Accueil Retrouver le chemin de l’emploi… dans la vigne

Retrouver le chemin de l’emploi… dans la vigne

Auteur

Idelette
Fritsch

Date

21.04.2017

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A 31 ans, Pauline Chatin s’apprête à créer la première exploitation viticole sociale d’insertion, à Fabrègues en Languedoc. Une première en France pour cette initiative jusque-lors cantonnée aux ESAT… qui profitera dès décembre 2017 à de futurs ouvriers viticoles.

« Il ne faut pas proposer du travail de merde à des gens qui sont dans la merde », aime dire Pauline Chatin en citant Jean-Guy Henckel, le fondateur des Jardins de Cocagne. Inspirée par le succès de ce réseau national de réinsertion par le maraîchage fondé il y a vingt-cinq ans et qui dispose aujourd’hui de 106 jardins d’insertion dans l’hexagone, cette jeune diplômée en BTS viticulture-œnologie crée le tout premier vignoble solidaire de France. Avec un objectif, solidaire lui aussi : redonner confiance aux personnes les plus éloignées de l’emploi à travers l’apprentissage d’un beau métier – celui du travail de la vigne – et un bon produit, le vin.

« C’est un vrai vecteur de fierté, de pouvoir dire : cette bouteille, j’ai contribué à la produire, confie Pauline Chatin. A mon avis, ça peut changer quelque chose dans le parcours d’une personne ». Créée le 16 février, son association La Vigne de Cocagne prendra dans quelques mois le statut d’entreprise d’insertion conventionnée par la direction du travail (la Direccte Occitanie). « Nous allons proposer un apprentissage du métier d’ouvrier viticole aux personnes les plus éloignées de l’emploi, bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA), prioritairement des jeunes de moins de 26 ans ayant peu ou pas travaillé, avec peu ou pas de qualifications », détaille la jeune entrepreneuse.

Ouvrier viticole : au top 10 des métiers les plus recherchés

Jusqu’ici cantonnée aux Établissements et services d’aide par le travail (ESAT), l’initiative de Pauline Chatin pourrait rapidement faire ses preuves en Languedoc, compte tenu des difficultés de recrutement que rencontrent les exploitants viticoles. Ainsi, selon l’enquête annuelle des Besoins en Main d’Œuvre (BOM) de Pôle Emploi, publiée en 2017, l’activité d’ouvrier viticole figure au top 10 des métiers les plus recherchés en France. « Dans l’Hérault, les difficultés de recrutement concernent 40 % des postes d’ouvriers viticoles non-saisonniers, alors que le taux de chômage atteint 15% », précise Pauline Chatin.

Les premiers bénéficiaires de ce dispositif seront recrutés à l’automne par Pôle Emploi et les prescripteurs sociaux (missions locales, centres d’actions sociaux, etc.). Le projet de Pauline Chatin débutera le 1er décembre 2017 avec l’accueil des trois premiers salariés en insertion, sur sept hectares de vignes du domaine de Mirabeau. En conversion bio, cette propriété depuis 2014 de la municipalité de Fabrègues dans l’Hérault devrait produire d’ici 2019, deux vins rouge et rosé en IGP Collines de la Mour.

Un parcours d’insertion sur deux ans

Apprentissage de la taille, travaux en vert, travail du sol, vendanges manuelles, travaux de cave, jusqu’à la commercialisation des vins au caveau. Complet, le parcours d’insertion sur deux ans aboutira à une formation diplômante, via l’obtention d’un certificat de qualification professionnelle Ouvrier d’exploitation viticole… Pauline Chatin y tenait absolument. « Ces personnes au passé professionnel chaotique ont rarement eu un parcours long, insiste-t-elle. L’objectif, c’est de former de bons ouvriers viticoles en leur offrant une formation la plus polyvalente possible, leur garantissant un retour à l’emploi. »

Pauline Chatin recevra, le 26 avril, un accessit d’une valeur de 5000 €, lors de la remise des prix du concours Vignerons et Terroirs d’Avenir, créé par Advini, Montpellier SupAgro et SupAgro Fondation.