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Champagne : le rendement d’appellation fixé en baisse à 9000 kilos

Auteur

Yves
Tesson

Date

23.07.2025

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C’est l’un des secrets de la réussite du champagne, chaque années le Syndicat général des vignerons et l’Union des Maisons de Champagne s’accordent en fonction de la situation du marché et des stocks sur le rendement qui aura le droit à l’appellation. Pour la troisième année consécutive, celui-ci est encore en recul à 9000 kilos, contre 10.000 en 2024, 11.400 en 2023 et 12.000 en 2022. On notera toutefois que les ventes de la Champagne sur le dernier semestre restent stables si on les compare au même semestre de l’année dernière.

Au niveau qualitatif, pour le moment, les vendanges en Champagne s’annoncent plutôt très bonnes. Jusqu’ici en effet aucun accident climatique n’a entraîné des développements importants de maladie. Le temps a été relativement sec et la pluie de ces derniers jours était même espérée par les vignerons.

Au niveau quantitatif, on s’attend pour le moment à un rendement agronomique qui se situerait autour de 11.000 kilos et des vendanges qui débuteraient le 25 août. Une charge modeste qui n’est cependant pas liée à de violents épisodes de gel ou de grêle, même si très localement cette dernière a pu frapper. Ce sont surtout les mauvaises conditions de la fleur en 2024 qui ont eu un impact sur le potentiel de récolte de l’année 2025. Ainsi, avant même le commencement de la campagne viticole, les vignerons savaient déjà que le rendement agronomique serait limité. Sur certains meuniers en particulier, il semble qu’il y ait un déficit important.

La nécessité de réduire le stock

Le choix de fixer le rendement d’appellation à 9000 kilos, encore en retrait par rapport à 2024, se justifie par l’abondance des stocks davantage que par une nouvelle chute des ventes.  Le stock de champagne en réserve se situe en effet autour de 4,8 années si on le compare aux ventes des années précédentes, soit à environ 1 milliard 285 millions de bouteilles. La décision de fixer le rendement à 9000 kilos est d’ailleurs assortie d’un engagement réciproque du négoce et du vignoble pour atteindre 4,2 années de stock dans les prochaines années.

Des ventes stables tirées par l'export

Les ventes de champagne depuis le début de l’année sont quant à elles plutôt stables, avec une baisse seulement de 1 % des expéditions. Elles sont tirées d’abord par l’export qui se trouve en progression, alors que le marché français est en baisse. Ce qui est paradoxal, c’est que les sorties caisse de la Grande distribution en France sont en hausse de 10 %. Il est difficile de savoir ce qu’il en sera pour le second semestre, mais certaines maisons s’attendent à une hausse des ventes non pas sur les cuvées premiums comme les années passées mais sur les entrées de gamme, les bruts sans année, d’autant qu’il est probable que les enseignes de Grande distribution fassent de gros efforts sur le champagne, avec des remises…  

Quant au contexte économique international, la profession s’inquiète bien sûr de la prochaine décision qui sera pris par Donald Trump sur les droits de douane. Le marché américain représente en effet 27 millions de bouteilles, soit 10 % des expéditions et 14 % du chiffre d’affaires. David Chatillon, président de l'Union des Maisons de Champagne, explique : « Sur cette année, cela n’aura cependant pas tant d’impact, parce qu’en général à partir de juillet, l’essentiel des expéditions des maisons et des vignerons vers les Etats-Unis sont faites. La croissance de l’export n’a par ailleurs pas été tirée seulement par les Etats-Unis ces derniers mois, mais aussi par d’autres pays comme le Royaume-Uni (+3,5 %), l'Allemagne (+7%), l'Espagne (+18%), le Canada (+23%), la Suède (+11%), Hong-Kong (+17%), Singapour (+18%), la Suisse (+21%), le Japon, l’Afrique du Sud..." Une bonne nouvelle car cela signifie aussi un meilleur équilibre entre les différents pays d'exportation et donc une moindre dépendance à l'égard du marché américain.

La filière mobilisée pour le bon déroulement logistique et humain des vendanges

La filière en attendant se mobilise pour réussir ces prochaines vendanges, en s’appuyant sur son plan « Ensemble pour les vendanges en Champagne » qui avait déjà été expérimenté l’année dernière, mais qui prend une nouvelle envergure cette année en étant appliqué cette fois à grande échelle. « Tout le monde doit s’emparer des outils créés par l’interprofession. On veut que les prestataires qui s’identifient sur VitiArgos soient encore plus nombreux, ils le sont déjà. Nous aurons aussi toujours nos réunions de veille chaque matin avec le préfet. Notre partenariat avec l’Université de Reims s’est amplifié pour permettre aux étudiants de manquer des cours et venir faire les vendanges. Nous avons aussi accru le dispositif d’accueil France Travail à la gare d’Epernay. Enfin, les formations aux gestes qui sauvent se sont poursuivies cette année et nous avons envoyé hier à l’ensemble des professionnels les guides des mesures à prendre en cas de forte chaleur et les consignes traduites en huit langues pour les vendangeurs eux-mêmes… »