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Hostens-Picant, en leur nom propre

Auteur

La
rédaction

Date

23.04.2013

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En 25 ans de travail, Nadine et Yves Picant ont fait du Château Hostens-Picant une marque. Mieux : ils se sont fait rebaptiser.

« Comment fait-on pour s’entendre ? » Cela fait déjà vingt-cinq ans que ces deux visages, indissociables du château Hostens-Picant, sont à la tête de cette propriété. On les croise partout, à Vinexpo Hong Kong, à Paris, à Prowein en Allemagne, à Bordeaux Tasting… Ils marquent le terrain et ne lâchent rien. Ce qu’ils ont construit, ils ne le doivent qu’à eux-mêmes. Nadine et Yves Picant, rebaptisés Nadine et Yves Hostens-Picant depuis la validation par le Conseil d’État, en 2010, qui les a autorisés à modifier leur patronyme (Hostens était le nom de la grand-mère d’Yves Picant), ne font qu’un avec leur château.

Tout a commencé en 1987, lorsqu’ils ont décidé par hasard – eux qui visaient d’abord la Provence – d’acheter 19 hectares en appellation Sainte-Foy. Nadine, fille d’un industriel polytechnicien, travaillait à l’époque à la banque Rothschild à Paris. Yves dirigeait, lui, une filiale de Sanofi et passait ses semaines entre Paris et les États-Unis. « Je voulais acheter à Saint-Tropez, se souvient-il, et je suis tombé par hasard sur une annonce… »

Les Hostens-Picant dirigent aujourd’hui une propriété de 42 hectares et produisent un vin qui fleurit sur les plus belles tables de France. On trouve le Château Hostens-Picant chez Fauchon comme au restaurant de l’Élysée. « La plus-value, c’est aussi l’élitisme dans la commercialisation », insiste Nadine Hostens-Picant, qui se rend chaque semaine à Paris pour présenter sa production : Château Hostens-Picant, un assemblage majoritairement merlot à 20 euros la bouteille, vinifié par Stéphane Derenoncourt ; la Cuvée des Demoiselles, un assemblage sauvignon-sémillon à 21 euros, magnifique avec du homard ; ou encore Lucullus, la cuvée d’exception d’Hostens-Picant, que vous obtiendrez pour un peu plus de 30 euros.

Atypiques mais respectés

Dans une appellation située à la lisière de la Dordogne qui ne parle pas plus aux Chinois qu’un hameau de la Creuse, Nadine l’avoue : « Quand je regarde dans le rétroviseur, j’en tremble. Arriver aujourd’hui en vendant un Sainte-Foy serait impossible. » C’est en effet un Hostens-Picant qu’ils commercialisent avant tout aujourd’hui. Leur régisseur, Éric Fréchou, le reconnaît : « Nous avons assisté au démarrage d’une exploitation qui partait de rien, où l’on aurait pu construire… un beau terrain de golf. Moi qui suis un enfant de la région, je sais que nous sommes regardés comme atypiques. Cela crée parfois des jalousies, mais il y a du respect. »

Le vin qui s’écoulait autrefois intégralement vers la coopérative remplit de talent 260 000 bouteilles, dont 75 % se vendent à l’export. Chine, Japon, Taïwan, Cambodge… Yves n’a pas réduit son temps passé dans les avions. À 70 et 58 ans, Yves et Nadine Hostens-Picant savent qu’à moyen terme une autre question se posera : celle de la transmission. Parents de trois enfants, Charlotte, Valentine et Édouard, dont aucun ne se destine aux métiers de la vigne et du vin, eux qui n’étaient « héritiers de personne » ont voulu « créer des racines ».

Assis devant les millésimes qui défilent sur une table pleine de gourmandise, Yves l’avoue : « Vendre serait un crève-cœur. » Avoir offert leur nom à un château qui en retour leur a offert le sien ne génère qu’une envie : prolonger l’aventure.

Rodolphe Wartel