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Pour plus de diversité dans le monde du vin

L-R Amrita Singh, Eduardo Bolanos and Sachindri Rana Taylor's

Auteur

Claire
Hohweyer

Date

25.10.2023

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Du nom du meilleur sommelier du monde 2010, décédé en 2019, la Fondation Gérard Basset créée par son épouse Nina, son fils Romané et un ami proche, Lewis Chester, œuvre depuis 2021 pour l’inclusivité dans l’univers du vin et permet de financer le parcours de passionnés dans le monde entier. Comme Eduardo Bolaños, Amrita Singh et le docteur Sachindri Rana, que nous avons rencontrés.

Originaire du Guatemala, Eduardo Bolaños est un sommelier américain vivant en Californie qui travaille dans la restauration depuis près de 20 ans. Son mentor dans le vin était sommelier. Il lui a ouvert les portes de sa cave à vins. Un véritable trésor d’apprentissage. « Chaque jour, il me proposait de rapporter une bouteille à la maison et de lui dire le lendemain ce que j’en avais pensé. D’où le vin venait-il ? Quel goût avait-il ? Comment était-il élaboré ? C’est comme ça que je suis tombé amoureux du vin. » Il intègre ensuite le Court of Masters Sommeliers. Achever ce parcours est d’autant plus symbolique pour Eduardo Bolaños qu’il lui permet de casser des préjugés sur ses origines. « En Californie et dans la majorité des Etats-Unis, les Latinos sont considérés comme des personnes qui aident à cueillir le raisin, qui font la vaisselle dans la cuisine ou travaillent dans les restaurants. En tant que sommelier, on n’est pas perçu de la même manière. » Lui qui propose déjà des dégustations de vin accessibles et gratuites veut « continuer à enseigner, à proposer ces dégustations dans des zones où le vin n’est pas vraiment accessible ». Une envie de transmettre chevillée au cœur.

Promouvoir d’autres parcours professionnels en Inde
Comme pour Amrita Singh, originaire d’Inde, et vit à Bordeaux depuis 2018. Après avoir géré des entreprises dans l’industrie de la mode pendant 18 ans en Inde, elle a décidé de se tourner vers le vin, une boisson qui « l’intriguait ». « En Inde, on boit plus de whisky ». « J’ai goûté mon premier vin en 2004. J’ai alors commencé à m’y intéresser beaucoup plus. » Titulaire du Master of science Wine & spirits management à la Kedge school, du diplôme WSET en Vins, et coach agréée à Catch business school, elle fonde sa propre entreprise de conseils de marketing, d’éducation et d’expérience de luxe autour du vin. « La bourse arrive au bon moment, parce que j’étais à un point mort. Je ne savais pas comment progresser, et pas seulement pour une question de financement, mais d’exposition, de réseau. » Après avoir obtenu différentes bourses (Italian wine scholar, Taylor sport), elle se réjouit d'intégrer la communauté de la fondation Gérard Basset. « Nina et Romanée nous permettent d’entrer en contact avec les bonnes personnes. » « Grâce à la fondation, je suis capable de dire ce que je veux. C’est une énorme opportunité d’inspirer des gens dans mon pays. Les femmes en particulier. » Son rêve serait de devenir le prochain Master of wine d’Inde, un pays de 1,38 milliards d’habitants, où le marché du vin connaît « une croissance spectaculaire ». Amrita Singh souhaite développer l’éducation au vin et à la consommation responsable, mais aussi inciter les autres femmes à se lancer dans l’aventure viticole.

Ce discours résonne particulièrement chez une autre boursière, le docteur Sachindri Rana, également originaire d’Inde. « Je souhaite devenir Master of wine car il est très important, pour moi, en devenant une experte, d’avoir une voix que les gens peuvent entendre et écouter. C’est une façon d’affirmer mes compétences avant de commencer à agir pour l’inclusion et l’équité. » Actuellement responsable d’un programme de recherche viticole basé à Marlborough, en Nouvelle-Zélande, la jeune femme, très émue, raconte avoir été victime de discrimination à son arrivée dans le pays, « qui n’a pas de représentation de la communauté indienne ». « Quand j’ai commencé ma carrière, j’étais vendeuse. Je m’intéressais au vin, donc j’ai suivi des dégustations. Une fois, on m’a interrogée avant de me servir du vin. Ce n’était pas du tout respectueux. J’avais payé la dégustation, on devait me servir ce verre. » Déterminée à poursuivre son parcours dans l’univers du vin, elle souhaite créer une plateforme ouverte à toutes les communautés. Reconnaissante des défis qu’elle a eus à relever, elle souhaite devenir « une championne de l’inclusion et de l’équité » dans l’univers du vin.