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Grands Crus musicaux : le mariage des excellences

Auteur

La
rédaction

Date

09.07.2013

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Du 10 au 23 juillet, de Lascombes à Yquem, les Grands Crus musicaux invitent de prestigieux musiciens et artistes lyriques dans des châteaux qui ne le sont pas moins.

Comme chaque année, les places pour le concert au château d’Yquem se sont arrachées dès le premier jour d’ouverture de la location. Ce n’est pas faire injure à Nicholas Angelich, pianiste hors norme, et à Beethoven et Moussorgski, compositeurs géniaux, que de faire remarquer que le prestige du château et de son vin n’y est pas pour rien.

C’est d’ailleurs le principe des Grand Crus musicaux depuis dix ans : marier l’excellence avec l’excellence, celle des œuvres, celle des interprètes et celle des vins. Mais ce mercredi 10 à la même heure, on pourra entendre non loin de là, à la Maison des vins de Graves de Podensac, un claveciniste tout aussi hors norme, Pierre Hantaï, et un compositeur pas moins génial, Jean-Sébastien Bach, programmés par les Festes baroques.

Les Grands crus musicaux 2013 font eux aussi la part belle au grand Bach, qui est le dieu du jeune pianiste David Fray, né à Tarbes en 1981, disciple de Jacques Rouvier, Christian Ivaldi et Claire Désert au CNSM de Paris, et couronné soliste de l’an née par les Victoires de la musique classique 2010. Vendredi 12 au château d’Agassac à Ludon-Médoc, il jouera en direct le programme de son dernier disque paru chez Virgin classics en novembre dernier, alternant deux Toccatas, pièces déclamatoires aux fugues magistrales, et deux Partitas, suites de danses et de « galanteries » selon le titre même de l’édition originale.

Le festival s’achèvera aussi avec Bach et un événement exceptionnel : l’intégrale des Suites pour violoncelle seul en deux soirées, lundi 22 et mardi 23, dans l’intimité du salon du château Pape Clément à Pessac, par Henri Demarquette, fleuron de l’école française de violoncelle. De simples suites de danses, là encore, mais transcendées par l’inventivité du compositeur.

Bien sûr, le piano romantique garde toujours une place prépondérante dans le festival. Les carrières de Marc Laforêt, son directeur artistique, et de Jean-Marc Luisada ont été toutes deux lancées par les nombreuses récompenses qu’ils ont obtenues au Concours Chopin de Varsovie dans les années 80. Le compositeur polonais est resté au centre de leur répertoire. Jeudi 18 au château Smith Haut Lafitte à Martillac, Marc Laforêt jouera le 1er Scherzo, un Nocturne (opus 9 n° 2), l’héroïque Polonaise opus 44 et les quatre Mazurkas opus 17.

Tempéraments de feu

Samedi 20 au château Lascombes à Margaux, Jean-Marc Luisada lui répondra avec la Polonaise-Fantaisie, plus libre, et choisira ses huit Mazurkas favorites dans les opus 67, 68 et 24. Dans leurs programmes jumeaux, tous deux ont placé une Sonate de Mozart, la tragique K.457 en ut mineur pour le premier, et la K.331, celle de la « Marche turque », pour le second, après la Fantaisie en ré mineur. Le premier complètera son récital par les célèbres « Scènes d’enfants » de Schumann, et le second par six Préludes de Debussy dont « La Fille aux cheveux de lin » et « La Cathédrale engloutie ».

Le château Smith Haut Lafitte accueillera aussi, mercredi 17, la Toulousaine Fanny Clamagirand, la seule violoniste programmée cette année. En compagnie de Hetsuko Hirose au piano, elle jouera le Scherzo écrit par Brahms pour la Sonate collective F.A.E., la Sonate « à Kreutzer » de Beethoven, la radieuse 1re Sonate de Fauré et « Tzigane » de Ravel, où son tempérament de feu fera merveille. Elle reviendra bientôt donner des cours et jouer « La Truite » de Schubert aux Rencontres internationales des Graves.

Enfin, le festival n’oublie pas de célébrer le cinquantenaire de la disparition de Francis Poulenc. Lundi 15 au château Léoville-Poyferré à Saint-Julien-Beychevelle, la soprano Caroline Casadesus (voir photo ci-dessous), fille du chef Jean-Claude, chantera « La Voix humaine » et « La Dame de Monte-Carlo », les deux monologues tragiques sur des textes de Cocteau. Elle ne sera pas entourée de ses deux fils, comme dans le spectacle à succès « Le Jazz et la diva » ; c’est Jean-Christophe Rigaud qui aura la lourde tâche de recréer au piano la « sensualité orchestrale » conçue par Poulenc. Heureusement, il pourra chauffer ses doigts avec deux Gymnopédies de Satie !

François Clairant (source)

Concerts-dégustation à 20 h 30. Places de 17 à 30 euros. Location : 05 61 91 81 91 et www.grandscrusmusicaux.com