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Henri Lurton : Le discours et la méthode

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

28.04.2023

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Le 2022 du Château Brane-Cantenac qui se déguste lors de la campagne des primeurs a une saveur particulière. C’est le 30ème millésime de son propriétaire Henri Lurton. Retour sur une prise de pouvoir et sur une trajectoire.

« Je n’ai jamais cherché à me faire un prénom : la vedette, c’est le vin », prévient d’emblée l’intéressé. Henri Lurton est réservé et il entend le rester. Mais force est de constater que le bonhomme a marqué de son empreinte les 30 derniers millésimes du second Grand Cru Classé 1855 de Margaux. Voire davantage puisqu’Henri Lurton n’a cessé de rôder dans les rangs de Brane-Cantenac. Millésime 1961, il grandit dans cette propriété auprès de son père Lucien – qui vient de nous quitter. Henri est un scientifique, l’élève studieux rattrape des études de biologie puis d’œnologie. Après un tour du monde, il revient aux côtés de son père en 1986. D’une famille de onze enfants, Henri est celui qui va présider aux destinées de la propriété que les Lurton détiennent depuis des lustres, Henri incarnant la quatrième génération. En 1992, il prend les commandes. Le scientifique observe, expérimente et entreprend. Études de sols, nouveaux cuviers, retour des cuves bois, tri optique, système d’extraction douce, autant de touches successives qui sous-entendent une démarche globale. La précision est le maître-mot pour que Brane-Cantenac tienne son rôle de challenger en rapport à son voisin Château Margaux. « Tout est mis en œuvre pour faire rentrer du caviar dans les cuves », explique le directeur d’exploitation Christophe Capdeville. De fait, les millésimes s’enchaînent et la qualité va crescendo. La tenue d’un grand cru est aussi suspendue à l’anticipation. Pour aborder les changements climatiques, Henri Lurton mène plusieurs expérimentations et innovations. Une idée fixe : la fraîcheur et l’élégance des vins. Nous sommes à Margaux, nulle part ailleurs. Essais de cépages résistants au nouveau climat, jachères, haies, plantations d’arbres, la signature Brane-Cantenac est une somme de détails. Avec une force majeure : cette croupe argilo-graveleuse de 30 hectares d’un seul tenant assurant une régulation hydrique exceptionnelle. Concernant l’encépagement, le cabernet sauvignon est progressivement monté en puissance et des pieds de carménère – prometteurs - comme de castets – encore à titre d’essai – s’épanouissent en cette terre médocaine. Avec très peu de discours mais beaucoup de méthode, celui qui n’a jamais voulu se faire un prénom peut se targuer d’avoir remis Brane-Cantenac (tout) en haut de l’affiche.