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Bernard Magrez mise sur l’œnotourisme de luxe

Auteur

La
rédaction

Date

08.01.2013

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Alors que d’autres grands patrons font le dos rond, Bernard Magrez investit. Et souhaite miser en 2013 sur l’œnotourisme, « qui marche très fort », en lançant de nouveaux hôtels de luxe à Bordeaux et Bruxelles.

Après une année 2012 au cours de laquelle son Château Fombrauge, à Saint-Émilion, a été couronné par le nouveau classement, et où son empire s’est enrichi d’un nouveau diamant avec le Clos Haut-Peyraguey, premier cru classé de Sauternes, Bernard Magrez défie la crise. Avec un chiffre d’affaires d’environ 50 millions d’euros, les vignobles Magrez ont officiellement atteint la barre des 40 vignobles le 31 décembre dernier avec l’acquisition en 2012 de cinq nouvelles propriétés dont celles de Sauternes et de crus bourgeois du Médoc. En 2013, la marche en avant va se poursuivre. Avec sa volonté confirmée de développer l’œnotourisme de luxe.

Vous continuez sans cesse d’investir et semblez défier la crise. Quelle est votre recette ?

Cela fait des dizaines d’années que je travaille, et des crises, j’en ai traversé ! Ce n’est pas pour autant que j’ai arrêté d’investir. Le marché du bordeaux, c’est 900 millions de bouteilles. Il s’en vend 600 millions en France. C’est un lac. Pour y réussir, c’est plus facile que si Bordeaux avait le volume du Chablis. Il y a toujours des gens qui se prennent les pieds dans le tapis et à qui on peut prendre des parts de marché.

Malgré votre trésorerie, vous avez toujours besoin des banques. Vous démontrez donc qu’elles peuvent suivre…

En 1962, alors que j’étais patron à 21 ans, si je n’avais pas eu les banques, je n’en serais pas là aujourd’hui. Pour avancer vite, il faut que les banques aient confiance en vous. Il faut leur démontrer que vous savez rembourser et que vous respectez votre plan. Ma chance est là : je sais respecter mes plans.

On annonce une nouvelle baisse de la consommation du vin en France… Comment se porte votre groupe aujourd’hui ?

La vente du bordeaux en France, selon les statistiques du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux, démontre une baisse autour des bouteilles de 2 à 3 euros au profit des vins dont le prix se situe entre 6 et 11 euros. Nous, nous avons abandonné, depuis la vente de Malesan, ces bordeaux à 3 euros pour nous placer sur des produits de 7 à 11 euros. C’est ce marché qui avance en France et dans tous les pays. Si l’on s’en sort, c’est aussi parce qu’on a une stratégie. Avec le même budget, les gens iront vers des produits occasionnels, de convivialité, à 7 euros et plus.

Vous êtes depuis cette fin 2012 le premier propriétaire de quatre grands crus classés dans des appellations emblématiques (Pape Clément, Fombrauge, La Tour Carnet et Clos Haut-Peyraguey). Y aura-t-il d’autres acquisitions durant l’année 2013 ?

Depuis 1660, ce sont les grands crus qui ont fait la réputation de Bordeaux. En étant les seuls ici à posséder quatre grands crus classés sur différentes appellations prestigieuses, nous allons consacrer un budget spécial en 2013 et 2014 pour le faire savoir, en France et dans le monde, à nos distributeurs. Ce travail de communication va renforcer encore davantage la crédibilité de la signature Bernard Magrez et lui donner un élan. En faut-il d’autres ? Peut-être. Mais il faut trouver un vendeur…

Quelles seront vos autres priorités en 2013 ?

En 2011, nous avons créé l’Institut culturel Bernard Magrez et, en 2012, nous avons fait l’acquisition d’un hôtel particulier situé en face de l’hôtel Labottière à Bordeaux. Nous allons le transformer en hôtel de luxe. Les travaux de ce « Bernard Magrez luxury intimity hôtel » se termineront fin 2013. Il y aura six chambres, accessibles toute l’année, pour des prix allant de 250 à 350 euros. L’investissement se situe entre 5 et 6 millions d’euros. Nous avons une clientèle captive à Pape Clément que l’on ne pouvait plus loger. Et nous souhaitons monter un autre hôtel de ce type à Bordeaux, et un autre à Bruxelles. L’œnotourisme marche très fort.

Propos recueillis par Rodolphe Wartel
Photo Alain Robert