Mini-verticale : “L’Instant H” par Hugues Laborde Vigneron

Au gré de leurs déplacements dans le vignoble, nos journalistes sont amenés à déguster plusieurs millésimes d'une propriété sous forme de "mini-verticales". Ils partagent avec nos lecteurs leurs notes et commentaires. Cette semaine, rendez-vous au château Haut-Meyreau, dans l'Entre-deux-Mers, où le vigneron Hugues Laborde signe sa cuvée "L'Instant H", un bordeaux à suivre !

Hugues Laborde, on vous en a déjà parlé. Ce talentueux Gersois a pris en 2017 la tête des Vignobles Invindia, entité regroupant les différents vignobles de Jean-Pierre Derouet, fondateur de la chaîne de cavistes V&B, avec son associé Emmanuel Bouvet. Rapidement et de fil en aiguille, Hugues Laborde fait des étincelles, s'imposant comme l'un des nouveaux visages incontournables d'un vignoble bordelais en quête de sang neuf et de vins décomplexés, si bien qu'Invindia évolue récemment sous la bannière "Hugues Laborde Vigneron". Avec son équipe, Hugues gère près de 25 références permanentes, dont deux "chevaux de Troie" comme il se plaît à les décrire : "Les Fleurs du Mal", un blanc issu de sauvignon blanc et gris ; et "L'Instant H" (H comme Hugues), un bordeaux rouge en 100% cabernet franc issu de parcelles de calcaire à astéries du château Haut-Meyreau, dans l'Entre-deux-Mers. Créée en 2018, cette cuvée a d'abord été élevée en barriques avant d'évoluer vers la cuve et le foudre. S'affinant au gré des millésimes, produit à plus de 20 000 cols, cet "Instant H" veut prouver qu'un "simple bordeaux" peut à la fois apporter du plaisir et du fond, toucher les cavistes comme la restauration, et rester à prix doux pour le consommateur (environ 16-17 € TTC). Dégustation.

2024 (primeurs - dégusté deux fois)
Nez ajusté, fuselé, légère touche végétale et variétale sur la baie rouge croquante et le noyau, note réglissée. En bouche, de la droiture, un jus élancé, bien rempli, taillé de façon longiligne mais sans creux, il arbore même un peu de densité, de la jutosité, des tanins qui ont juste ce qu’il faut de grip pour imprimer du caractère au vin, jusqu’à la finale finement mentholée. Classique et moderne à la fois, résolument digeste.
89-91/100

2023
Cuve inox, élevage fini. Mis en bouteille printemps 2025, sera mis sur marché en 2026.
Nez agréablement concentré, velouté, d'une jolie densité. Jus droit, traçant, bonne étoffe en bouche, équilibre entre mâche et crémeux, porté par un joli grain tannique bien fondu dans la matière juteuse. On discerne des amers nobles, une sanguinité en finale qui apporte de la relance, de la salivation, un agréable twist acidulé et poivré, très digeste. Belle persistance sur le fruité frais et salivant.
92/100

2022
Élevage foudre. Nez plongeant, maturité abondante, ample, étendue, il y a du monde ! La bouche est nette, tonique, très étoffée, elle envoie du watt. On retrouve une matière bien tapissante en bouche, de la richesse, une très belle intégration des tannins qui impriment la chair avec précision, injectent de l’électricité à la texture : c’est vraiment un cab' franc très signé, juteux, alerte, plein et gourmand, tout en déclinant une indéniable complexité. On a envie d'en boire, et on a aussi un beau potentiel de garde.
93/100


2021
Élevage barrique usagée. Encore en tiré-bouché, attend son heure pour être mis en marché. Nez encore un peu restreint à ce stade, pas démesurément expressif au premier abord. Jolie fraîcheur sur le fruit rouge, entre réglisse et eucalyptus. La bouche est assez droite, un peu stricte, on a une matière bien affutée, tendue, un peu préemptée par des tanins fermes et un élevage qui "serre" un peu et demande à se fondre. Au nez, une touche variétale affleure, sur la feuille de tomate et la branche de ronce. Mais on discerne aussi un joli parfum floral. Il doit encore s’assagir, dompter ses tanins et apaiser sa finale serrée, mais il a un joli potentiel, et une promesse de buvabilité.
91/100

2019
100% cuve béton. Précis, plein d'éclat, il s'affirme sur la verticalité, un profil jaillissant du verre, très avenant, sur un fruit bien centré et séduisant. Il déploie un profil aromatique en finesse, sur le bourgeon de cassis et la mûre sauvage. On serait dans la Loire, on ne serait pas surpris : c’est mûr et frais, très élancé, élégant. La bouche est souple, enrobée, marquée par des tanins fondus, intégrés, une jolie silhouette tapissante, digeste, rassérénante, gourmande en finale. C’est un très joli canon !
92/100

À suivre également : les millésimes 2018 et 2020, qui nous ont semblé en retrait le jour de la dégustation.
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