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L’autre Lurton

Auteur

La
rédaction

Date

05.12.2011

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Qui connaît François Lurton ? Il produit pourtant à lui seul 12 millions de bouteilles par an. Et, avec son sauvignon, il veut devenir « le premier à Bordeaux ».

Il a la silhouette d’un adolescent. Il a déjà 54 ans. Dans la tribu Lurton, tout le monde connaît Pierre (Cheval Blanc et Yquem), Bérénice (Climens), Henri (Brane-Cantenac), Gonzague (Durfort-Vivens) et quelques autres cousins ; Lucien, son oncle, et bien sûr André, son père (La Louvière, Bonnet, etc.). Mais qui connaît François Lurton ? Lui-même s’en émeut : « On parle toujours des autres. À moi tout seul, je pèse pourtant la moitié de ce que produit l’ensemble de la famille ». Jugez plutôt : 12 millions de bouteilles inondent chaque année le marché mondial avec la signature de cet écorché vif, François Lurton, membre d’une fratrie de sept frères et sœurs (Denise, Christine, Édith, Odile, Jacques et Béatrice), tous cousins des quatre premiers cités précédemment. Une différence majeure les oppose : les premiers (sauf Pierre), fils de Lucien, ont tous hérité d’une partie de l’empire qu’ils s’emploient à bonifier. Les autres, fils d’André, naviguent à vue et s’interrogent sur l’après. Même si, à presque 90 ans, André ne cesse d’avancer entre Pessac-Léognan et l’Entre-deux-Mers, le pas se fait plus lent. Et la question plus pesante : comment les choses vont-elles évoluer ? C’est sans doute pour ne pas avoir à y répondre que François a pris son destin en main.

Comme Tariquet

« J’ai travaillé de 1984 à 1995 à Bonnet aux côtés de mon père, raconte-t-il. J’ai fait passer cette propriété de l’âge de pierre à l’âge de fer ! » Depuis, il n’a de cesse de voir plus grand, en France et jusqu’au bout du monde. En France ? « J’espère que l’an prochain, je serai le premier à Bordeaux », lâche-t-il, sûr de lui, en observant de très près Tariquet. C’est en effet sur des terres voisines de la famille Grassa que François Lurton a acquis une centaine d’hectares, à Eauze (32). Il achète par ailleurs du vin en Charente, dans le Tarn, dans le Gers ou le Languedoc, et produit, sous la bannière « Vin de France », un vin d’assemblage exclusivement sauvignon. Son nom : Fumées blanches. Ce sauvignon, pour lequel l’œnologue Virginie Navet allie les arômes, doit produire un vin désaltérant tout en gardant une certaine acidité.

« La France, qui achète actuellement 100 000 bouteilles, va se développer », promet François Lurton. Fumées blanches a déjà conquis le Canada, la Scandinavie, l’Allemagne, les États-Unis avec 5 millions de bouteilles vendues chaque année…

Cap au sud

Bordeaux le sait peu, mais ce Lurton-là a commencé très tôt à prendre le large. « Je voyageais tout le temps », rapporte-t-il, en regardant son parcours depuis les années 1980. Ces découvertes ont produit autant d’opportunités. Aujourd’hui, François Lurton possède des propriétés en Espagne, dans la région de Rueda, et est associé à Michel Rolland sur l’appellation Toro. Au Portugal, le long du Douro, 35 000 bouteilles sortent de sa quinta au bord de l’eau (Quinta Do Malho, Quinta Beira Douro, Barco Negro). En Argentine, 170 hectares – « Autant que Château Bonnet » – près de Mendoza déclinent les vins de cépage sous différentes marques, dont Tierra de Luna. C’est au Chili, enfin, au sud de Santiago, qu’est vinifié Hacienda Araucano, que l’on peut retrouver en France. Et dès 2012, François Lurton entend bien, enfin, être reconnu en France avec ses Fumées blanches à 5 euros. À Bordeaux, c’est bien connu : dans le monde du vin, pas de fumées sans Lurton.

Photo T. David

Source – Rodolphe Wartel