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Des vendanges solidaires pour Myrko Tepus

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

27.09.2023

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La mobilisation de l’association Rouge Provence va permettre à Myrko Tepus, qui a perdu plus de 80 % de sa récolte dans les aléas climatiques du printemps, de sortir quelques cuvées en Vin de France vinifiées dans son jeune domaine du Haut-Var.

En cette fin septembre, Myrko Tepus vient de démarrer à Esparron-de-Pallières, dans le Haut-Var, la vendange des quelques raisins rouges qui lui restent et d’un peu de blanc. « On avait échappé au gel de printemps mais un orage de grêle a ravagé nos vignes quatre fois entre le 12 et le 30 mai sans compter le mildiou qui a suivi en juin avec deux semaines de pluie et la coulure pour la floraison. » Les aléas météorologiques sont particulièrement extrêmes depuis 2017, date de l’installation de ce jeune vigneron qui a fait ses armes pendant dix ans comme saisonnier chez Peter Fischer (Château Revelette), Jean-Christophe Comor (Domaine les Terres Promises) et Didier Daguenau. Cette année, il a donc perdu plus de 80 % de sa récolte. Heureusement, Myrko a pu compter sur le soutien solidaire de l’association Rouge Provence, à laquelle il avait adhéré en 2018, parrainé par Peter Fischer et Pierre Michelland (La Réaltière). Le principe de ce groupement de vignerons issus de toute la Provence est certes de promouvoir en priorité les rouges et les blancs noyés dans un océan de rosés mais aussi d’aider un des leurs à produire au moins une cuvée les années de catastrophes climatiques afin de ne pas perdre tous ses clients et d’avoir assez de trésorerie pour payer les factures.

Mobilisation générale
Tout le monde s’est donc mobilisé pour lui fournir des raisins et lui permettre d’élaborer une cuvée spéciale qui sera revendiquée en Vin de France au regard de la provenance diverse des grappes. « J’ai formulé quelques vœux de cépages que Stéphane Bourret (La Bastide Blanche), qui coordonne l’association, a envoyés à tous mes confrères [environ 35 domaines]. Chacun donne ce qu’il peut, certains 500 kg d’autres quelques milliers sachant que beaucoup ont aussi été impactés les années précédentes. » Myrko a récupéré surtout du cinsault et du grenache en rouge, du rolle en blanc. « Bien sûr, je vais élaborer des cuvées atypiques tout en essayant de garder mon style. J’ai juste demandé des raisins fraîchement pressés en grappes entières pour continuer à faire des infusions, notamment pour les rouges. Comme je gère les fermentations avec les levures indigènes de ma cave, même si les sols sont différents, je garde mon identité. » L’idée de Myrko est de vinifier les cépages « solidaires » séparément pour créer une gamme de 4 rouges, 2 blancs et 2 rosés qui porteront des étiquettes inédites signées d’un artiste bruxellois Anthony Willem. « D’habitude je peux faire jusqu’à 40 000 bouteilles selon les millésimes ; je devrais quand même arriver à 30 000 cette année. C’est pas si mal, car si on passe un an sans récolte, on ferme. » Myrko pense les commercialiser en cartons panachés. Par ailleurs, Rouge Provence a organisé dans l’urgence, cet été, une journée de dégustations des vins de l’association pour les prescripteurs. La manifestation a eu lieu au domaine de Myrko, la location des lieux lui apportant 10 000 € de trésorerie. « Cela permet déjà de payer les camions et l’essence pour aller récupérer les tonnes de raisin dans les domaines du Var et des Bouches-du-Rhône. »

©DR

Des terroirs d’altitude à haut potentiel
Issu d’une famille de marchands de vin du Centre Var, Myrko Tepus a toujours voulu créer son domaine. « Je rêvais de m’ancrer quelque part et ma famille avait eu des vignes ici. Je suis entré en contact avec un berger qui voulait vendre les siennes à l’abandon. Il fallait surtout les remettre en état pour garder le patrimoine génétique de ses 12 hectares, des grenaches de 50-70 ans, des carignans d’une soixantaine d’années, des vieux ugnis blancs, des cinsaults, des syrahs, et même des chardonnays en sélection massale car à l’époque, il n’y avait pas de pépinière. On greffait sur champs et on bouturait les plus beaux ceps. » Le jeune vigneron connaissait le potentiel de ses terroirs en altitude avec des sols sableux et argileux contenant beaucoup de calcaire et qui apportent fraîcheur et acidité. Il a trouvé à Esparron des hangars agricoles pour la cuverie et des caves voutées pour ses élevages. Il espère rapidement défricher quelques parcelles abandonnées pour planter clairette, rolle, grenache blanc, carignan blanc et gris en complantation si la météo lui accorde un peu de répit.