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Mini-verticale : Vérité (Sonoma Valley)

vérité

Pierre et Hélène Seillan. ©Suzanne Becker Bronk

Auteur

Mathieu
Doumenge

Date

01.10.2025

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À l'honneur dans le n°111 de Terre de Vins (« Le vin sans frontières ») à travers une saga dédiée à la famille Seillan, qui s'est associée il y a près de vingt ans à la famille Jackson en Sonoma Valley pour lancer ce projet de grand vin de californien, le domaine Vérité se décline à travers trois cuvées en rouge : La Muse (dominante de merlot), La Joie (dominante de cabernet sauvignon) et Le Désir (dominante de cabernet franc). Nous avons remonté le temps sur une triple verticale.

La Muse 1998

90 % merlot - 10 % cabernet sauvignon
Le tout premier millésime. Une année marquée par des conditions climatiques difficiles, à cause du cyclone El Niño.
Nez feuille de cigare, tabac, léger lardé, note fumée, on discerne des herbes aromatiques, du camphre, un léger coulis de réglisse et une note de confiture de vieux garçon.
Beau toucher de bouche, soyeux, plein, velouté, fraîcheur, extrême précision de tanins, qui ont une empreinte légèrement prégnante sur le poivre torréfié. La finale se révèle un peu entêtante sur la cerise à l’eau-de-vie et la peau d’orange macérée, avec une touche chocolatée sur la finale, une sucrosité tendre qui équilibre la conclusion légèrement serrée.
96/10

La Muse 2002

Toujours une large dominante de merlot. Pierre Seillan a commencé à intégrer du cabernet franc dans l'assemblage en 2000 (première année de sa cuvée Le Désir).
Un nez précis, plongeant, on devine une certaine vigueur, il met encore du temps à se déployer, se révèle en tout cas fort jeune, sur une dimension musculeuse et concentrée. Mais cette concentration ne se départit pas d’une réelle fraîcheur, une nouvelle fois. Beaucoup de densité en bouche, de la mâche, une structure sérieuse qui vient escorter la matière généreuse, la gainer, conférer du grip à la chair tendre et souple, finement épicée. La finale sur le coulis de fraise est remarquablement gourmande, avec une signature légèrement réglissée.
96/100

La Muse 2008

Nez légèrement cacaoté, fève de cacao, poudre de chocolat amer. On lui retrouve un côté plongeant, ouaté, quelques notes de fruit à coque, un grain de café frais sur le coulis de fruit noir et rouge. En bouche, superbe définition tactile, une chair veloutée qui s’étend, un grain de tanins roulant qui s’intègre à la matière, qui apporte juste ce qu’il faut de relance, un léger côté strict, tout en ayant une indéniable allure.

97/100

La Muse 2014

À partir de 2012, on enchaîne les millésimes secs en Sonoma. Vendanges précoces et rapides. Le nez s’en ressent, avec une touche plus évoluée, léger cuir frais, coulis de mûre et de myrtille, touche de framboise et groseille. Il n’a pas encore déployé son aromatique, demeure légèrement fermé, mais on devine qu’il y a du monde ! Très méticuleusement tressé, un grain de tanins un peu ferme, mais qui escorte magnifiquement la matière, qui vient faire rocker la jutosité jusqu’à la finale sapide et désaltérante.
96/100

La Muse 2016

Belle densité, plongeante, précise, fleur capiteuse et poivrée, épicée, légère note acidulée sur une densité de fruit. On a de l’énergie, une déclinaison de petits fruits rouges pleine de vitalité et de précision. On gravit encore une marche dans la définition tannique, fine et poudrée, avec beaucoup de vibration salivante en bouche, de la longueur, une dimension fuselée et propulsive qui profite indéniablement à la matière, lui apportant jutosité, longueur, saveur. C’est très bon, très fin et taillé pour une longue (très longue) garde.
99/100

La Muse 2021

Nouvelle mise en marché.
Un millésime très apprécié par la famille. « Tout s’est bien passé » sur ce millésime. Un nez encore juvénile, teinté de boisé (mais hyper élégant, qui se fondra à coup sûr). Super jus, précis, centré, énergique, fougueux mais dompté, on progresse encore dans la définition des tanins, ils sont pleinement intégrés, juteux, savoureux, imprimant une belle énergie à la chair, velouté, pleine et dense tout en se déroulant en longueur. Un très beau millésime.
98/100

La Joie 1998

70 % cabernet sauvignon - 30 % merlot
Nez dont le fruit évolué se teinte de graphite, mine de crayon, légère truffe, menthol.
 Très jolie architecture du vin, élancée, juteuse et verticale, construite sur des tannins précis et articulés. Beaucoup de fraîcheur, de menthol, qui apporte une bouche aérienne et digeste. Les tannins se révèlent un peu stricts néanmoins, mais gardent de l’allure. Du délié en milieu de bouche, légers amers nobles en finale, convoquant une note de tige ensoleillée.
95/100

La Joie 2007

Une année de grande reconnaissance pour le domaine auprès des critiques. Dimension plongeante et affutée, poudrée, âtre de cheminée. Beaucoup de style dans la silhouette du vin, très méticuleusement tressée, au toucher graphite, minéral, presque sanguin (orange sanguine, touche ferreuse). La structure du vin est souveraine, très impressionnante, tubulaire, avec un toucher tannique au grain millimétré. C’est superbe, indéniablement un grand vin taillé pour les décennies.
99/100

La Joie 2011

Année plus fraîche. « On a vendangé à Bordeaux avant la Californie », déclare Pierre Seillan. Nez un peu sur l’empreinte végétale et variétale, on a une touche de feuille de tomate, cerise cueillie sur l’arbre. On a une jolie jutosité en bouche, bien droite, affutée, sapide, ourlée de tanins tendres. Ce n’est pas le plus démonstratif, mais en termes de buvabilité, on est à un bon moment de son évolution, souligné par une jolie fraîcheur mentholée.

95/100

La Joie 2015

Encore une année chaude. L'équipe a revu la méthode de taille, pour mieux s’adapter à la sécheresse. Un nez concentré, dense, finement grillé, mûre épicée, plein de vigueur et de percussion. La bouche est signée par une trame tannique très rigoureuse, encore en pleine jeunesse. La chair est pleine, intense, fuselée, c’est un pur-sang qui n’est pas encore dompté et qui a de très longues années devant lui !
96/100

La Joie 2017

Un millésime plus pluvieux pendant l’hiver. Ce qui a entraîné beaucoup de végétation. Cette année 2017 a aussi été marquée par des feux en Californie, mais ils ont vendangé à temps (du 2 septembre au 8 octobre). Un nez au fruité précis, ajusté, sombre, mais frais. On lui trouve un côté gelée de myrtille, liqueur de fruit, un léger confit, boisé discret, belle dimension plongeante. C’est un vin délicieux, savoureux, d’une magnifique droiture, escorté de tannins à la définition poudreuse et crayeuse, déroulant sa chair en longueur, en muscle galbé, jusqu’à la finale qui vient poudrer la langue. Superbe !
98/10

La Joie 2021

Nez plongeant, atramentaire, dense mais suspendu. Une concentration très fine, sérieuse mais en suspension, on devine qu’il y a du monde. Un nez d’un charme désarmant, où l’on retrouve la facette sanguine, ferreuse du cabernet, une touche d’herbe médicinale, de laurier, de sauge.
La bouche est sculptée, sur un jus franc, percutant, sapide. Les tannins ont un grain parfait, moelleux et ciselé. Le boisé est encore présent mais d’une impeccable élégance qui va se fondre. La longueur est remarquable, sur une persistance digeste, signée par un très léger variétal.

98/100

Le Désir 2003

Premier millésime de cette cuvée produite en 2000. Pierre a identifié les cabernets francs de Coyote Hill, qui manquaient à sa palette jusque-là. On a en 2003 41 % de cabernet franc, mais un peu moins que de merlot (44 %).
Nez en finesse, floral, parfumé, aérien, séducteur, très camphré. En bouche, une superbe suavité, de l’allure, de la tendreté dans le toucher, mais aussi de la structure et aussi une aromatique de belle extraction, très fine et séduisante.

95/100

Le Désir 2005

« Une superbe année partout », en France, en Californie, mais aussi en Toscane où les Seillan ont aussi un vignoble avec les Jackson. 50 % cabernet franc.
Beaucoup de finesse, de précision, d’allure, un côté suspendu et fin, très ouaté. La bouche est signée par un habit tannique très précisément cousu, juste quelques coutures venant imprimer de la délicatesse, de l’allure et une touche de grip à cette matière très délicate. Finale et persistance sur la cerise confite.

96/100

Le Désir 2007

Une aromatique plus serrée, plus fermée à ce stade. Mais le jus est direct, franc, précis, épuré, tendu, limpide. Il a encore énormément de temps devant lui pour se déployer, préciser toutes ses facettes, mais il affirme un jus suave et souple, très fin, se déroulant tel un coulis de fruit rouge aux accents floraux, jusqu’à la finale juste serrée par un léger grip.

96/100

Le Désir 2013

Année très chaude, grosse chaleur fin août, on a dû ramasser un peu vite (moins de 10 jours). Un nez un peu plus grillé, contenu. Ce 2013 se présente un peu comme un ado farouche, on discerne un léger décalage entre le jus ultra souple, presque délié, les tannins fermes et l’aromatique qui, à ce stade, l'empêchent d'exprimer tout son potentiel.

95/100

Le Désir 2018

82 % de cabernet franc, une année fraîche. C’est précis, limpide, très parfumé, sensuel. Netteté, éclat, brillance. Note d’eucalyptus, de menthol, on discerne encore un léger toasté mais qui est juste en soutien. Superbe jus, tendu, électrique, savoureux, tendu, signé, très précis et étendu. On discerne de fines touches salines et poivrées en sous-couche, avec un grain roulant et moelleux en même temps. C’est vraiment bon ! On franchit un palier dans le Désir avec ce millésime.

97/100

Le Désir 2021

87 % de cabernet franc. Une dimension presque ligérienne. Concentrée, fraîche, alignée, sanguine. Il y a une matière ajustée, fuselée, pleine, savoureuse, le grain de tannins est pur, intégré, limpide. La palette aromatique est à la fois fruitée, florale, parfumée, ouatée, poudrée, et elle se tient sur un jus d’une parfaite clarté, désaltérant et rassérénant.
97/100

À lire dans les kiosques : notre dédiée à Vérité et à la famille Seillan, intitulée « L'heure de Vérité ». Dans le n°111 de Terre de Vins spécial vins internationaux.