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[Bordeaux Tasting] Champagne Cattier : zoom sur les premiers crus du nord de la Montagne

Auteur

Yves
Tesson

Date

11.12.2021

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Alors que la Maison Cattier, installée à Chigny-les-Roses, participe aujourd’hui à l’événement Bordeaux Tasting, nous sommes allés rencontrer Alexandre Cattier, son président, pour en savoir davantage sur les cuvées mises en avant et les actualités de la marque. L’occasion de mieux comprendre la typicité des premiers crus du nord de la Montagne.

Vous présentez à Bordeaux Tasting un blanc de blancs (41,90 €), qu’est-ce qui le caractérise ?

Son originalité est d’appartenir aux chardonnays de la montagne de Reims et plus spécialement la partie premiers crus, là où se concentrent nos terroirs : Rilly-la-Montagne, Chigny-les-Roses, Ludes. Ceux de la Côte des blancs sont plus droits et stricts, ils s’expriment davantage sur des arômes minéraux et d’agrumes. Les nôtres sont à l’opposé et « terroitent » un peu comme des meuniers. Ils sont sur la générosité, la rondeur, le fruit, une certaine largeur en bouche. Avec trois ans de vieillissement en cave, ils donnent un blanc de blancs très accessible, très agréable. Dans nos ventes, cette cuvée marche d’ailleurs très bien et arrive deuxième, juste derrière le brut premier cru. Nous sommes pourtant plutôt sur des terres de meunier ou de pinot noir. Nous commercialisons actuellement ce champagne sur la base de récolte 2017. Autant pour les noirs, l’année n’a pas été fantastique, autant les blancs étaient très beaux et font même aujourd’hui de magnifiques vins de garde. Nous en avons encore en cuverie, nous les redégustons régulièrement avec plaisir !

Quels accords préconisez-vous ?

Il a une certaine vivacité, de l’élégance, mais il n’est pas trop tendu ce qui en fait un apéritif très sympathique. En accord met-vin, de manière classique, il accompagne très bien des soles meunières avec un peu de beurre. Son côté gras lui permet de se mettre au diapason de certaines sauces. On l’associe parfois à un brie un peu fait dont l’onctuosité épouse la crémosité de la cuvée. Enfin, il s’accommode sans difficulté de desserts de fruits blancs.

Vous présentez aussi votre cuvée de prestige, le Clos du Moulin (120 €), un multi-millésime…

Les gens sont toujours surpris que ce ne soit pas un millésime contrairement à la plupart des cuvées de prestige. C’était la volonté de mon grand-père lorsqu’il a commencé la vinification séparée de cette parcelle acquise en 1950. Il voulait vraiment rester sur une tradition d’assemblage. Donc il a planté deux cépages, le chardonnay et le pinot noir, et pour garder la notion d’assemblage, il sélectionnait différentes bonnes années pour les accorder ensemble. Aujourd’hui, il s’agit d’une base 2012, avec 2008 et 2009 en millésimes de réserve. 2010 n’a pas été retenu, l’année était moyenne, surtout derrière tous les beaux millésimes qu’on avait eus précédemment. 2011 aussi a été une année horribilis… Fin juillet, on voyait déjà un peu de pourriture sur les feuilles et la première quinzaine d’août le temps était froid et pluvieux. On a récolté tôt avec des degrés et des acidités faibles.

Du point de vue aromatique, 2012 est assez intéressant. Chez nous, cette vendange ressort tout en épices, c’est aussi l’année de la cuvée millésimée que nous commercialisons actuellement (49,50 €). Dans le Clos du Moulin, on n’est pas aussi marqué que sur la cuvée millésimée mais cette caractéristique ressort quand même nettement en milieu et en fin de bouche, ce qui est assez atypique par rapport au style habituel de ce champagne. 2008 ramène un peu de fraîcheur, et 2009 est une année très harmonieuse. En général, le principe de l’assemblage de cette cuvée, c’est d’avoir 60 % de la base vendanges, 30 % de l’année précédente, et 10 % du dernier millésime, notamment pour ne pas avoir trop de notes évoluées. C’est un schéma que nous avons expérimenté sur plusieurs décennies. Avec ses 7 ans de vieillissement de cave, ce que le vin a perdu en nervosité, il l’a gagné en complexité, et celle-ci s’accorde à merveille avec un foie gras.

Pour faire un peu de teasing, vous devriez sortir l’année prochaine une cuvée 100 % meunier millésimée ?

Effectivement ! Si on regarde la carte de Champagne, entre la nationale qui va de Reims à Épernay et Mailly, le premier village Grand cru quand on prend la route de Louvois, il existe toute une zone premier cru où le meunier est très présent. Cela faisait longtemps que je voulais rendre hommage à ce terroir où il s’exprime si bien, avec une intensité de fruits, mais aussi peut-être davantage de structure que dans la vallée de la Marne. Nous avons lancé ce projet en 2016 et comme nous voulions être dans la précision, nous avons choisi de faire un millésime. La cuvée est encore sur la fraîcheur et d’une manière générale nous ne voulons pas la faire autant vieillir que les autres millésimes. On sait que le meunier peut basculer sur des arômes un peu passés. Pour nous, le vin sera à son apogée l’année prochaine.

On voit de plus en plus de maisons oser sortir des 100 % meunier, mais vous êtes peut-être la première à le millésimer…

Tout à fait ! Nous sommes une maison assez atypique, parce que nous avons un pied dans le négoce, et un autre dans le vignoble. Mon grand-père et mon père étaient récoltants-manipulants (vignerons). Au début des années 1990, mon père a basculé négociant pour des raisons administratives mais notre cœur reste au vignoble et nous continuons à travailler notre terroir que nous connaissons très bien.

www.cattier.com