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Jasnières, les 80 ans d’une micro appellation

Auteur

Isabelle
Bachelard

Date

16.09.2017

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Fier de sa petite taille et de son micro-climat, le vignoble de Jasnières affiche une forme olympique pour fêter ses 80 ans d’appellations. Ce vin ligérien célébré par l’écrivain gastronome Curnonsky produit de rares vins blancs qui défient le temps.

Lorsqu’on évoque le département de la Sarthe, on pense à la Ville du Mans, à ses 24 heures de course automobile et à ses rillettes plutôt qu’à son vignoble. Et pourtant, Jasnières est bien là, fidèle depuis sa reconnaissance en appellation contrôlée dès 1937, c’est à dire quasiment en même temps que les géants Sancerre ou Châteauneuf-du-Pape. Ses vins blancs, secs, demi-secs et parfois moelleux sont en effet un régal avec les rillettes, mais ils dialoguent aussi avec les charcuteries et les volailles. Ainsi qu’avec les fromages de chèvre locaux, qui peuvent souvent rivaliser avec les stars reconnues qui naissent plus au sud.

Le Loir et la Loire

Pour découvrir Jasnières, il faut se donner un peu de mal, car le vignoble est minuscule. Il couvre 127 ha répartis sur deux communes, Lhomme et Ruillé-sur-le Loir, mais c’est bien moins qui produit, car quelques vignerons amateurs continuent de travailler leurs rangs pour la consommation familiale. Ces villages se trouvent au bord du Loir, l’affluent de la Loire qui coule parallèlement, à quelques dizaines de kilomètres plus au nord. Le climat est donc de type ligérien, c’est à dire océanique et assez doux. La forêt de Bercé toute proche le protège du froid nordique. Mais ce qui caractérise le plus le vin, c’est son cépage, le chenin blanc, le sol d’argile à silex qui recouvre une base de tuffeau et l’orientation uniquement plein sud, à mi coteau, qui assure une maturité suffisante et souvent même une surmaturité et de la pourriture noble.

Vendanges intermittentes

Personne ne sait quel type de vin sera élaboré cette année, car les dix jours à venir vont tout décider. Les vendanges se font par intermittence, en raison de la pluie qui alterne avec le soleil. « Ici, on laisse faire la nature et on adapte le vin au millésime. C’est possible car on est tout petit » rappelle François Fresneau, figure locale et longtemps président des vignerons. Olivier Champion, qui a repris un domaine en 2014 a confiance : « Je fais des tries, j’ai éliminé ce qui n’était pas beau et j’attends. C’est au vigneron de guetter le bon moment pour récolter. La qualité est là et si ce n’est pas homogène, il reste de l’avance. En 1947, il y avait eu aussi beaucoup de chaleur et de pluie dans l’été ». Il paraît qu’il reste quelques flacons de cette année mémorable, cachées au fond des caves troglodytiques de Jasnières.

Même si on trouve du Jasnières sur les bonnes tables de Paris ou de Taiwan, la meilleure façon de découvrir les vins est de rendre visite aux vignerons, qui accueillent volontiers dans leurs caves creusées dans le tuffeau, comme à Vouvray et Saumur. Les prix sont doux.
Olivier Champion : www.jasnieres-champion.com
Christophe Croisard : laraderie.fr
Famille Fresneau : www.fresneau.fr
Appellations Jasnières et Coteaux-du-Loir : jasnieres.fr

Ci-dessous : François Fresneau et Christophe Croisard, ancien et nouveau président de l’appellation.