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[Vendanges Bordeaux] Liquoreux : 2017, un millésime en or

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

26.10.2017

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Si ce millésime n’a pas échappé au gel, il s’annonce qualitativement de l’étoffe des grands. Témoignages au château Rabaud-Promis (Sauternes) et au château Dauphiné-Rondillon (Loupiac).

A Sauternes et à Loupiac, comme dans de nombreuses appellations du vignoble bordelais, 2017 aura fait des frayeurs aux vignerons jusqu’à la dernière minute. Après les gelées du printemps dernier, la botrytisation, condition sine qua non de la réussite de grands liquoreux, s’est fait attendre. Si la quantité n’est pas nécessairement au rendez-vous cette année, la qualité est elle bien là, avec des vins au profil des grandes millésimes, alliant dans un juste équilibre concentration et fraîcheur.

« Jusqu’au 15 septembre, j’étais dans un état d’esprit semi-dépressif, confie Thomas Déjean, du château Rabaud-Promis (1er cru de Sauternes). La botrytisation avait du mal à s’installer, ça n’était pas très encourageant. » Quelques pluies plus tard, des températures clémentes le week-end des 23 et 24 septembre, et le botrytis fait son apparition, se développant à vitesse grand V. A tel point qu’au château Rabaud-Promis, pour suivre le rythme, il a fallu embaucher des vendangeurs supplémentaires. « On a commencé les vendanges le lundi 25 septembre avec les sémillons, et enchaîné les deux tries. Là où normalement une trentaine de coupeurs suffisent, il en a fallu 60 cette année, pour suivre la botrytisation rapide. »

Même son de cloche du côté du château Dauphiné-Rondillon (Loupiac) où les vendanges ont été bien plus précoces et condensées qu’à l’accoutumée. « Le botrytis est arrivé la semaine du 11 septembre, puis s’est développé sur l’ensemble des parcelles. La concentration de la vendange s’est faite sur le week-end des 22-23-24 septembre, et on a débuté les vendanges le lundi 25, jusqu’au 9 octobre. C’est rare que l’on finisse de récolter aussi tôt, généralement c’est plutôt début novembre  » constate Jean-Christophe Darriet.

2017, le magnifique

Rappelant 2011 et 2013, « deux millésimes superbes en liquoreux, avec de fortes concentrations » pour Thomas Déjean, plutôt 2007 et 2011 pour Jean-Christophe Darriet, ce millésime a en tous cas les atouts d’une année qui fera date. « Tous les jus ont de belles concentrations, avec des degrés en sucre assez élevés, mais aussi des acidités et des pH maintenus, dans un bel équilibre  » détaille Thomas Déjean. Et Jean-Christophe Darriet de compléter le portrait de ce 2017, millésime à « la belle fraîcheur, la bonne sucrosité, et au bon retour aromatique, avec ce côté fruit confit que l’on apprécie tant. »

Seul point noir de ce 2017, la quantité, qui, comme bien souvent à Bordeaux cette année, fait défaut, suite aux gelées survenues fin avril-début mai. Ce 2017 sera en liquoreux un millésime très « sémillon », les sauvignons ayant été les plus impactés par le gel. Le château Dauphiné-Rondillon ne fait pas partie des propriétés les plus touchées, seuls 20% des 20 hectares de la propriété de Loupiac (à l’encépagement 80% sémillon, 20% sauvignon) ayant été touchés, dont 30-40% sur les sauvignons. Au château Rabaud-Promis, l’addition est plus salée. 75 % du vignoble de 33 hectares a été gelé, les sauvignons (20% de l’encépagement) quasi-intégralement aanéantis. La propriété ne sortira en 2017 qu’environ 13 000 bouteilles en premier cru, contre 35 000 une année « standard ». Mais Thomas Déjean n’en perd pas pour autant son optimisme, promettant des « vins sur les agrumes, les fruits exotiques et toujours avec cette belle fraîcheur », notamment grâce aux « vieux sémillons de la propriété, qui sont de véritables bombes aromatiques ! » Rendez-vous aux primeurs pour les premières dégustations de ce millésime 2017 !