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Clairette de Bellegarde, l’autre Rhône

Auteur

Jean-Michel
Brouard

Date

28.05.2019

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Quasiment inconnue du grand public, cette minuscule appellation rhodanienne joue la carte de la différenciation avec notamment un unique cépage qui donne de très beaux résultats : la clairette.

Bien que l’appellation Clairette de Bellegarde existe depuis 1949, peu de gens ont eu la chance d’en goûter. Et l’on comprend pourquoi au vu de sa taille. Seuls 8 hectares sont aujourd’hui en production autour de la commune de Bellegarde située entre Nîmes et Arles, aux portes de la Camargue. Bon an mal an, ce ne sont guère plus de 25 000 bouteilles qui sont produites par 5 acteurs, 4 vignerons et une cave coopérative. Le blanc est donc ici la seule couleur ayant droit de cité. Et l’ensemble des cuvées proposées présente un bon niveau qualitatif, associant puissance aromatique et fraîcheur. Jeunes, les vins sont souvent très agréables comme en témoigne la cuvée « La terre natale » 2018 du Mas Carlot issue de vieilles vignes de 70 ans. Son nez est explosif de fruits blancs. La bouche s’avère dense, ample et envahit tout le palais tout en gardant de la droiture. Un vin très long qui pourra aisément vieillir.

Apte à la garde

Sylvain Boutée, du Clos des Boutes, rappelle en effet que la clairette atteint véritablement son apogée au bout de 3 à 4 ans et qu’il faut généralement la consommer dans les 7 à 8 ans. La dégustation lui donne raison puisque sa cuvée « Cap au nord » 2017 (13€) est bien citronnée et dotée d’un bel équilibre. Mais elle gagne en harmonie avec quelques années de vieillissement supplémentaire. Le 2014 offre une réelle fraîcheur ainsi que des pointes iodées très appréciables. Mais c’est surtout le 2012 qui charme avec ses légères notes d’évolution et son côté résineux portées par une droiture admirable. Terre des chardons est un autre domaine dont les clairettes offrent un excellent rapport prix-plaisir. Le 2014 (10€) est tout en délicatesse, tout comme le 2013 qui le surpasse toutefois en termes de complexité aromatique. Et si vous êtes patient, vous devriez être agréablement surpris par l’évolution que prend la clairette après une dizaine d’années. Sa robe se teinte et devient plus dorée, des notes miellées font alors leur apparition. A ce titre, « La terre natale » du Mas Carlot 2009 est un parfait exemple. Son ampleur et son gras se combinent à de très beaux amers qui étirent le vin. A découvrir lors d’un prochain séjour dans la région.