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Disparition du Jurassien Lucien Aviet

Lucien Aviet (à droite) avec Yvon Mougin, Vincent (le fils de Lucien) et sa belle-fille (photo : Y Mongin)

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

31.05.2021

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Bacchus s’en est allé rejoindre les autres dieux de l’Olympe sans doute pour trinquer avec les anges. Lucien Aviet, surnommé Bacchus, le chantre du trousseau jurassien, s’est éteint vendredi dernier à l’aube de ses 84 ans.

Lucien Aviet, devenu une figure emblématique du vignoble jurassien, était né en 1937 à Montigny-lès-Arsures, près d’Arbois (39) dans une famille d’agriculteurs et s’était dirigé vers la viticulture. Passionné d’œnologie, il avait créé à la fin des années 60 La Confrérie de Bacchus, une association d’amoureux jurassiens, géologues et scientifiques de la faculté de Besançon. D’où son surnom qu’il donnera plus tard également à son domaine, Le Caveau de Bacchus. Il était également à l’initiative de la Fête du trousseau (à peine plus de 5 % du vignoble), qui avait lieu tous les deux ans en août dans son village natal, berceau historique du cépage et dont les vignes étaient autrefois entretenues par les moines de Cîteaux. Un événement viticole et gastronomique lancé à la fin des années 80, bien avant la naissance de la Percée du Vin jaune en 1997, et auquel participaient experts et scientifiques à travers des conférences, balades géologiques et dégustations.

Lucien Aviet n’avait qu’un petit domaine de 6 hectares à Montigny, constituées de vieilles vignes de plus de 30 ans, voire sexagénaires, toutes issues de sélections massales, avec un encépagement moitié rouges (trousseau, ploussard), moitié blancs (savagnin, melon à queue rouge – ancêtre du chardonnay) où il avait été rejoint au début des années 90 par son fils Vincent, 50 ans, aujourd’hui à la tête du domaine. Ils aimaient confronter leurs visions sur les macérations, parfois très longues, et sur les élevages des vins, en foudres pour les rouges, qu’ils voulaient avant tout « sincères », vinifiés en levures indigènes sans intrant hormis des sulfites a minima. Parmi leurs cuvées-phares travaillées dans une cave naturelle enterrée, celle des Géologues et celle des Docteurs, du nom des étudiants bisontins qui venaient chaque année à faire les vendanges. Sans compter les savagnins élevés sous voile. Bacchus a œuvré pendant plus d’un demi-siècle pour faire connaître et reconnaitre les cépages locaux, en particulier le trousseau et le savagnin.

Lucien Aviet, ancien combattant de la Guerre d’Algérie et ancien sapeur-pompier volontaire, était chevalier de l’ordre du Mérite agricole et connu dans la région pour son humanisme. « Un personnage truculent, véritable artisan vigneron dont la qualité des vins a largement contribué à la renommée du village de Montigny et du vignoble jurassien » souligne dans un communiqué la Société de viticulture du Jura dont il était depuis longtemps l’un des administrateurs. « Sa sagesse et sa bonhomie y étaient particulièrement appréciées et apportaient tout l’équilibre d’un bon millésime à notre assemblée. »
Ses obsèques seront célébrées mardi 1er juin à 14h30 en l’église de Montigny-lès-Arsures, et « selon la volonté de Lucien, pensez à apporter votre verre pour trinquer à la Vie », précise le faire-part. Nous en ferons autant en adressant toutes nos condoléances à sa famille.