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Château Brown, les yeux vers le ciel

Auteur

La
rédaction

Date

28.09.2012

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À la tête de deux châteaux en appellations Pessac-Léognan et Médoc, Jean-Christophe Mau espère que le soleil va venir donner un dernier coup de pouce, pour valoriser le millésime à venir.

Au Château Brown à Léognan (appellation Pessac-Léognan) aussi, le temps des vendanges du millésime 2012 est arrivé. Depuis une dizaine de jours déjà, des parcelles de cépages destinés au vin blanc (sauvignon notamment) sont récoltées. Directeur de la propriété familiale, Jean-Christophe Mau surveille le ciel avec une attention soutenue. Pour lui, la semaine qui s’achève constitue la croisée des chemins pour la récolte en rouge. « Pour les blancs, nous avons de très beaux sauvignons. Ce qui nous donne l’espoir d’obtenir un joli vin. Pour les rouges, le soleil fait encore besoin. Nous avons eu au cours des trois premières semaines de septembre une sorte de mois d’août. Mais il y a beaucoup d’alcool. Les peaux et les pépins ont encore besoin de mûrir. Si le soleil est au rendez-vous, nous pouvons obtenir un bon millésime. Si au contraire la météo est maussade comme elle l’a été depuis quelques jours, les choses seront plus compliquées. »

Sur les 30 hectares que compte la propriété, 78 % de la récolte est en moyenne destinée au grand vin (80 000 bouteilles en rouge, 20 000 bouteilles en blanc). « Mais cela varie selon les années. On a fait 60 % en 2007 et 86 % en 2009. » Le reste de la récolte est pour La Pommeraie de Brown, le second vin.

La qualité pour exister

Dans tous les cas, à Brown comme ailleurs, cette année n’aura pas été de tout repos. La conduite de la vigne a été rendue compliquée dès le printemps. Il a donc fallu suivre chaque parcelle des 30 hectares avec une attention soutenue. « Nous ne faisons pas partie des 16 grands crus classés de l’appellation Pessac-Léognan. Comme il s’agit d’une petite appellation, nous sommes forcément comparés. Pour exister, nous devons donc avoir une très grande exigence de qualité. Le prix de Brown n’a que quelques euros d’écart avec un vin comme Carbonnieux, par exemple. Si ce n’est pas justifié, je ne vends pas. »

Jean-Christophe Mau le sait d’autant mieux qu’il cumule des fonctions de directeur de propriétés (Brown, et Château Preuillac, dans le Médoc) et de négociant au sein du groupe Yvon Mau (du nom de son aïeul. Un groupe racheté en 2001 par la société catalane Freixenet). Ce qui lui permet d’avoir un œil averti sur la réalité du marché. « Beaucoup de monde fait du bon vin. C’est nécessaire et ce n’est pas suffisant. Il faut aussi développer la notoriété pour exister. »

Ce qui, pour Brown, passe d’abord par un travail sur le marché français. « Pessac-Léognan est une jeune appellation. Elle est parvenue à acquérir une bonne image en France, surtout en Aquitaine. À l’étranger, ce sont les graves qui sont connus. »

Lorsqu’il parle exportation avec sa casquette de négociant, Jean-Christophe Mau n’a pas forcément le regard tourné vers l’Empire du milieu. « Le marché chinois est aujourd’hui une réalité forte. Mais il faut délaisser les marchés traditionnels. Je pense que tout miser sur la Chine peut être dangereux. Nous ne sommes pas à l’abri d’un retournement. Les Chinois sont en train d’apprendre la réalité du vin, et ils apprennent vite. Je ne suis pas persuadé qu’on va continuer longtemps à leur vendre des vins au prix fort. En 2011 déjà, ils ont moins acheté en primeur. Maintenant, lorsqu’ils achètent, ils négocient beaucoup plus. »

Jean-Pierre Tamisier
Photo : F. Cottereau