Samedi 14 Décembre 2024
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26.04.2010
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Roberto Cavalli, précurseur du bling bling à l’italienne, est connu pour ses créations qui assument couleurs vives, imprimés panthère, strass et décolletés généreux. Dans la continuité d’un univers cher aux oiseaux de nuit, il a investi le secteur des spiritueux avec une vodka il y a quelques années. Son fils Tommaso, éleveur de trotteurs, s’est lancé quant à lui dans la production de vin à la Tenuta degli Dei, dans le Chianti, entre Florence et Sienne.
« Encore un héritier qui se mêle de faire du vin ! », pourriez-vous être tenté(e) de vous insurger… Quand je vous apprendrai que Tommaso Cavalli fait en Toscane, terre d’élection du sangiovese, un vin d’assemblage de cépages bordelais (incontournables merlot et cabernet sauvignon, mais aussi cabernet franc et petit verdot) et d’alicante, vous lui en voudrez déjà d’avoir cédé aux caprices de la mode… des cépages internationaux. Quand je vous révèlerai qu’en outre, il s’est adjoint les services d’un des oenologues volants les plus en vue de la botte, Carlo Ferrini, vous serez tenté de faire la moue : la qualité du vin ne s’achète pas…
Quand on lui expose les a priori que son engagement pour le vin suscite, Tommaso Cavalli sourit : « Je sais qu’on m’attend au tournant… Nous cherchons la bonne distance à maintenir entre les créations de mon père et mon travail sur le vin à la Tenuta degli Dei. Mon vin est en vente chez des cavistes, pas dans les boutiques Cavalli ! »
Sa première passion, l’élevage de trotteurs, pourrait-elle l’inciter à faire des vins en forme de bêtes à concours (la question l’amuse) ?… Et pourquoi mélanger l’alicante et les cépages bordelais ? » Et pourquoi pas ? (rires) Je suis aujourd’hui très satisfait de notre encépagement, j’aime jouer avec les différents cépages, qui ont tous leur personnalité. Nous adaptons les assemblages aux millésimes, à l’évolution des vignes et des vignobles. Toute notre conduite de la vigne et de la vinification repose sur la recherche d’un réel équilibre : je ne veux pas faire un vin qui soit une caricature bodybuildée : on me le pardonnerait encore moins qu’à un autre et ce n’est pas le vin dont j’ai envie ! »
Peut-on le croire sur parole ou jugera-t-on sur pièce ? Nous avons pris la deuxième option et goûté les millésimes 2005, 2006 et 2007. Les assemblages varient donc, mais sont dominés par le merlot et le cabernet sauvignon (au moins 30 % chacun), talonnés par le petit verdot (20-25 % selon les millésimes) complétés par le cabernet franc (+/- 10 %) et l’alicante (+/- 5 %). Le style est international, certes, mais sans caricature caramélisée, sans la lourdeur qui écoeure dans les vins trop faits ; le fruit est mûr sans sucrosité intempestive. Le 2005 est déjà un peu asséchant en finale, sur une structure un peu lâche (« Les vignes étaient encore bien jeunes », reconnaît Tommaso Cavalli) ; le 2006, marqué par le bois, est un peu fermé au nez; le 2007 a ma préférence, avec un boisé bien fondu et un fruit explosif, une vraie puissance en bouche équilibrée par une belle acidité. Une histoire à suivre !
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