Accueil [Entretien] Veuve Ambal : « On a encore des marges de progression en Bourgogne»

[Entretien] Veuve Ambal : « On a encore des marges de progression en Bourgogne»

©C. L'hôte

Auteur

Clément
L'Hôte

Date

02.11.2022

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Après une croissance externe galopante ces dernières années, Famille Piffaut Vins et Domaines, la maison-mère de Veuve Ambal, s’impose aujourd’hui comme un groupe diversifié et puissant en Bourgogne. Le point avec Aurélien Piffaut, qui, à 38 ans, dirige cette société familiale aux côtés de son père Éric.

Votre activité, à l’origine centrée sur le crémant de Bourgogne, croît et se diversifie à un rythme soutenu ces dernières années. Vous ne vous dites pas, parfois, que ça va trop vite ?

est vrai qu’à l’arrivée de mon père, en 1988, Veuve Ambal était une petite entreprise de Rully, avec 15 salariés et une production d’environ 400 000 cols par ans. Aujourd’hui, toutes activités comprises, nous avoisinons les 30 millions de bouteilles ! Nous arrivons aujourd’hui à un cap. Avec Gabriel Boudier et Belenium [lire plus bas], on entre dans deux nouveaux métiers, éloignés de ce qu’on faisait. C’est une culture commerciale et marketing différente. Il va nous falloir un temps d’intégration, de création de synergies, plus long que dans le vin. 

Pourquoi ce choix de croissance externe ?

L’univers des vins de Bourgogne est compliqué, et celui des crémants encore plus. D’une part l’approvisionnement est difficile, avec les soubresauts qu’on connaît en termes de récoltes. Et chez les acheteurs de bourgognes, le crémant n’est pas encore un incontournable, contrairement aux vins tranquilles. La diversification nous paraît donc essentielle. Par ailleurs, nous arrivons à une échelle de production où il faut une taille critique pour bien fonctionner. 

Vous auriez pu, à l’instar de grands noms du négoce bourguignon, choisir d’investir dans d’autres vignobles, voire à l’étranger. Mais vous vous êtes cantonnés à la Bourgogne. Pour quelles raisons ?

Il y a quand même l’exception Rivarose [voir plus bas] que nous avons acquis en 1998. Hormis cela, nous avons privilégié la diversification produit à la diversification régionale. La Bourgogne bénéficie d’une image incroyable, autant en profiter. Aujourd’hui, on peut revendiquer une gamme bourguignonne complète. Et en restant locaux, la gestion humaine est plus simple. On a encore beaucoup de marges de progression en Bourgogne. Sur la partie crémant, nous sommes matures ; pas sur les autres produits. 

C’est-à-dire ?

Je pense notamment à l’offre du château de Saint-Aubin, qui commercialise désormais les vins Prosper Maufoux. Notre gamme vins tranquilles s’articule autour de deux axes : les grands blancs d’une part, et les appellations abordables, comme les Hautes-Côtes, de l’autre. Ce sont des segments que nous maîtrisons, mais pour s’imposer sur le marché, il faut du temps en Bourgogne.

On pressent que vous n’allez pas vous arrêtez là...

Aujourd’hui, on a déjà beaucoup à faire avec l’existant, en particulier Gabriel Boudier. L’univers des liqueurs est infini, et en ébullition. On travaille à rajeunir la stratégie marketing et la distribution. Dans un second temps, il va falloir aller sur de l’innovation produit. Et avec Belenium, nous travaillons à la sortie d’une nouvelle gamme de bière pour 2023. On a de quoi s’occuper ! 


VEUVE AMBAL EN CHIFFRES ET EN DATES

Avec 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, Famille Piffaut Vins et Domaines, maison-mère de Veuve Ambal, se place dans le top 5 des plus gros producteurs de la Bourgogne viticole.

1898 : Fondation de la maison à Rully (Côte chalonnaise) par Marie Ambal
1988 : Éric Piffaut, représentant de la 5e génération, arrive à la tête de Veuve Ambal.
1998 : Achat de Rivarose, producteur d’effervescents en cuve close à Salon-de-Provence
2010 : début de la diversification dans les vins tranquilles avec l’acquisition de la Maison Prosper Maufoux
2015 : Rachat du château de Saint-Aubin, et ses parcelles de grands blancs
2018 : lancement du projet oenotouristique du château de Saint-Aubin
2021 : diversification dans les spiritueux, avec le rachat de la maison dijonnaise Gabriel Boudier ; et dans la bière, avec la brasserie beaunoise Belenium.
2022 : Ouverture du restaurant Prosper à Saint-Aubin