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Pourquoi les vendanges à Cognac seront délicates

Scène de vendanges dans le Cognaçais. La récolte de l’ugni blanc est imminente dans les deux Charentes. Elle sera généreuse, avec un rendement probable de 145 hectolitres de vin à distiller par hectare, supérieur aux besoins ponctuels du négoce. ©Serge Detalle pour le BNIC

Auteur

Olivier
Sarazin

Date

05.09.2023

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La récolte 2023 s’annonce « très abondante ». Mais avec le marché américain à la peine, le négoce a des besoins à la baisse. Les viticulteurs sont invités à reconstituer leur réserve climatique.

Pas de gel, pas de grêle et peu de mildiou. Environ 62 000 belles et grosses grappes à l’hectare, d’un poids unitaire moyen de 367 grammes la semaine dernière. Les vendanges au pays du cognac s’annoncent « exceptionnelles », a-t-on appris ce lundi 4 septembre 2023, lors de la réunion de rentrée du syndicat UGVC à Châteaubernard (Charente).

La récolte de l’ugni blanc (le principal cépage des vins à distiller) débutera le 11 septembre, avec une petite semaine d’avance. Elle sera « homogène et très abondante », avec un rendement agronomique parmi les plus hauts des dix dernières années. Il devrait atteindre 145 hectolitres par hectare en moyenne.

Un rendement maximal de seulement 10,5 hl AP/ha
En d’autres temps, ces prévisions auraient enthousiasmé les 4 300 viticulteurs, 260 maisons de négoce et 120 distillateurs professionnels des deux Charentes. Las ! L’affaire est plus délicate. Dans un contexte économique incertain, avec des expéditions en chute libre en Amérique du Nord, le négoce a revu ses besoins à la baisse : seulement 894 518 hectolitres d’alcool pur (hl AP) contre 984 331 l’an passé (soit environ moins 9 %).

Aussi, le comité permanent du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) a décidé de refermer un peu le robinet de la production. Le rendement commercialisable maximal est fixé à 10,5 hl AP par hectare (hl AP/ha), contre 14,73 lors de la récolte 2022. Or, cette année, la nature pourrait donner 14,2.

« Cela doit permettre de reconstituer un stock de réserve climatique adapté aux besoins de la filière. Il s’agit là du principal enjeu de la campagne qui démarre », fait savoir le BNIC dans un communiqué diffusé lundi soir. « Faisons de cette situation inédite une opportunité », a ajouté Anthony Brun, le président de l’UGVC.

Que faire des éventuels excédents ?
A ce jour, la réserve climatique est basse au pays du cognac : seuls 89 809 hl AP dorment sous inox. Ces eaux-de-vie encore blanches, non soumises au vieillissement, peuvent être « libérées » et transférées en fût de chêne lors d’aléas climatiques. La réserve climatique se constitue après avoir atteint le rendement commercialisable annuel maximal, dans la limite du rendement administratif butoir (16 hl AP/ha).

Çà et là, dans les six crus et les 83 000 hectares du vignoble du cognac, ce rendement butoir pourrait être dépassé. Une partie de la production devra alors être détruite. Le BNIC met en garde ses adhérents : « Une fois la réserve climatique constituée, le fléchage d’excédents éventuels vers d’autres débouchés devra être géré avec la plus grande rigueur, dans le respect de la réglementation et des grands équilibres de nos filières ». Il est précisé que « l’interprofession et son organisme de défense et de gestion (ODG) seront très vigilants ». Le BNIC souligne que « l’administration a déjà annoncé qu’elle serait particulièrement mobilisée ».

Enfin, il a été indiqué lundi que la demande de nouveaux droits de plantations serait cette année « réduite ». Elle devrait être formulée fin septembre ou début octobre.