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[Vendanges Bordeaux] Blancs secs 2017 : petite quantité, grande qualité

Auteur

Laura
Bernaulte

Date

30.09.2017

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Le millésime aura éprouvé les nerfs des vignerons bordelais jusqu’aux dernières minutes mais promet, malgré des rendements bas, un très beau millésime. Explications avec l’œnologue Marie-Laurence Porte.

« Pour les blancs, ce millésime 2017, on l’aurait commandé qu’on n’aurait pas fait mieux !, se réjouit Marie-Laurence Porte, œnologue au laboratoire Enosens de Cadillac-Podensac-Léognan. On est vraiment bien trois, quatre, cinq rangs au-dessus de l’an dernier. 2017 fera partie des grands millésimes blancs, comme 2013 ou 2015. » Après les épisodes de gel, grêle, sécheresse, si la quantité n’y est indéniablement pas, la qualité est, elle, est bien au rendez-vous, et ce, globalement sur l’ensemble des appellations productrices de blancs.

Après une année à rebondissements au plan climatique, « les raisins ont finalement été ramassés à 90% dans de bonnes conditions. Il faisait encore beau, il n’y avait pas de pourriture » constate l’œnologue. C’est le terroir de Pessac-Léognan qui a ouvert le bal des vendanges (dès les 18-19 août avec les sauvignons, puis les sémillons jusqu’à la fin août), suivi des Graves (environ du 23 au 26 août), et des bordeaux jusqu’à la première semaine de septembre. Les propriétés touchées par le gel qui « ont eu des grappes de seconde génération, ont quant à elles attendu la semaine du 11 septembre. Généralement, les contre-bourgeons ont bien mûri, pour des baies qui avaient pourtant quinze jours à trois semaines de retard à la base.  »

« Des super blancs »

Ce que Marie-Laurence Porte a dégusté dans les cuves emporte son enthousiasme. « Ces 2017 vont être des super blancs, très expressifs, aromatiques, équilibrés, avec une beau potentiel de garde. Ils ont tout. » En ce millésime compliqué, la nature a finalement bien fait les choses sur le plan qualitatif. « Cette concentration aromatique, est, je pense, due à l’été qu’on a eu, idéal pour faire des vins blancs. Des nuits assez fraîches et des bons écarts de températures jour-nuit ont favorisé la synthèse des précurseurs aromatiques, d’où ces choses très expressives et complètes, qui restent très longtemps en bouche. Il y a une jolie acidité, une belle fraîcheur, avec des degrés d’alcool classiques, en moyenne entre 12 et 13° » détaille l’œnologue.

Les sauvignons sont à leur apogée en ce millésime 2017, avec « une gamme aromatique impressionnante, du buis au fruit exotique, bref toute la palette aromatique dans les mêmes moûts. » Loin de démériter, les sémillons « sont aussi très beaux. Ils ont été ramassés à parfaite maturité. Ils apportent l’optimum au niveau du charnu, de la texture en bouche, et enrichissent la complexité aromatique avec des notes d’abricot frais, de pêche, de brugnon, de poire, toute la palette des fruits blancs. » La muscadelle, quant à elle,  » n’est pas réussie partout. Le clone a fait la muscadelle. Ceux avec des petits grains ont donné un côté muscaté et litchi très intéressant. Ceux avec des gros grains sont plus moyens. »

Rendements bas

Si l’œnologue est dithyrambique sur la qualité de ce 2017, il est indéniable que la quantité n’est en revanche pas là. « Globalement, sur toutes les appellations, les rendements sont très en-dessous d’une année classique, de l’ordre de 15 à 20 hL/ha, contre 45-50 hL/ha une année standard. Et ce, pour plusieurs raisons. « Même si visuellement ça ne se voyait pas, la vigne souffert de stress hydrique. En creusant à moins de 50 cm, le sol est encore sec malgré toute la pluie qui est tombée. Les raisins n’ont pas trop gonflé, les pellicules se sont épaissies et la pulpe n’a pas libéré beaucoup de jus. » ce sont les sauvignons qui ont été les plus impactés par la gelée. « Ils étaient déjà trop avancés dans le cycle, donc souvent, tout a gelé, les bourgeons et les contre-bourgeons, et il n’y a pas eu de nouvelle sortie au niveau des contre-bourgeons » constate l’œnologue. Pour compenser, fort heureusement, « il y a eu une bonne ressortie de grappes sur les contre-bourgeons des sémillons. » Conséquence : « on a parfois plus de sémillons que de sauvignons. Mais les sauvignons sont tellement expressifs que dans l’assemblage, on ne verra pas la différence par rapport à d’habitude. »

Rendez-vous donc en 2018 pour découvrir la version embouteillée de ce millésime bordelais blanc 2017.