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[ENTRETIEN] Jean-Jacques Bréban, nouveau président des Vins de Provence

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

06.09.2018

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Le négociant Jean-Jacques Bréban, PDG de la société éponyme de Brignoles (83), a succédé cet été au producteur Alain Baccino dans le cadre de l’alternance des représentants des deux familles (production et négoce) à la tête du Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence (CIVP) regroupant les trois AOC Côtes-de-Provence, Coteaux-Varois-en-Provence et Coteaux d’Aix-en-Provence. Il connait particulièrement l’interprofession pour l’avoir déjà présidée deux fois (entre 2006 et 2009, et entre 2012 et 2015). Entretien.

Quelles vont-être vos priorités pour ce nouveau mandat en tant que président de l’interprofession des Vins de Provence ?
Ma première priorité est de donner une véritable identité provençale au vignoble. Notre lien au terroir n’est pas assez reconnu. Le rosé type Provence, toutes les régions en font maintenant ; à nous d’assumer davantage notre terroir pour mieux faire comprendre nos spécificités avec l’aide du Centre du Rosé… et ce n’est pas qu’une question de couleur. Nous avons organisé récemment une dégustation d’une dizaine de rosés français avec un panel de consommateurs qui ont naturellement identifié ce qu’ils pensaient être un rosé de Provence. Quand on goûte les dénominations régionales comme Sainte-Victoire, Pierrefeu, La Londe ou Fréjus, on perçoit aussi des différences.

Vous voulez également mettre l’accent sur les démarches de développement durable ?

Toutes les démarches mais en particulier le bio. Même si la notion est encore assez mal connue des consommateurs dans le détail, ils y sont de plus en plus sensibles, et elle les rassure. Notre région est plutôt privilégiée dans ce domaine, hormis quelques années exceptionnelles comme 2018 qui a connu beaucoup d’attaques de mildiou. Mais il ne faut pas s’arrêter là et les producteurs qui travaillent bien dans leurs vignes s’en sont sorti. Le vignoble provençal a atteint aujourd’hui près de 30% des surfaces en bio. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter y compris pour de grands domaines. Il faut arriver à terme à 90%. Ce sera peut-être un peu plus compliqué pour les coopératives qui n’ont pas la maîtrise de la vigne et qui doivent convaincre leurs adhérents mais elles y travaillent déjà tout comme les négociants.

L’une de vos priorités est aussi de lutter contre la pression immobilière…

Il faut profiter de l’euphorie et du fait que le rosé de Provence se vend bien et qu’il n’y a pas de stocks pour faire de la prospective. D’abord en effet pour préserver le vignoble de la pression immobilière. Les surfaces en production sont stabilisées depuis une dizaine d’années autour de 20 000 hectares mais au-delà du renouvellement des vignes, il devient difficile d’augmenter la production pour répondre à la demande croissante. On constate aussi qu’il n’y a plus beaucoup de très grands domaines d’une centaine d’hectares et plus. Pour ne pas devenir un petit vignoble morcelé, nous avons lancé avec le précédent président du CIVP, Alain Baccino, une cellule de réflexion pour travailler sur le sujet avec l’ODG. Le premier vrai conseil d’administration avec plus de producteurs participants s’est tenu en juillet et aura lieu tous les deux mois pour permettre de débattre plus nombreux autour de la table et essayer de trouver des solutions.

L’organisation du service économique a été revu avec l’arrivée du nouveau délégué général Brice Eymard. Pour quelles raisons ?
Pour bénéficier de davantage d’études de marchés, pour mieux connaitre nos consommateurs, gérer l’export qui s’emballe notamment aux Etats-Unis, essayer de savoir si le consommateur va décrocher si le rosé de Provence dépasse les 5€ en grandes surfaces… A l’international, nous allons continuer à miser sur le marché américain particulièrement porteur, mais en faisant surtout de l’image et en créant de la notoriété, et nous réfléchissons à recruter quelqu’un en Asie pour mieux suivre sur le terrain les différents marchés et aller plus loin. Ces outils économiques devraient nous aider à voir plus clair.

Envisagez-vous pour financer ces nouveaux outils d’augmenter la CVO (Cotisation Volontaire Obligatoire) ?
Je vais tâcher d’expliquer, à l’heure où tout va bien, l’intérêt d’augmenter la CVO des Côtes-de-Provence d’au moins 5% comme l’ont fait les Coteaux d’Aix et les Coteaux Varois, pour se donner les moyens de faire fonctionner ces nouveaux outils. C’est toujours un sujet délicat mais c’est indispensable même si les volumes attendus de la récolte 2018 devraient permettre de bénéficier d’un budget plus important.