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Raisins éclatés, vignes effeuillées, le vignoble du Gers touché de plein fouet par la grêle

vignes sous la grêle condom

©Cave de Condom

Auteur

Elisa
Centis

Date

02.09.2025

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Ce dimanche 31 août, un orage de grêle s'est abattu sur une partie du Gers. Ce territoire est le cœur du vignoble gascon. Selon une première estimation, 500 à 600 hectares ont été touchés.

L'orage a éclaté dimanche 31 août en fin de journée. Il a traversé le territoire du sud-ouest vers le nord-est. « Une vingtaine de communes sont très touchées. Parmi elles, nous pouvons citer :  Mouchan, Vic-Fezenzac, Condom, Saint-Puy, Valence-sur-Baïse, Cassaigne », énumère Jean-Marie Terraube, vice-président des vignerons indépendants de Gascogne (IGP Côtes de Gascogne, AOC Armagnac, AOC Floc de Gascogne et AOC Madiran). « Le vignoble gascon est très dispersé, mais là, c'est le cœur, c'est la partie où les vignes sont assez denses », décrit encore le vice-président des vignerons indépendants. « Les expertises sont toujours en cours, mais à cette date [mardi 2 septembre 2025, NDLR], nous estimons qu'entre 500 et 600 hectares du vignoble gascon ont été touchés ». Cela concerne les appellations Côtes de Gascognes, Armagnac et Floc de Gascogne qui, ensemble, s'étendent sur 20 000 hectares.

Vendanger dans l'urgence

La zone touchée par l'orage est, par ailleurs, un fief des vignerons coopérateurs de la cave de Condom. « Une quantité importante de petits grêlons est tombée, se souvient Cédric Garzuel directeur de la cave Val de Gascogne de Condom (1 500 hectares), membre de l'Union Plaimont. Ces grêlons ont été accompagnés de beaucoup de vent ». Les dégâts sont variables d'une zone à l'autre. « La grêle a plus ou moins durement touché les parcelles. Cela va de quelques feuilles hachées avec des raisins éclatés, à des vignes entièrement pelées et dont les trois-quarts de la vendange a été détruite, décrit toujours le directeur de la cave. On a aussi eu quelques dégâts de rangs de vigne couchés. »

Ce mardi 2 septembre, il est encore difficile d'estimer les pertes. « Cela va dépendre de notre capacité à récolter rapidement. Nous avons mis une priorité absolue à vendanger ces raisins touchés par la grêle pour éviter que la maladie ne s'installe, que cela soit le botritys ou la piqûre acétique. Nous étions à la veille de la récolte. Les raisins sont très sensibles », développe le directeur de la cave qui ajoute que cet aléa climatique va aussi avoir des conséquences sur la qualité : « Nous rentrons des raisins abîmés. La récolte va être impactée. Or, le marché n'a que peu de débouchés pour les vins génériques. Nous, on guide nos vignerons pour des objectifs qualitatifs très élevés. Nous avons ces marchés. Mais si nous ne sommes pas capables de répondre à ces exigences, on vendra les vins plus difficilement et moins cher. »

vignes effeuillées grêle
©Cave de Condom
vignes hachées grêle
©Cave de Condom

« Un coup de massue »

De plus, l'orage de grêle vient amoindrir une récolte qui s'annonçait déjà en dessous du potentiel de production. « La sortie de grappe était belle, mais à partir de la fin du mois de juin, on a subi la sécheresse. Il y avait donc déjà un impact sur le volume de la récolte, explique Jean-Marie Terraube. Quelques jours avant l'orage, on a eu un peu de pluie. Cela avait redonné de l'espoir sur le millésime 2025. Finalement, cette grêle, le 31 août, est un coup de massue. On a le sentiment de se faire voler la vendange. Le travail était fait. L'espoir était là. »

A la cave de Condom, la récolte devrait être inférieure aux 140 000 hectolitres nécessaires pour couvrir les charges de fonctionnement de la structure. Cet événement ne fait que tendre davantage une situation économique qui était déjà compliquée. « C'est la 5e année de suite sans faire une récolte normale », insiste Cédric Garzuel.

Il faut revoir « les règles du jeu » de l'assurance récolte

« Après plusieurs années compliquées, entre le gel, le mildiou et la sécheresse, cela commence à être difficile à encaisser tant moralement que financièrement », poursuit Jean-Marie Terraube. D'autant plus que, selon lui, le système actuel d'assurance ne protège plus assez bien les vignerons. « L'assurance récolte est compliquée à conserver car elle se base sur des moyennes olympiques. Or, comme on est à la 4e ou 5e année d'aléas, selon les vignerons, nous n'avons plus de rendements suffisamment hauts pour pouvoir prétendre à une indemnisation d'assurance, explique-t-il. Par conséquent, les gens ne sont plus assurés car cela ne vaut plus le coup. » Pour le vice-président des vignerons indépendants gascons, il est essentiel de « revoir les règles du jeu de l'assurance, pour qu'on soit tous capables de s'assurer correctement ». Et de conclure : « Il faudrait assurer un capital par hectare et non une moyenne historique. »