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15.11.2017
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Les origines de la viticulture remontent à plus de huit mille ans, soit près de dix siècles plus tôt qu’estimé auparavant, ont révélé des résidus retrouvés dans des poteries néolithiques mises au jour en Géorgie, dans le sud du Caucase.
Les plus anciens indices chimiques de la production de vin dataient jusqu’alors de 5.400 à 5.000 ans avant l’ère chrétienne dans les montagnes de Zagros en Iran, ont précisé les scientifiques, dont la découverte est publiée lundi dans les Comptes-rendus de l’académie américaine des sciences (PNAS).
Leurs fouilles se sont concentrées sur deux sites riches en poteries du début du néolithique datant de 8.100 à 6.600 ans, Gadachrili Gora et Shulaveris Gora, situés à une cinquantaine de kilomètres de Tbilissi.
L’analyse de résidus retrouvés dans huit jarres vieilles de plusieurs millénaires a révélé la présence d’acide tartrique, signature chimique du raisin et du vin. Trois autres acides – malique, succinique et citrique, liés à la viticulture – ont également été détectés.
« Cela suggère que la Géorgie est sans doute au cœur du berceau de la domestication de la vigne et de la viticulture », a résumé auprès de l’AFP Patrice This, directeur de recherche à l’Institut national français de recherche agronomique (INRA).
Les vignes eurasiennes, qui produisent aujourd’hui 99,9% du vin dans le monde, sont originaires du Caucase, a-t-il précisé.
Plus de 10.000 variétés
« Nous pensons être en présence de vestiges de la plus ancienne domestication de vignes sauvages en Eurasie dans le seul but de produire du vin », a expliqué Stephen Batiuk, du Centre d’archéologie de l’université de Toronto.
« La version domestiquée du raisin pour la production de vin de table compte aujourd’hui plus de 10.000 variétés dans le monde », a-t-il précisé, dont plus de 500 pour la seule Géorgie.
Selon les scientifiques, cela laisse penser que les vignes ont fait l’objet de nombreux croisements pour créer différents cépages depuis très longtemps dans cette région d’Eurasie.
La combinaison des données archéologiques, chimiques, botaniques, climatiques et de datation montre que la variété de vigne Vitis vinifera était abondante autour des deux sites d’excavation en Géorgie.
Au néolithique, le climat y était assez proche de celui des régions viticoles d’aujourd’hui en Italie et dans le sud de la France.
La plupart des cépages classiques appartiennent à cette espèce comme le cabernet sauvignon, le chardonnay, le syrah, le merlot, la grenache, le mourvèdre ou le riesling.
Ingéniosité humaine
« Notre étude suggère que la viticulture était le principal élément du mode de vie néolithique, qui a vu la naissance de l’agriculture, à se répandre dans le Caucase » et au-delà vers le sud en Irak, en Syrie et en Turquie, a pointé le professeur Batiuk.
« La poterie, idéale pour fabriquer, servir et conserver des boissons fermentées, a été inventée à cette période avec aussi de nombreuses avancées dans la technologie, la cuisine et l’art », a-t-il précisé. Ces chercheurs expliquent que dans ces anciennes sociétés, boire et offrir du vin faisait partie de quasiment tous les aspects de la vie.
« Le vin comme une médecine, un lubrifiant social, une substance altérant l’esprit ou encore comme une denrée de grande valeur, est devenu une composante incontournable des cultes religieux, de la pharmacopée, de la cuisine, de l’économie et de la vie sociale à travers tout le Moyen-Orient », a expliqué M. Batiuk.
Selon lui, la viticulture au néolithique est un exemple parfait d’ingéniosité humaine pour développer l’horticulture et inventer des usages de ses produits dérivés.
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