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Économie : le cognac fait le dos rond

Jeunes plants d’ugni blanc en Charente. De 2018 à 2022, le vignoble du cognac a planté 13 707 hectares de nouvelles vignes. Il s’étend aujourd’hui sur plus de 83 000 hectares. ©Jacques Péré - Studio Furax pour le BNIC

Auteur

Olivier
Sarazin

Date

26.09.2023

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Affectée par la chute des expéditions en Amérique, la filière prépare la reprise. En attendant, elle ne plantera que 100 hectares de nouvelles vignes en 2024.

Le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) a annoncé le 22 septembre avoir « ajusté » sa demande de nouvelles plantations de vigne auprès de FranceAgrimer. Sa requête auprès de l’administration porte sur seulement 100 hectares, contre 3 129 hectares en 2023 et une moyenne annuelle de 2 741 hectares entre 2018 et 2022. Longtemps, le vignoble charentais s’est taillé la part du lion du contingent français de nouvelles vignes autorisées par l’Europe. Ce temps-là semble révolu.

Face aux vents contraires de l’économie mondiale, la filière cognac marque une pause et fait le dos rond. Les chiffres de la campagne viticole 2022-2023, arrêtés à la fin juillet, sont mauvais. Les expéditions chutent : moins 18,9 % en volume et moins 6,2 % en valeur. Elles s’établissent à 180,2 millions de bouteilles (pour un chiffre d’affaires de 3,6 milliards d’euros), soit moins qu’en 2019-2020 (187,5 millions de cols) au plus fort de la pandémie de Covid.

Moins 39,4 % en Amérique du Nord
Les expéditions plongent notamment dans la zone de libre-échange nord-américaine (États-Unis, Canada et Mexique) : moins 39,4 % en volume et moins 28,6 % en valeur. Aux États-Unis, premier marché du cognac, les négociants sont confrontés à une « conjonction de difficultés » : inflation, fin des aides à la consommation après la crise sanitaire, surstokage chez les distributeurs et vive concurrence de la tequila. Toutefois, « la consommation retrouve une meilleure dynamique », tempère le BNIC.

Les bons résultats en Asie (+ 8,7 % en volume et + 16,3 % en valeur) limitent la casse mais restent fragiles. En Europe, « les signaux sont contrastés » (- 4,9 % en volume et + 2,2 % en valeur) tandis que les marchés émergents comme l’Afrique subsaharienne prennent toute leur importance et ne sont plus de simples relais de croissance.

Le rebond de 2021 trop vigoureux
Dans ce contexte délicat, où tous les spiritueux sont ballottés (notamment le whisky écossais, dont les volumes vendus au premier semestre 2023 ont baissé de 20 %), le cognac veut croire à une « reprise progressive et non linéaire au cours de l’année 2024 ».

Dans un communiqué diffusé la semaine dernière, le président du BNIC, Christophe Veral, déclare : « Produire et vendre du cognac, c’est encore et toujours se projeter à long terme. Nous avons confiance en la résilience et en la capacité de rebond de notre filière ainsi qu’en la force de notre appellation d’origine contrôlée. »

Il faut ici préciser que cette situation dégradée intervient après un rebond trop vigoureux en 2021, dès les premiers replis de l’épidémie de Covid. « Cette hausse en 2021 et la baisse en 2022 sont les deux faces d’un même phénomène qui apparaît aujourd’hui comme atypique et anormal en termes d’intensité. De ce point de vue, la dynamique des derniers mois doit être vue comme une étape de normalisation », fait savoir le BNIC dans une note de conjoncture.