Jeudi 27 Novembre 2025
Xavier Gravelat, Château La Caminade ©ElisaCentis
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27.11.2025
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Le vignoble de Cahors attire. Les touristes profitent de la région, du panorama et apprécient les vins. Des investisseurs prennent même racine, attirés par le terroir et le malbec. Feront-ils souche ?
Parmi les domaines qui changent de main à Cahors, on compte : La Caminade à Parnac, Rouffiac à Duravel, Camp Del Saltre à Prayssac, Gautoul à Puy-L'évêque. Ou encore le Domaine du Cause, racheté par Gérard Bertrand. Revenues sur le marché, ces propriétés ont pu donner l'opportunité à des repreneurs comme Stéphane Revel et Xavier Gravelat de faire leur premier pas de vigneron.
Car faire du vin et en particulier à Cahors, c'est ce que souhaitait depuis de longues années Xavier Gravelat, nouveau vigneron du Château La Caminade. « J'ai grandi en Nouvelle-Calédonie. Puis, j'ai fait mes études à Montpellier, spécialité viticulture-œnologie. Après, je suis reparti pour faire mon service militaire et une fois de retour chez moi, j'ai eu d'autres opportunités professionnelles », confie cet ancien directeur général d'une société minière.
En devenant vigneron à Parnac, Xavier Gravelat s'installe dans un vignoble qu'il affectionne particulièrement. « Mes parents avaient une maison à Cajarc [à l'est du département, NDLR]. Le Lot est l'endroit où je me sens chez moi. J'adore le vin de Cahors depuis toujours », continue le vigneron de Château La Caminade. C'est donc naturellement que ses recherches se portent en priorité sur cette région, puis, avec l'intermédiaire de la SAFER, sur le Château La Caminade fin 2022 (25 hectares). Dernier avantage, le domaine restait accessible, les prix à Cahors étant en moyenne de 11 500 euros/l'hectare, selon Nicolas Poulhalec, de la SAFER Occitanie, interrogé par La Vigne.
Pour Stéphane Revel, dont la passion pour le vin a également guidé sa reconversion professionnelle, Cahors n'était pas la première destination. Mais le vignoble s'est petit à petit imposé de lui-même. « Fin 2021, avec Jonathan Basse, mon associé, nous avons commencé à regarder les annonces. On visait la Loire, car on aime bien les profils de vins, et le grand Sud-Ouest, plutôt côté Languedoc-Corbières. C'est la SAFER Occitanie qui nous a proposé de visiter un vignoble à Cahors », raconte le nouveau vigneron du Château de Rouffiac, qui, auparavant, travaillait dans l'informatique. Le domaine qu'ils visitent ne rassemble pas toutes les caractéristiques qu'ils recherchent - un chai assez grand pour faire des cuvées parcellaires avec différents élevages et des parcelles sur différents terroirs - mais le vignoble lotois les interpelle. « Nous avons été séduits par la topographie, la beauté de la région, les différents terroirs. Après cette première visite, nous avons décidé de continuer à regarder les annonces dans le Lot », se souvient le quarantenaire. Ils rachètent fin 2022 le Château de Rouffiac (24 hectares). « C'est un vignoble avec une grande cuverie, qui dispose de vignes sur tous les terroirs de l'appellation : les trois terrasses de la vallée du Lot et le causse. Cela signifie qu'on réduit les risques de pertes importantes en cas d'aléas climatiques. »
Autre intérêt de l'appellation : les prix et l'espace. « L'appellation n'est pas saturée. Cela signifie qu'on peut se permettre de tenter des choses sur certaines parcelles. Nous, on a planté 3 hectares de sauvignac, un cépage résistant. C'est quelque chose que nous ne nous serions pas autorisés par exemple à Chinon, appellation plantée à 100% où le prix de l'hectare est beaucoup plus élevé ».
L'appellation est également installée dans une région attractive. « De fin avril à fin octobre, la propriété voisine du vignoble qui appartenait déjà à Eddy Van Heel et Jan Zantige, les repreneurs, accueille des mariages de personnes venues de Hollande avec leurs familles et amis. Pendant leur séjour, nous leur proposons des animations comme des dîners dans les vignes ou des dégustations. Cela permet de compléter l'offre d'hébergement », explique Julien Morand Barbier, le responsable du Château Camp Del Saltre (16,70 hectares), aux petits soins de l'exploitation en l'absence de l'entrepreneur néerlandais Eddy Van Heel, qui gère en particulier le marketing et la commercialisation des vins, depuis la reprise en septembre 2022.
Au Château Gautoul (20 hectares), Serge Dessay, PDG de Hotravail, groupe français employant en majorité des personnes en situation de handicap (75% de l’effectif), a également développé des activités oenotouristiques, en parallèle de la production de vin. La propriété, qui dispose de quatre chambres d'hôtes, organise des soirées pour des entreprises, des expositions ou bien des repas autour d'un chef. « Avant d'acheter, on avait déjà vu le potentiel du site, avec la possibilité de faire des chambres d'hôte pour attirer une clientèle différente mais qui s'intéresse aussi au vin. Et proposer des soirées m'a semblé naturel. J'ai déjà l'habitude de le faire dans le cadre du festival Jazz in Marciac », explique Serge Dessay qui a racheté le domaine en 2022. Une orientation qu'il ne regrette pas aujourd'hui : « À Puy-l'Evêque, il n'y a pas d'autre hôtel de charme. Nous avons de la demande toute l'année. Même en automne, nous sommes complets. Les personnes qui viennent sont attirées par la tranquillité, les beaux paysages, ils en profitent pour visiter la région et les autres domaines."

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