Accueil Dégustation [Bordeaux Tasting] De la Champagne aux Andes en passant par Yquem

[Bordeaux Tasting] De la Champagne aux Andes en passant par Yquem

Auteur

La
rédaction

Date

14.12.2025

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Ce dimanche 14 décembre trois master class ont clôturé Bordeaux Tasting. Le Champagne Laurent Perrier, Château d'Yquem et Cheval des Andes étaient au rendez-vous. Retour sur trois moments d'anthologie pour les visiteurs de Bordeaux Tasting.

Trois savoir-faire du Champagne Laurent Perrier

La Maison Laurent Perrier située à Tours-sur-Marne cultive trois savoir-faire initiés par Bernard de Nonancourt son président à partir de 1949 : un esprit d’innovation, une expertise dans l’assemblage et dans le vieillissement des vins. Constance Delaire, œnologue maison, perpétue cet héritage : « C’est la philosophie de la maison, tracer son propre sillage, loin des modes. Que Laurent Perrier demeure une maison familiale nous permet d’avoir cette liberté » qui il lui réussit : malgré un ralentissement des expéditions en Champagne, celles de la Maison augmentent. L’esprit d’indépendance continue donc de souffler. Pionnier en 1981 avec sa cuvée ultra-brut, premier champagne non-dosé, Laurent Perrier persiste avec une cuvée premium iconoclaste, Grand Siècle, dont la 26ème itération a été dégustée (parmi 4 autres) par l’assistance. Alors qu’il est d’usage d’avoir une cuvée haut de gamme millésimée, chez Laurent Perrier l’équipe d’œnologues recrée l’année parfaite à partir de 3 années identifiées pour leurs qualités distinctes. Dans cette dernière itération, donc, sont réunis les millésimes 2007, pur la pureté de ses vins, 2008 pour sa fraîcheur et 2012 pour la maturité. Pour clôturer cette leçon d’indépendance, la cuvée Alexandra, le rosé millésimé de la Maison, démontre qu’un rosé, surtout s’il est de macération, peut accompagner la haute gastronomie.

©A.Viller pour Terre de Vins
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©A.Viller pour Terre de Vins
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Château d'Yquem : les 1 000 facettes de la pourriture noble

« On ne comprend pas Yquem si on ne comprend pas ce miracle naturel qu'est le botrytis. » C'est par ces mots forts que Lorenzo Pasquini, directeur général du légendaire château sauternais depuis le printemps, après en avoir été le directeur d'exploitation pendant cinq ans, a introduit cette master class d'une heure. Une heure comme « une parenthèse suspendue dans le temps », comme le raconte avec émotion Emmanuel Cadieu, sommelier et directeur des vins des quatre restaurants du Cheval Blanc à Paris, présent lui aussi pour apporter son expertise.

©A.Viller pour Terre de Vins
©A.Viller pour Terre de Vins
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©A.Viller pour Terre de Vins
©A.Viller pour Terre de Vins
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La dégustation d'anthologie a débuté par une surprise de taille : le millésime 2023 de la propriété, dégusté en avant-première mondiale puisque celui-ci sera présenté à la presse et mis en marché en début d'année prochaine. 2013, 2005 et 1990 ont prolongé ce moment enchanté, démontrant la magistrale aptitude d'Yquem à affronter les années avec une évolution remarquable racontant le temps qui passe au royaume du botrytis. « Goûter un vieux millésime d'Yquem est la plus belle façon de voyager dans le temps », appuie Lorenzo Pasquini, qui a également présenté, en conclusion, le millésime 2022 d'Y, le vin blanc sec de la propriété, qui n'est pas considéré comme un vin à part mais comme « une interprétation différente des mêmes raisins qui font la magie d'Yquem ».

Cheval des Andes, l'expression argentine de Château Cheval Blanc

Quelques mots suffisent pour poser le cadre et inviter au voyage : cette master class consacrée à Cheval des Andes s’est construite comme un récit à deux voix, celle du lieu et celle des hommes, portée par l’animation de Mathieu Doumenge, rédacteur en chef de Terre de Vins, en présence de Gérald Gabillet le désormais ex-winemaker du château, tout juste revenu en France après sept années passées à la tête du domaine au pied de la cordillère des Andes, qui confie d’emblée combien « ces moments sont extrêmement précieux » et combien Cheval des Andes reste « une aventure assez incroyable et unique ».

©A.Viller pour Terre de Vins
©A.Viller pour Terre de Vins
©A.Viller pour Terre de Vins
©A.Viller pour Terre de Vins
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À Cheval des Andes au fil des échanges, se dessine l’identité singulière de ce projet né il y a plus de vingt-cinq ans de la rencontre entre le savoir-faire de Cheval Blanc à Saint-Émilion et les terroirs de Mendoza, avec deux vignobles complémentaires, Las Compuertas et Altamira, pensés pour apporter complexité et fraîcheur à un vin dont la ligne directrice reste claire. « Notre vision d’un grand vin, c’est la fraîcheur » avant que la dégustation ne déroule une lecture cohérente des millésimes récents, du 2018 ample et solaire, déjà solidement en place, au 2019 plus élancé et tendu, puis au 2020 précis et resserré, reflet d’un équilibre recherché dans des conditions climatiques exigeantes ; le 2021 se montre plus discret, presque en retenue, laissant parler la finesse plutôt que la puissance, tandis que le 2022, encore très jeune, referme la dégustation sur une impression de maîtrise et de promesse, comme une synthèse du chemin parcouru par Cheval des Andes, capable d’associer profondeur, lisibilité et fraîcheur sans jamais forcer le trait, fidèle à cette intuition fondatrice née, selon Gérald Gabillet, du moment où Pierre Lurton a reconnu « une part de Bordeaux à 12 000 kilomètres ».