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La Gaffelière : des travaux contre la montre

Auteur

La
rédaction

Date

12.09.2013

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Le château La Gaffelière, Premier grand cru classé de Saint-Emilion, vient d’investir 3 millions d’euros dans de nouvelles installations. Avec un objectif : être opérationnel pour la vendange à venir.

Il faut un peu d’imagination pour visualiser le nouveau cuvier du château la Gaffelière, premier grand cru classé de Saint-Émilion. « Heureusement, la vendange sera tardive. Le chantier sera fini à temps. Nous vinifierons ici le millésime 2013. J’imagine les premières grappes de raisin rouge vers le 10 octobre. » Devant Alexandre de Malet Roquefort, 12ème génération aux commandes de cette propriété de 23 hectares, un vaste local en pierre où les ouvriers s’affairent.

L’ancien cuvier, complètement refait, recevra dans quelques jours d’Italie 20 cuves en inox (de 30 à 130 hectolitres) de couleur lie de vin. Une originalité. Les socles pour les recevoir sont déjà là. La passerelle serpentant au-dessus des cuves sera, elle, en inox doré. « Rouge et or sont les couleurs de notre étiquette », explique Léo de Malet Roquefort, 80 ans et première vinification ici en 1958. « Notre famille est férue d’histoire, glisse sa fille Bérangère. Nous avons toutes les archives jusqu’à 1544, testaments et titres de noblesse inclus. Nous travaillons avec l’historien bordelais Olivier Lescorce pour valoriser tout cela. »

Jouxtant le cuvier, la croupe de terre a été creusée pour laisser place à un vaste local de stockage. Au-dessus, la nouvelle aire de réception de vendange permettra au raisin d’arriver plus haut que le niveau des cuves. D’où un travail par gravité, sans pompe de remontage. Une tendance forte dans le vignoble qui évite de triturer la matière et donc de gagner quelques points qualitatifs. Comme les futures vinifications parcellaires en gagneront aussi : les nouvelles cuves, plus petites, s’adapteront en effet mieux aux différents terroirs de ce vignoble restructuré pour moitié depuis quinze ans (arrachages massifs, replantations, porte-greffe, réorientation des rangs…).

Accueillir les amateurs

Un travail de fond à la vigne (17 hectares en production à ce jour) destiné à être mis « en musique » via ces installations rénovées. Et avec un nouveau directeur : Damien Bielle, qui arrive de Léognan, a été recruté l’an passé. Pour être au top, une chambre froide est aussi construite pour stocker les cagettes de raisin si nécessaire. Un trieur optique des baies (qui devrait bien servir cette année !) complétera le dispositif.

Sous le cuvier, le chai a barriques existant a été climatisé. « Nous n’avons jamais autant investi depuis vingt-cinq ans. C’est presque 3 millions d’euros », pointe Alexandre de Malet Roquefort. « La Gaffelière est une affaire familiale, nous devons faire attention », complète celui qui a vendu Tertre Daugay, autre domaine de Saint-Émilion, aux Dillon (Haut Brion) il y a quelques années. Il reste cependant d’autres propriétés dans la famille : château d’Armens (Saint-Émilion), la Chapelle d’Aliénor (AOC Bordeaux) et la Connivence (1, 4 ha à Pomerol).

« Notre travail est maintenant de placer La Gaffelière auprès des 15 négociants qui comptent à Bordeaux. » Après la vigne et le vin, place à la mise sur orbite du volet commercial. Sachant que la société de négoce historique de la famille (Maison Malet Roquefort) a été cédée aux deux tiers en 2011 à Bernard Ravache (ex-GRM). En bout de course de cette remise en ordre complète, l’amateur n’est pas oublié. Une salle de dégustation et un show room sont là. En France, la bouteille de la Gaffelière est autour de 50 euros. C’est moins de 20 pour Clos la Gaffelière, le second vin.

César Compadre (source)


Léo Malet Roquefort, avec ses enfants Alexandre et Bérangère. À gauche, Stéphane Derenoncourt, leur conseiller. (ph. stéphane klein)