Vignobles en Scène : une première (pré)historique

Le week-end « Vignobles en Scène ! » a eu un succès fou. Le nouveau rendez-vous de l’œnotourisme a offert des dizaines de manifestations sur tout le territoire. Dans le sud Ardèche, l’une d’elles restera gravée dans la pierre. Imaginez, un banquet à la grotte Chauvet 2, avec un menu chasseur-cueilleur préparé par deux chefs étoilés et un MOF sommellerie pour sublimer les vins du département. 

Qui a eu cette idée folle ?

Pour Ludovic Walbaum, vigneron à Vallon-Pont-d’Arc, président du Comité Vin Auvergne-Rhône Alpes, référent œnotourisme à la Fédération Nationale Vignobles et Découverte et à l’association 2000 vins d’Ardèche, c’était une évidence. La grotte Chauvet 2, il la voit de son domaine. Pour fêter les 10 ans de sa création et s’intégrer à la thématique des banquets insolites, il a trouvé les bons arguments auprès du département, de la région Auvergne et des différents acteurs. Et puis, jamais aucun repas n’avait été organisé dans cet espace.  

La chapelle Sixtine de l’art pariétal

La comparaison est de Ludovic Walbaum, qui en plus de son entregent, a le sens de la formule. La réplique de 3 500 m² a tout de la grande, à l’échelle 1. Située à 3 km de la vraie, découverte en 1994 et classée patrimoine immatériel de l’UNESCO, qui renferme plus de 4 000 ossements, des griffades d’ours, des traces de foyers, de doigts et ces fameuses peintures rupestres âgées de 36 000 ans. La duplication bluffante, dont les décors sculptés sur place ou fabriqués en Dordogne et à Toulouse, accueille 450 000 visiteurs du monde entier chaque année.

Spéléo-œnologue

Richard Roque, de l’Auberge de Montfleury et Guido Niño Torres de Likoké ont élaboré un menu aussi brillant que leurs étoiles respectives. Inspiré par le lieu et l’époque des chasseurs-cueilleurs, premier mode de subsistance de nos ancêtres du Paléolithique, ils ont exploité les ressources du territoire et du terroir. Comme Gaétan Bouvier, sommelier Meilleur Ouvrier de France, qui a sélectionné les vins du département. Une immersion dans les strates géologiques et les microclimats des Côtes du Rhône, Côtes du Rhône Villages Saint-Andéol, IGP Ardèche et Côtes du Vivarais, des producteurs, négociants, coopératives et de l’union des Vignerons Ardéchois. 

Précédent Suivant

Le menu donne les crocs, mangeons !

On hésite tant l’apparence est trompeuse, à croquer dans ce rocher. La bouchée apéritive, faite de fromage de chèvre, carotte et curcuma, véritable trompe-l'œil, est servie glacée et mêlée à de vraies pierres. Les dents saisissent une saveur délicate qui se fige pour mieux l’apprécier. Sarrasin torréfié et rutabaga s’unissent en tartelette, les champignons au coulis de myrtilles, avec la cuvée Grand Aven blanc des Vignerons Ardéchois le combo est parfait.

On plonge ensuite dans un bouillon de truite fumée aux herbes sauvages. Le thym ensoleille les légumes de saison et les céréales soufflées donnent du mordant. La pièce maîtresse est faite d’un cuisseau mitonné en daube et d’une épaule de cervidé. Cuisson lente pour l’un et minute pour l’autre, avec un jus réduit au vin, bain idéal pour les lamelles de châtaigne crue, l’échalote et la pomme écrasée. Le nez sauvage du chatus de la cave de Lablachère s’adoucit à leur contact. Le Picodon s'épanouit avec le 100 % viognier Grès du Trias. En dessert, la poire à la liqueur s’insère dans un sorbet infusé au bois de cade, ce dernier faisant également office de coupelle. Des saveurs déroutantes pour une expérience unique. 

L’année prochaine, les bistrots de pays seront à l’honneur. Le rendez-vous est pris !