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Nos trois coups de cœur champagne à Wine Paris

Auteur

Yves
Tesson

Date

06.03.2022

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Le seul défaut de Wine Paris ? La profusion, avec près de 2800 exposants, on ne sait parfois plus où donner de la tête… Après cet événement, Terre de vins prend du recul et vous propose une sélection de trois nouveautés « coups de cœur » à retenir parmi les centaines de champagnes présentés.

Brut millésimé 2012 d’Alfred Gratien : le vin sur mesure d’une maison d’artisans

Grâce au tirage sur liège, qui sur les longues gardes reste la meilleure protection contre l’oxydation, le vin a su conserver la fraîcheur de ce millésime éclatant. Certes, le temps a apporté une maturité déjà prononcée, avec des notes toastées mais sans aller jusqu’au champignon. De la complexité donc, mais pas de lourdeur ! La finesse du travail de vinification sous bois n’y est pas pour rien. La Maison sait se servir de cet outil comme d’un support sans jamais le laisser remplacer le vin. Le secret ? Des élevages sur lie en fût prolongés dont l’effet réductif absorbe les arômes de planche. Dépouillé de tout artifice, le vin, ample sur l’attaque, frappe par son intensité tout en conservant une bulle crémeuse. Quant à la finale acidulée, elle reste sur le bout de la langue et donne envie d’y retourner. « Ce que j’aime, c’est la combinaison entre la rondeur que peut apporter le liège, mariée à la fraîcheur d’une vinification sans malolactique » confie le chef de caves. (60 % Chardonnay 25 % Pinot noir 25 % meunier 63€)

Alpha 2012 : l’alpha, mais aussi l’oméga…

Une sortie que l’on attendait avec impatience, car les millésimes de ce champagne ne sont pas légion (2005, 2006, 2010, 2012). En dégustant, on ne peut s’empêcher de penser que cette cuvée « Alpha », pour reprendre une citation biblique, est aussi l’Oméga, tant sa longueur en bouche semble nous entraîner vers l’infini. Le vin garde aussi une certaine discipline : alors que sur ce millésime beaucoup de champagnes explosent d’arômes et partent dans toutes les directions, on reste sur quelque chose de serein. « Cette cuvée s’exprime comme une belle personne, elle est apaisée, elle a cette forme de rayonnement naturel qui n’appartient qu’à ceux qui n’ont rien à prouver parce qu’ils ont déjà vécu » explique l’œnologue Joëlle Weiss. Plus concrètement ? Un champagne soyeux, parfait équilibre entre chardonnay et pinot noir (52/48). Le premier s’exprime sur des arômes gourmands d’abricot, mais on a choisi des crus plutôt face Nord (Verzy, Verzenay…) pour limiter sa puissance et lui permettre de mettre d’abord en avant le chardonnay. Ce dernier reste en effet l’icône de la marque. Issu des grands crus de la Côte des blancs (Avize, Chouilly, Cramant, Oger…), il apporte une fraîcheur d’agrumes confits et une minéralité, balancées par les petites notes évoluées de chaume qui signent la patine d’un long élevage sur lie. (95€)

Drappier Les Riceys rosé brut nature : voyage en pays inconnu

On connaît chez Drappier le blanc de noirs brut nature. Grâce à l’absence de dosage, ce pinot noir charnu conserve une fin de bouche très minérale rendant le cépage plus digeste. On connaît aussi le Brut nature rosé, dont la saignée se contente de renforcer ce contraste en donnant au vin plus de concentration. Le marquage du fruit, bien qu’accentué, reste encore limité, dans un style plus pomelo que fruits rouges. Avec la nouvelle cuvée « Les Riceys rosé brut nature », on largue cette fois complètement les amarres pour aborder des rivages inconnus et inattendus. La maison a en effet cherché beaucoup plus d’extraction et un caractère plus vineux, afin de mettre en valeur tout le potentiel du vignoble des Riceys, un terroir plein sud. Imaginez une robe qui tire sur le rubis, des notes de café frais, de griotte confite, et, en guise de structure, l’amertume de la rafle liée à une macération « en grappe entière ». Celle-ci vient rafraîchir un ensemble dont les arômes pourraient sinon paraître trop chaleureux. Il ne s’agit plus tout à fait d’un champagne, c’est déjà presqu’un grand rouge de Bourgogne (toute proche !) que l’on a envie de déguster sur un gibier agrémenté d’airelles. La complexité apportée par les 20 % d’une réserve perpétuelle de rosé débutée en 2003 le permet largement. (43€)