Mardi 15 Octobre 2024
(Crédits Autan Blanc Thibaut DELIGEY)
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Date
08.01.2021
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Avec un parrainage de fin d’année au delà des objectifs, Pauline Chatin, à la tête de la Vigne de Cocagne à Fabrègues (34), fait un pas de plus sur le chemin des vins biologiques, agroécologiques et inclusifs.
133 parrains ont répondu à l’appel sur la plateforme BlueBees, en « adoptant » des jeunes cépages blancs plantés en 2019 par la Vigne de Cocagne. Le domaine fondé par Pauline Chatin près de Montpellier en 2017 a ouvert son projet de parrainage en décembre, proposant « d’accompagner les jeunes vignes jusqu’à la première récolte et pendant les premières années de vie adulte ». L’objectif de 12 000 € est dépassé et la somme va permettre de financer une partie de l’entretien des jeunes vignes jusqu’à la première vendange en 2021 (salaire de l’équipe + petit matériel). Depuis la création des vignes, explique Pauline Chatin, « notre base de clients fidèles nous demandaient comment nous aider… Nous avons déjà fait des opérations de pré-vente de cuvées. La viticulture n’est pas facile, et le modèle économique est sur le long terme. J’aime bien jouer cartes sur table, bien expliquer et être transparente ». L’explication et la présentation très pédagogique sur la plateforme de financement solidaire de transition écologique a convaincu les parrains. Ils s’impliquent sur les trois ans stratégiques, entre la plantation et la première mise en bouteille du nouveau vignoble de blanc : 2,5 hectares, plantés en 2019 sur d’anciennes parcelles viticoles du domaine en friche, de cépages méditerranéens choisis pour leur résistance aux étés chauds (vermentino, grenache blanc et gris, piquepoul) et des cépages oubliés (bourboulenc, terret bouret). Pauline Chatin compte organiser la première journée des parrains en juin, pour leur faire découvrir dans la convivialité le travail de ce domaine pas comme les autres.
Viti-insertion
La Vigne de Cocagne est la première structure d’insertion par la viticulture en France, fondée il y a 3 ans sur le domaine de Mirabeau, à Fabrègues, à 15 kilomètres de Montpellier, dans le cadre d’un vaste projet d’agroécopôle. Il vise à préserver la biodiversité sur les 220 hectares de ce domaine appartenant à la mairie de Fabrègues, avec le Centre des Espaces Naturels du Languedoc Roussillon. Pauline Chatin gère les 7 hectares de vigne, dans une approche bio, agroécologique et sociale. Elle embauche des personnes éloignées de l’emploi, pour les former aux métiers de la viticulture, en 2 ans. A la sortie, elles sont prêtes pour ce milieu toujours en recherche de personnel qualifié. 2020 se termine sur une belle satisfaction d’insertion : deux personnes ont achevé le cycle complet, une continue sa formation dans les métiers de la vigne, l’autre a été embauchée en CDI sur un domaine viticole. « Il y a des personnes pour qui ça n’a pas fonctionné, d’autres qui ont fait un bout de chemin avec nous… un jeune, qui a passé un an ici, se lance dans la musique. L’expérience l’a marqué positivement, et lui a donné confiance pour faire ses projets », constate-elle.
Viti bio et bon
Dès la création, le domaine a opté pour l’agriculture biologique. La labellisation, après les trois ans de conversion, peut fièrement s’afficher sur le millésime 2020. La qualité des vins aussi a progressé durant ces trois années, explique Pauline : « ils ont gagné en finesse et qualité. Nous connaissons mieux nos vignes, et avons équipé notre nouvelle cave avec du bon matériel. Pour les cuvées, notre idée initiale de vinifier notre cinsault séparément en une cuvée rosée et une cuvée de rouge est un succès. Nous sortons cette année pour la première fois une cuvée éphémère en macération carbonique, Carbo ». Les jeunes vignes de blancs vont permettre d’étoffer la production dès 2021, et de la doubler à terme.
Viti ferme
En 2020, de nouveaux voisins complémentaires se sont installés sur le domaine. Notamment l’exploitation maraichère « Jardin de Cocagne » ; deux éleveurs, de brebis et chèvres, sont arrivés avec leurs troupeaux, pour la viande et le lait, transformé dans le nouveau laboratoire juste terminé ; un éleveur de porc en plein air les rejoint ce début d’année. Ce collectif d’agriculteurs pour la vente directe s’est organisé en juin, lorsque le maraichage a donné ses premiers légumes. Démarré le jeudi soir, ce marché s’est doublé d’un marché du samedi matin, avec d’autres producteurs invités. Circuits courts et produits locaux qualitatifs, leur proposition en plein air répond parfaitement aux aspirations actuelles. D’abord mensuel, il est maintenant hebdomadaire. Dès que les conditions le permettront, le collectif d’agriculteurs du domaine va préparer ses estivales : « On a la vente directe dans nos gènes ! » souligne la vigneronne, activiste d’une agriculture bio, durable et créatrice d’emplois.
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