Accueil Abbaye du Barroux : la part de Dieu, la part des hommes

Auteur

Yves
Tesson

Date

03.06.2021

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Au Barroux, une communauté de Bénédictins s’est investie avec passion pour soutenir les vignerons de la région du Mont Ventoux à travers le projet de vinification en commun Via Caritatis. Durement éprouvés par la Covid, les moines et les vignerons lancent une campagne de communication pour continuer à faire vivre cette aventure.

L’abbaye du Barroux lance une grande campagne d’appel à la solidarité pour continuer à faire vivre son projet lancé en 2015 « Via Caritatis » mis en difficulté par la crise. « Nous sommes distribués sur le réseau traditionnel, et notamment la restauration. La Covid nous a privé d’importants débouchés. Le but est de vendre 15.000 bouteilles d’ici le lundi 7 juin via notre boutique en ligne » confie Gabriel Teissier, directeur du développement.

Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire, en 1970, le Père Gérard s’installe en ermitage à la chapelle de Bédoin dans le Vaucluse. D’autres frères le rejoignent bientôt. Les moines se sentent vite à l’étroit dans l’ancien prieuré et décident de construire une nouvelle abbaye sur la commune du Barroux entre le Ventoux et les dentelles de Montmirail, dans un style roman provençal : « On croirait que la bâtisse a mille ans ! » Suivant la règle bénédictine, ils partagent leurs journées entre 8 heures de prière et 6 heures de travail qu’ils consacrent à la viticulture sur un domaine historique : les premières vignes ont été plantées par le Pape Clément en 1309 !

Le vignoble garde un profil sud-rhodanien avec des cépages comme le Grenache, la Syrah, le Marselan, le Carignan, la Roussanne, la Clairette… Mais comme on est sur la partie montagneuse du Ventoux, entre 350 et 600 mètres d’altitude, les vins ont davantage de fraîcheur et d’élégance. L’envers, ce sont les contraintes liées au relief. Les Bénédictins ont dû reconstruire les murs en pierres sèches des terrasses. La difficulté ne leur fait cependant pas peur. Ils préfèrent par exemple replanter en haute densité pour que les racines descendent plus vite en profondeur. Le résultat est là : « nous travaillons avec Philippe Cambie qui a été sacré œnologue de l’année en 2010 par Robert Parker. Nous lui avons fait goûter une sélection de Roussanne plantée il y a dix ans. Lui-même s’y est trompé, croyant qu’il s’agissait de vieilles vignes. Nous en possédons aussi, certaines ont 80 ans. »

Fidèles à leur vision de l’homme comme « un gardien de la création », en 2015, les religieux ont entamé une conversion bio, avant d’abandonner la revendication de ce label tout en conservant les éléments principaux de cette approche : « Le seul produit autorisé par le cahier des charges contre la flavescence dorée, c’est le pyrèthre naturel. Or, le pyrèthre a tendance à tuer tous les insectes alors que ce n’est que la cicadelle qui véhicule la flavescence. Ce n’est pas sélectif. » Comme quoi, sans être schismatiques, tous les moines ne sont pas dogmatiques !

Via Caritatis : une initiative originale pour soutenir les vignerons locaux

Leur travail ne tarde pas à être reconnu par les grands dégustateurs et les moines décident en 2015 à travers la création de Via Caritatis d’en faire profiter leurs voisins vignerons en élaborant et commercialisant ensemble leurs vins. Les vignerons locaux connaissent en effet des difficultés : leurs coûts compte tenu des conditions extrêmes sont élevés. « Ici, comme les vignes sont très imbriquées et compliquées d’accès on met huit fois plus de temps à faire le tour de son domaine que dans un vignoble de plaine. L’objectif, c’est qu’un vigneron puisse toucher 8000 euros par hectare, alors qu’aujourd’hui on est autour de 4500 ».

Plutôt que de bâtir leur propre chai qui risquerait d’abîmer par une nouvelle construction inutile un paysage classé « Réserve de biosphère » tout en détruisant une économie solidaire locale déjà existante, les moines ont décidé de s’appuyer sur la coopérative locale. Elle accueille leur cuverie où ils vinifient à part chaque parcelle sélectionnée. Aidés d’un ingénieur agronome, ils accompagnent les viticulteurs (80 familles de vignerons sur 15 hectares) tout au long de l’année dans leurs pratiques culturales, les dates de vendanges… Le succès est au rendez-vous. Les vins ont conquis les plus belles tables étoilées : la Mirande à Avignon, Michel Trama, Lucas Carton Place de la Madeleine à Paris…

Pour aider les moines dans leur aventure, vous pouvez devenir parrain en réalisant avec vos amis une commande groupée de 120 bouteilles. Via Caritatis vous offre en récompense son fameux coffret qui comprend cinq flacons dont la bouteille « Abbaye » exclusivement composée des vins issu des parcelles monastiques. « C’est un principe. Ceux qui veulent déguster le vin des moines, doivent adopter leur état d’esprit de charité. C’est pourquoi on ne peut goûter leur cuvée que si on achète aussi les vins des vignerons qu’ils aident. La même politique est appliquée aux cavistes, s’ils veulent avoir une allocation de vins de l’abbaye ».

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Boutique en ligne : https://boutique.via-caritatis.com