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Lafite : l’engouement ralentit ?

Auteur

La
rédaction

Date

11.01.2012

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Après avoir battu tous les records depuis deux ans, le prix du Château Lafite-Rothschild, comme des autres Premiers Grands Crus Classés de Bordeaux, semble ralentir sa folle escalade sur le marché des enchères. Coup de frein ou coup d’arrêt ?

En octobre 2011, une vente aux enchères organisée à Hong-Kong par Sotheby’s voyait une caisse de Château Lafite-Rothschild 1982 atteindre le prix record de 1, 03 millions $HK (132 700 $US). Quelques semaines plus tard, une autre caisse du même millésime était vendue par Christie’s pour 720 000 $HK. Ces deux ventes coup sur coup formaient en quelque sorte le point culminant d’une escalade entamée il y a quelques années déjà, faisant de Lafite-Rothschild la figure de proue de l’engouement démesuré de la Chine pour les grands vins de Bordeaux. Certes, Lafite n’est pas le seul bénéficiaire de ce fol engouement : tous les Grands Crus Classés, et de manière générale tous les vins de Bordeaux, ont connu ces derniers mois une incroyable percée sur le marché chinois, entraînant une flambée des prix inédite. Mais Lafite demeure le symbole – excessif – de ce nouvel essor des vins français en Chine.

Encore un record

Depuis ces ventes record de la fin d’année dernière, l’engouement a sensiblement ralenti. Une caisse de Lafite 1982 s’est « seulement » vendue 36 000 $US à Londres (Sotheby’s) en décembre, tandis que les prix de ventes aux enchères du millésime 1982 ont globalement baissé de 50%. D’autres millésimes, comme le 2008, ont vu leur prix de vente aux enchères baisser de 40%. Indéniablement, la crise aidant, la folie du Lafite semble connaître un coup de frein. Mais ce phénomène n’est pas propre à Lafite : en 2011, les ventes de vins cumulées des cinq plus grandes maisons d’enchères internationales n’ont progressé « que » de 14%, contre… 75% en 2010 ! Ce qui n’a pas empêché Acker Merrall & Condit, Christie’s, Sotheby’s, Zachys et Hart Davis Hart Wine Co de réaliser le chiffre record de 405 millions $US de ventes l’année dernière.

Concurrence bourguignonne

Si les grandes maisons de ventes aux enchères se portent bien, ces tendances de l’année 2011 semblent indiquer que le marché du vin est en train de se réajuster. Les grands acheteurs chinois, qui ont fait gonfler la bulle (bordelaise, surtout) depuis deux ans, semblent se tourner plus volontiers vers d’autres Crus Classés (seconds, troisièmes, super cinquièmes…) et désormais vers la Bourgogne : en décembre dernier, deux ventes consécutives du millésime 1990 du Domaine de la Romanée-Conti réalisées par Sotheby’s et Christie’s à Londres ont dépassé les 300 000 $US. En novembre, Christie’s récoltait plus de 7 millions $US lors de la vente aux enchères des Hospices de Beaune… Si Bordeaux – et Lafite – continuent d’être des valeurs sûres sur le marché internationale, en particulier asiatique, de nouveaux concurrents viennent bousculer la donne. En 2012, tout est ouvert.