négociants, propriétaires, directeurs, communiquants, journalistes, blogueurs étaient réunis pour comparer leurs impressions. Parmi eux, quelques figures du vignoble, comme Stephan von Neipperg (Canon La Gaffelière), Stephen Carrier (Fieuzal), Alfred Tesseron (Pontet-Canet), Marie-Louise Schÿler (Axa Millésimes) ou encore Florence Decoster, encore sous l’émotion du tweet élogieux de Robert Parker à propos de Fleur Cardinale…

Il y avait aussi, bien sûr, Patrick Bernard, PDG et fondateur de Millésima, qui a annoncé son intention de de refuser les allocations de Château Latour 1995 et Forts de Latour 2005. Ce dernier a pris la parole, en fin de dégustation, devant les personnalités présentes, soulignant qu’aux yeux du public ce millésime 2011 avait « un goût de trop cher » et exhortant ses interlocuteurs à revenir à des prix plus raisonnables sur le 2012, dans la veine du 2008 : « ne vous trompez pas cette année ! »

Dégustation

Voilà pour le décor. Et pour le vin, qu’en est-il ? Beaucoup de vins dégustés ont confirmé l’impression donnée lors des Primeurs l’année dernière. Voici ce que « Terre de Vins » avait écrit sur quelques-uns des vins qui se sont distingués hier…

Pessac Léognan rouge
– Château Haut-Bailly (18/20) : style et équilibre exemplaires, tanin racé, il rappelle le magnifique 2008.
– Château Malartic-Lagravière (17, 5-18/20) : arômes floraux d’une netteté et d’une franchise exemplaires, texture riche et serrée, terroir magnifiquement mis en valeur, grand vin de garde.
– Domaine de Chevalier (17-17, 5/20) : vin d’une très belle fraîcheur aromatique et d’un équilibre digne de sa réputation.

Margaux
– Château Giscours (18/20) :
une des grandes réussites de l’année, avec une robe bleu noir étonnante pour Margaux, un arôme floral d’une pureté saisissante et des tanins au soyeux tout aussi étonnant, indiquant une maturité idéale du raisin. Bravo !
– Château Palmer (18/20) : tout petit rendement (20 hl/ha) avec tout ce qui va avec, texture tendue et serrée, mais pas asséchante, plus de droiture que de volupté, assez impressionnant dans son assise et sa persistance.

Saint-Julien
– Château Léoville Poyferré (18-18, 5/20) :
un des vins les plus impressionnants du millésime en Médoc, grande couleur, grande texture, tanin ferme mais mûr, magnifique persistance. Ici l’achat en primeurs aura vraiment du sens.

Pauillac
– Château Pichon-Longueville Baron (18-18, 5/20) :
forte proportion de cabernet-sauvignon (plus de 80%), peut-être la plus forte de son histoire récente, ce qui renforce encore l’unité de présentation d’un vin complet pour l’année, noblement marqué par le cèdre et capable de rivaliser avec les Premiers. Son tanin puissant, encore un peu rigoureux, mettra du temps à s’harmoniser. Excellent second vin (Les Tourelles).
– Château Pontet-Canet (18-18, 5/20) : impressionnante noblesse de texture, d’une suavité dans les sensations tactiles cette année inégalée à Pauillac. Grands arômes de cèdre, tanin très ferme et présent, grand avenir. Encore un des meilleur vin de tout le Médoc et un sujet de réflexion pour ses pairs.

Saint-Estèphe
– Château Cos d’Estournel (18-18, 5/20) :
tout petit rendement mais grande réussite : vin complet, coloré, d’une texture ample et harmonieuse, finale complexe, presque mentholée, admirable pureté dans sa prise de bois.

Saint-Emilion Grand Cru
– Château Canon La Gaffelière (17-17, 5/20) :
volumineux avec une dimension aromatique plus florale que fruitée, tanins fins, onctuosité et longueur savoureuses.
– Château Troplong-Mondot (17-17, 5/20) : robe profonde, aromes généreux de liqueur de fruits noirs, bouche puissante, un peu entêtante, démontrant une ambition certaine. L’ensemble ne manque évidemment ni de potentiel, ni de promesses.
– Château Fleur Cardinale (16-17/20) : nez de toast et de fruits noirs, gras, généreux et harmonieux, beau vin au volume charnu et charmeur, à l’allonge certaine. Elégant, gourmand et non dénué de race.

Pomerol
– Château La Conseillante (17-18/20) :
82% merlot, 18% cabernet franc et 80% de bois neuf. Onctueux et velouté, très fruité et floral avec une acidité allègre qui sous-tend en permanence le vin et lui apporte un grand dynamisme de constitution. Notes d’amandes fraîches en finale.

M.D.