Accueil Champagne et cathédrale de Reims : une histoire d’amour qui dure

Champagne et cathédrale de Reims : une histoire d’amour qui dure

Illustrations : Comité Champagne, Les Amis de la Cathédrale

Auteur

Joëlle
W. Boisson

Date

23.01.2016

Partager

Grâce à la filière champagne, la restauration des statues entourant la grande rose de la cathédrale de Reims est en cours. Le point final d’une mobilisation sans faille pour réparer les outrages de la Première Guerre mondiale.

Monument-symbole de la ville de Reims, la cathédrale est aussi intimement liée, depuis toujours, à la production du champagne. Ce sont bien les revenus viticoles du clergé et les dons de fidèles-parmi lesquels de nombreux vignerons – qui ont permis de financer le chantier de construction de la cathédrale au 13e et 14e siècle. C’est bien aussi le couronnement des rois de France dans cette cathédrale qui a donné au champagne ses lettres de noblesse.

Ce joyau de l’art gothique a pourtant failli disparaître, victime de bombardements incessants pendant le premier conflit mondial et de plusieurs incendies, notamment celui du 19 septembre 1914 où une bombe incendiaire avait mis la cathédrale en flammes, provoquant l’ébullition du plomb de la toiture qui avait alors coulé par les gargouilles, et l’effondrement de la charpente sur la nef, les transepts, le chœur. L’incendie avait aussi fortement dégradé la pierre du parvis, brûlée et éclatée, détruisant une bonne partie du statuaire.

Pourtant, la « cathédrale martyre » comme elle fut surnommée s’est relevée, au prix de restaurations d’une ampleur inédite. Rares sont les édifices religieux à avoir réussi à mobiliser au plan international autant de mécènes. Parmi les innombrables financiers, la filière viticole a toujours répondu présent. « Le champagne doit beaucoup, historiquement, à la cathédrale de Reims et les champenois, vignerons et maisons, ont décidé de le lui rendre sur la durée », explique Thibaut Le Mailloux, directeur de la communication du Comité Champagne.

Mécénat viticole

Dès la fin de la seconde guerre mondiale, la filière champagne (maisons, vignerons, courtiers, industries connexes comme les bouchonniers, etc.) ont lancé une souscription publique pour reconstruire une partie des 3500 m2 de vitraux détruits pendant la guerre. Elle a abouti en 1954 à la création d’un immense « vitrail du champagne », qui mêle des éléments religieux et des scènes techniques, expliquant étape par étape l’élaboration du champagne. En 1988, la profession viticole a financé la remise en fonctionnement de l’horloge astronomique et du carillon. En 1992, elle a participé à la restauration des voussures du portail dont les pierres menaçaient de s’effondrer, et en 1994 à la restauration des lustres.

David et Goliath

Depuis 2013, une dernière tranche de travaux est en cours pour restaurer l’étage de la grande rose : le vitrail monumental, mais aussi la statuaire qui l’entoure, si dégradée qu’on ne reconnaît même plus les scènes de David et Goliath. C’est sur ce dernier volet que la filière champagne a apporté son soutien, permettant le bouclage du budget global (4, 5 millions d’euros).

Depuis deux ans, les statues monumentales du tympan – David, Goliath, des brebis, arbres et arbustes – sont donc déposées puis moulées et re-sculptées par des spécialistes. Puis, une à une, les statues restaurées réinvestissent la façade, comme cette gigantesque statue du Goliath Sud (5, 40 m de haut), amenée par grue jusque dans l’échafaudage sous l’œil médusé des Rémois. La fin des travaux est prévue pour l’automne 2016. Ce sera bel et bien une victoire de David sur le Goliath du temps et de la folie des Hommes.