Vendredi 12 Septembre 2025
Les Vigouroux père et fille ©F. Hermine
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12.09.2025
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Pour redonner au malbec de Cahors le lustre qu’il n’aurait jamais dû perdre, la famille Vigouroux emploie les grands moyens : innovations techniques, modernisation de l’image, respect des terroirs afin de produire aussi bien des vins accessibles que des grands vins.
Depuis quatre générations, la maison Georges Vigouroux incarne une passion familiale pour le malbec et les terroirs du Sud-Ouest. Sous l’impulsion de Bertrand-Gabriel Vigouroux, l’entreprise poursuit aujourd’hui une transformation ambitieuse, portée par un attachement profond à l’appellation Cahors et une volonté affirmée de la repositionner parmi les grands noms du vin mondial. « Notre plan d’investissement est ambitieux, mais nous sommes convaincus que l’appellation Cahors est une pépite de la viticulture française », déclare Bertrand-Gabriel Vigouroux. « Le vignoble n’a jamais totalement surmonté l’épreuve du phylloxéra à la fin du XIXe siècle, qui l’avait rayé de la carte pour près d’un siècle. Pourtant, son potentiel reste immense ». Cette volonté de renaissance s’appuie sur une philosophie constante au sein de la famille basée sur le temps long et le terroir. « Investir sans relâche dans les structures a toujours été dans l’ADN des Vigouroux, même dans un cycle économique difficile ».
Le renouveau passe aujourd'hui par la 'premiumisation' des deux domaines emblématiques de la maison : le Château de Haute-Serre (40 hectares) acheté par Georges, le père de Bertrand-Gabriel en 1971, et le Château de Mercuès (20 hectares), acquis en 1983. Mais aussi par la mise en avant de marques fortes comme Pigmentum et Gouleyant. À cela s’ajoute l'acquisition en 1994 du domaine des Tournelles, une dizaine d’hectares à Buzet, où des malbecs ont également été plantés, en association avec du cabernet franc.
À contre-courant des classifications traditionnelles par région, Vigouroux milite pour une reconnaissance par le cépage. « Je rêve d’une catégorie Malbec sur les cartes des restaurants », confie Bertrand-Gabriel qui considère que la rubrique 'Sud-Ouest' ne permet pas aux consommateurs de s’y retrouver, tant les profils sont hétérogènes. À l’international, c’est le cépage qui séduit, non l’origine française du vin : « Le malbec ne se vend pas en tant que vin français. Il se vend mieux quand il est à côté des malbecs argentins, puisque les consommateurs internationaux s’intéressent aux vins par le cépage ». Dans cette logique, une nouvelle cuvée appelée « Grand Malbec » a vu le jour, proposée sur la Place de Bordeaux. Elle marque un tournant stratégique en lançant « une nouvelle histoire avec un message clair et direct sur le cépage ». Ce repositionnement s’accompagne aussi d’une évolution de style dans les vins. Pierre Vila Paleja, sommelier-restaurateur, patron du Petit Sommelier, salue cette transformation : « Vigouroux a créé des vins plus contemporains avec des tannins calcaires, des vins plus précis et scintillants, avec une vraie singularité qui fait évoluer l’image de Cahors ». Une nouvelle approche qui réconcilie finesse et identité locale, sans renier le potentiel de garde. Vigouroux développe d’ailleurs une politique de vieux millésimes à destination des restaurateurs.
La transmission est aussi au cœur de la stratégie. Jeanne, la fille de Bertrand-Gabriel et la cinquième génération, vient de rejoindre l’entreprise pour perpétuer cette aventure familiale. « Nous voulons rebâtir une gamme autour de l’expérience malbec avec différents profils de vins, y compris en Vin de France ».
Les Vigouroux confirment leur volonté d’adapter l’offre aux marchés, notamment à l’export, qui représente déjà 60 % des ventes (plutôt autour de 40 % pour l'appellation). Dans cette dynamique, la maison n’hésite pas à investir lourdement, y compris dans des plantations à haute densité (6000 pieds/hectare), malgré des coûts élevés. Portée par une histoire forte, une stratégie claire et une foi inébranlable dans le malbec, la maison Vigouroux s’impose comme l’un des fers de lance du renouveau de Cahors.
Une marque très connue dans les années 70 créée par Georges Vigouroux mais quand Haute-Serre et Mercuès ont pris de la place, elle s'est plutôt exportée sur les marchés new-yorkais, canadien, japonais. Mais la maison a envie de relancer la marque dans l'Hexagone. Elle est en Vin de France car l'approvisionnement n'est pas cantonné au Lot mais a été élargi à toute l'Occitanie. Un vin de bistrot élevé 12 mois en cuve. Des arômes de fruits noirs, épices, poivre, mûres, ronces, réglisse, souple et gourmand aux tannins tout ronds et soyeux.
Un vin élevé à 20-30 % en amphore, le reste en barriques de 400 l. Pour moitié neuves. Poivré, épicé et racé sur des tannins soyeux, élégant et délicat, des arômes de bois brûlé, mûre, cacao, de grande longueur.
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