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Cheval Blanc dévoile son Petit Cheval… blanc

Le trio de tête de Cheval Blanc. De gauche à droite : Arnaud de Laforcade (directeur financier et commercial), Pierre Lurton (gérant), Pierre-Olivier Clouet (directeur technique). Photo C. Burban.

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

23.09.2016

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Le château Cheval Blanc, 1er Grand Cru Classé A de Saint-Émilion, s’apprête à créer l’événement la semaine prochaine en mettant sur le marché ses premières bouteilles de vin blanc. Une cuvée en appellation Bordeaux Blanc, sobrement baptisée Petit Cheval – comme le second vin rouge de la propriété, non produit en 2015.

C’est une année riche en actualités pour le mythique Château Cheval Blanc, co-propriété des hommes d’affaires Albert Frère et Bernard Arnault, dirigée de main de maître par Pierre Lurton et ses équipes. Après avoir annoncé à la veille des Primeurs que le château ne sortirait pas de second vin pour le millésime 2015, voici qu’arrive sur le marché le premier millésime de vin blanc produit à Cheval Blanc. Son nom ? Petit Cheval (en appellation Bordeaux Blanc).

Dans la famille des grands blancs de Bordeaux

Un peu d’histoire : en 2006, Cheval Blanc rachète la propriété voisine de le Tour du Pin Figeac, 8 hectares dont seulement 1, 3872 (la partie la plus similaire aux neuf types de terroirs de Cheval) sera destiné à rejoindre le 1er Grand Cru Classé A. Le reste de la superficie ? Il servira à produire du blanc, selon les vœux d’Albert Frère. Mais, selon les vœux de Pierre Lurton, ce vin blanc sera fait intégralement par les équipes de Cheval Blanc, sans « consulting » extérieur. Pour ces professionnels rompus à la production de (très) grands rouges, c’est comme se retrouver « dans la peau d’un néo-vigneron », de l’avis même du talentueux directeur technique Pierre-Olivier Clouet. Commence alors une longue période d’expérimentations et d’apprentissage, ponctuée de voyages dans des grands vignobles de blancs (Loire, Bourgogne…) « Nous savions au départ ce que nous ne voulions pas faire », explique Pierre-Olivier Clouet. « Pas d’aromatique démesurée, ni variétal ni tropical (on préfère la complexité à l’intensité) ; et en bouche, pas le style de signature acide-rafraîchissante mais qui s’avère liquide… On voulait de la fraîcheur, de la profondeur, de la longueur, de l’équilibre. Et une vraie identité bordelaise ».

Hors de question, donc, de s’essayer au chardonnay comme certains à Bordeaux. Sauvignon et sémillon sont ici à l’honneur. Sur les 6, 5 hectares destinés à ce Petit Cheval blanc, 5, 5 ha accueillent quelque 6 clones différents de sauvignon (bordelais, sancerrois) sur 13 parcelles différentes ; quant à l’hectare de sémillon, il n’est pas encore entré en production. Haute-couture et respect du temps. Un respect du temps que l’on retrouve d’ailleurs dans la volonté de ne pas commercialiser ce blanc avant qu’il ne soit jugé digne de porter l’étiquette Cheval Blanc : il aura donc fallu que les équipes apprennent à conduire la vigne de la façon la plus méticuleuse, qu’elles trouvent les meilleurs équilibres dans l’élevage (savant mélange de demi-muids et de foudres pour que le bois ne vienne pas marquer la matière…), pour que l’on voie finalement arriver ce millésime 2014. « On a pris le temps de bien faire les choses pour que ce Petit Cheval rejoigne la belle famille des grands blancs de Bordeaux », sourit Pierre Lurton.

Cheval Blanc 2016, encore un pur sang ?

4500 bouteilles ont été produites en 2014 (3000 mises en marché en coordination avec cinq maisons de négoce), pour un objectif de 30 000 à l’horizon 2019. Le prix de départ propriété est de 50 € HT, soit un prix final consommateur d’environ 90 € TTC. Cela situe ce Petit Cheval dans la gamme des grands blancs de Pessac-Léognan. Dans le verre ? Un sauvignon « domestiqué », sans excès variétal, avec une jolie tension, des notes citronnées, de fenouil, de fleur blanche et de pêche de vigne. Mais il est indéniable que le meilleur est à venir dans les prochains millésimes : Pierre-Olivier Clouet et ses équipes maîtrisent de mieux en mieux la vigueur de la vigne, les rendements, le juste dosage de l’élevage, et les essais sur les levures indigènes.

En parlant de millésimes à venir… Le blanc 2016, justement, est déjà en cuves : les vendanges ont eu lieu les 9, 10 et 13 septembre. Et quid du rouge de Cheval Blanc ? « On a commencé à rentrer les premiers merlots mardi », explique le directeur technique. « Bien sûr, on a été confronté à des contraintes hydriques colossales cet été, mais nos argiles et nos vieilles vignes ont bien tenu le choc. Cela a été plus dur pour les jeunes vignes, qu’il va certainement falloir écarter. Mais globalement cela se présente bien, avec des équilibres satisfaisants, pas trop d’alcool, de bonnes acidités, un bon état sanitaire (c’est notre deuxième année sans antibotrytis, donc nous sommes très vigilants). Mais on attend d’avoir tout rentré pour se prononcer, car les vendanges vont certainement se poursuivre jusqu’à mi-octobre. On se fie avant tout au goût de nos raisins, à cette signature fruitée-florale qui est la signature de Cheval Blanc ». Avec sa jeune équipe, également à la tête du Château Quinault l’Enclos (qui accueille des travaux pour un nouveau chai dès cet hiver), Pierre Lurton sait que « l’écurie » Cheval Blanc est entre de bonnes mains.