Mercredi 29 Octobre 2025
Rémi Ségui, directeur de La Cave X Galeries Lafayette. ©F. Hermine (photo de gauche)
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29.10.2025
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La maison de négoce bordelaise de la famille Moueix orchestre désormais une stratégie omnicanale, hors Bordeaux, à destination des particuliers, mêlant expériences in situ, agilité logistique et force du digital. Concrètement, le Bar de la Cave au Lafayette Gourmet complète depuis deux ans l’offre de la Cave. En parallèle, l’Entrepôt des Grands Vins de Malakoff et le site Chateaunet élargissent la capacité de distribution. L’entreprise aligne ainsi sélections, conseils et formats de vente, pour capter des clientèles distinctes tout en valorisant son stock historique.
Duclot a placé le bar très haut avec l'ouverture en septembre 2022 d'un comptoir à vins au style industriel élégant, situé au 1ᵉʳ étage des Galeries Lafayette Le Gourmet, boulevard Haussmann à Paris. Il prolonge la présence de Duclot aux Galeries Lafayette, avec une offre de restauration pour accompagner les vins. Le partenariat avait été engagé dès 2010 et s'était matérialisé en 2014 par une cave ouverte de 500 m² avec plus de 3 500 références. La stratégie commerciale s’appuie sur la force d’achat du négociant, qui acquiert en primeurs pour plus de la moitié des vins bordelais, et en direct dans les châteaux et domaines.
D'où une offre très large de grands crus et la disponibilité de millésimes prêts à boire « Nous proposons encore des 2017, 2018 et même des 2005, 2015 ou 2016 dans les grands crus classés », précise le directeur Rémi Ségui. « Le panier moyen avoisine les 60-70 € pour 3 à 4 bouteilles. Mais nous avons augmenté également nos achats en livrable, les châteaux préférant de plus en plus nous réalimenter au fur et à mesure. Et il nous arrive aussi de racheter des stocks de négociants. Une partie des primeurs est vendue tout de suite, le reste mis en stock. »
L’entreprise gère des volumes impressionnants : plus de 4 millions de bouteilles stockées à Bordeaux (principalement dans deux gros entrepôts en périphérie) et environ 500 000 bouteilles hors Bordeaux. Cette réserve permet de proposer des allocations rares, de maintenir des profondeurs de millésimes et de « piloter les mises en vente pour "moyenniser" les prix tout en veillant aux rotations, car nous n'avons pas vocation à porter trop de stocks face aux contraintes financières et aux aléas de la demande » nuance le directeur.

« L'image des Galeries Lafayette a souvent été pénalisée par le préjugé que tout y est plus cher qu'ailleurs. Nous avons donc travaillé particulièrement sur la diversité de l'offre et des prix » reconnaît Rémi Ségui. Les ventes restent axées sur les bordeaux, qui en représentent 40 %, les champagnes pour 20 %, et les spiritueux à 20 %.
« On ne constate pas chez nous de déconsommation de rouges ni de forte poussée des blancs, juste une curiosité accrue pour des rouges légers comme ceux de Loire et d'Alsace ou pour les syrahs du Rhône nord, et même pour des vins de France signés par de grands vignerons. On remarque un ralentissement du marché du champagne ; les clients achètent désormais une caisse de 3 au lieu de 6, mais les maisons qui ont peu augmenté leur prix ont moins perdu de volumes. Des références, comme le blanc de blancs de Ruinart, restent incontournables. L'étiquette est rassurante, surtout pour un cadeau. Ruinart est d'ailleurs la bouteille la plus offerte toute l'année. L'été, les ventes de rosés demeurent étroitement liées à la météo. D'où un beau succès en 2025. Mais sur cette couleur, il faut surtout proposer des vins en dessous de 15 €. Au-dessus, la renommée est indispensable, comme pour Miraval, Whispering Angel ou Minuty. Quant aux Bourgognes, en atteignant des paliers de prix, ils poussent certains consommateurs vers d’autres terroirs comme les chenins de Loire. Mais au global, les grands amateurs de vin sont toujours présents. »
L'offre est essentiellement made in France avec quelques stars étrangères comme Klein Constantia ou les Barolos italiens, demandés pour leur forte notoriété. La livraison gratuite à partir de 50 € est un atout supplémentaire pour la clientèle parisienne.
Le virage digital conduit par Paloma Imbert a pour objectif de transformer l’assortiment et l’expérience client en ligne tout en étoffant le catalogue avec tous les vignobles, à tous les prix, formats et millésimes : « Nous sommes arrivés à 5 000 références – il y en avait moins de 1 500 il y a un an. L’offre élargie alimente le trafic ». Chateaunet revendique 45 % de ventes sur Bordeaux, mais mise aussi sur de nouvelles mécaniques commerciales : ventes privées, promotions courtes (8–10 jours), et la reprise d’une Foire aux Vins 100 % digitale après six ans d’absence. Celle-ci a été pensée « avec une sélection resserrée, pensée exclusivement pour notre site internet, en adéquation avec les goûts de nos clients, afin d’offrir une expérience complète et personnalisée ».
Chateaunet affiche des paniers moyens de 10-12 bouteilles. Le site a mis en place un service différencié pour les gros clients avec un accompagnement plus personnalisé grâce à une personne dédiée capable d’accéder à des références non listées en ligne. La problématique des spiritueux reste en chantier : moins de stock et de rotations rendent la différenciation plus difficile. En parallèle, la marketplace web sert de vitrine aux primeurs et aux grands formats, des segments où l’expertise Duclot trouve un levier de valorisation.
La sélection de fin d'année de Duclot mise sur des millésimes prêts à boire dans des grands classiques comme pour des vins de découvertes à partir de 21 € pour un pouilly-fuissé floral du domaine Saumaize, mais également un très aromatique bordeaux blanc Le Cygne du château Fonréaud à 26,50 € ou le rouge vibrant en IGP Alpilles du Domaine Hauvette à 31,50 €.
À ne pas manquer également, de magnifiques millésimes comme le château Beauregard 2010 en Pomerol (85 €), le 2007 du 1er cru classé de Sauternes Château Rieussec (85 €) et à Malakoff, le 2019 des Hauts de Smith en Pessac-Léognan (33 €) et le 2009 du 1er cru classé de Barsac Château Coutet (79 €). Sans oublier le champagne blanc de blancs Agrapart en extra-brut (69 €).

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