Mercredi 18 Juin 2025
Château de Bacchus ©CoVe
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18.06.2025
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Tombé sous le charme d’une belle demeure face au Mont Ventoux, l’entrepreneur savoyard Éric Claret Tournier lui a redonné son lustre d’antan. Quant au vignoble qui l’entoure, il a l’ambition d’en faire le fleuron de l’AOC.
Éric Claret Tournier n’est pas le premier « étranger » à s’installer sur les terres viticoles vauclusiennes. Nombre de mas, châteaux et domaines ont été relevés grâce à l’apport de fortunes extérieures. À côté de Carpentras, le château de Bacchus fait partie de ceux-là. Le patron de la Maison Tournier Frères (créée en 1948 par son père Joseph, natif de Chamonix), qui est à la tête de dix-huit établissements hôteliers de luxe et de restaurants à Courchevel, a craqué pour cette demeure provençale du XVIIème. À l’époque, une quasi-ruine, entourée de quarante-cinq hectares de bois et de vignes, terrain de jeu idéal pour exprimer sa fibre de bâtisseur décorateur. En presque dix années, il a tout fait rénover. Le bien nommé Château de Bacchus a retrouvé son lustre et ses décors de 1615 : une chapelle, quatorze chambres, un bassin, une reproduction de l’esplanade de Saint-Tropez, la calade de la cour, le jardin, on se croirait dans un film d’époque, et un nouvel essor…bachique, bien sûr !
Éric Claret Tournier ne s’est pas contenté de réveiller la belle endormie, il a entrepris de relever le vignoble attenant. « L’envie de me lancer dans l’acquisition d’un vignoble a été confortée par un ami proche, Bernard Magrez, propriétaire entre autres de Château Pape Clément dans le Bordelais. Ses connaissances et son enthousiasme ont joué un rôle clé dans l’éveil de ma passion pour l’univers viticole. A mes côtés pour découvrir Château de Bacchus, c’est lui qui m’a fait comprendre, en observant son exceptionnel terroir de plateau, tout le potentiel du site. ». Ainsi adoubé, il s’est associé à son ami Jérôme Caquineau et à l’œnologue Laurent Cornud, qui a créé un espace de coworking, version cave où il vinifie à façon, dans la commune voisine d’Aubignan.
Enclenchement de la certification AB, restructuration du vignoble, achat de nouvelles parcelles et vinifications parcellaires vont bon train. « Tout le vignoble est autour du château, sur un terroir de safres du miocène. On est passé de 12 à 30 hectares, on a planté du rolle et du bourboulenc, sur ce plateau idéal pour les trois couleurs, mais avec un potentiel de rouges exceptionnel. Au début, nous avons eu une réflexion importante car nous n’avions pas le même langage avec Éric », argumente l’œnologue. Il fait référence à l’élevage des vins. Un chai a été aménagé au château qui renferme une cinquantaine de barriques et demi-muids.
Un projet de construction de cave et de caveau est déjà à l’étude.
Depuis le millésime 2020, qui correspond aux attentes gustatives du propriétaire, quatre gammes sont déployées en CHR, à l’export et en GD. Les cuvées sont vendues essentiellement dans le groupe hôtelier à Val d’Isère, Chamonix, Bordeaux. « On ne trouve plus de rosés de Provence à la carte depuis que nous vinifions les nôtres », s’amuse Jérôme Caquineau. La clientèle adore les Ventoux même vendus au prix d’un Bordeaux sur table. Elle n’est pas bernée pour autant. La dégustation de la dizaine de références laisse de jolies sensations en bouche.
B de Bacchus Ventoux blanc 2024 AB 15,80€
Son joli nez floral mêlé aux fruits blancs est bigrement expressif. Après une attaque incisive marquée par le tonus du rolle, la finale devient minérale, juste amère, tout en gardant une rondeur subtilement miellée.
Chapelle de Bacchus Ventoux rouge 2022 AB 29,80€
Une sensation de finesse habillée en fruits rouges. Typé grenache, fruits noirs, cassis et réglisse, son boisé est fondu. Une légère tension en fin de bouche et des tanins qui ne demandent qu’à s’arrondir encore. Il a encore du potentiel de garde.
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