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Languedoc 2025 : une qualité au rendez-vous, des volumes en net retrait

Auteur

Willy
Kiezer

Date

18.10.2025

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Dans un contexte climatique heurté, le Languedoc signe un millésime 2025 prometteur dans le verre, mais serré dans les chais. Qualitativement, les premiers jus séduisent par leur fraîcheur et leur tenue. Quantitativement, la canicule et la sécheresse d’août ont raboté les rendements, avec des baisses marquées selon les secteurs.

Comme ailleurs en France, le Languedoc a vécu un millésime d’adaptation. Un printemps suffisamment arrosé a reconstitué les réserves hydriques, avant un été fracturé par une canicule tardive qui a réduit la taille des baies et, partant, le volume de jus. Résultat : un bilan contrasté où la qualité domine le discours des vignerons, quand les chiffres rappellent la réalité économique. À l’échelle nationale, la production 2025 est estimée à 36 Mhl, très en deçà de la moyenne quinquennale. En Languedoc-Roussillon, l’addition canicule + sécheresse, puis des épisodes de mildiou, aboutit à une baisse évaluée à -9 % sur un an et -19 % vs la moyenne des cinq dernières années. Sur le terrain, les témoignages confirment cette ligne de crête.

Le positif d’abord : fraîcheur, précision et promesses en cave

Dans plusieurs bassins, le printemps pluvieux a permis d’aborder l’été avec des vignes nourries, et cela se lit dans les vins. Dans l’IGP Coteaux du Pont du Gard, Gérard Sanchez (Directeur du Centre œnologique de Nîmes) salue « un effet millésime marqué, avec des blancs et rosés très frais et aromatiques et des rouges frais, puissants et très colorés », malgré « environ -20 % » sur la récolte. Même partition en IGP Cévennes où, malgré une vendange « hétérogène » et « -20 % » vs une année normale, « la qualité est là, avec des degrés plus petits que d’habitude ».

Plus au nord, Terrasses du Larzac met en avant des « beaux jus prometteurs », portés par des nuits fraîches dès début septembre ; si la syrah a souffert de la chaleur, mourvèdre et une partie des grenaches s’annoncent convaincants. À Limoux, démarrage dès le 8 août sur les cépages précoces effervescents, puis des pluies de fin août bénéfiques pour les tardifs ; « les premiers jus se montrent très expressifs, avec une belle vivacité ».

Sur le cru Boutenac, malgré des années sèches et des incendies en août, le terroir « limite la casse » et laisse espérer des vins « élégants et complexes » dans la lignée des derniers millésimes annonce France Villeneuve du CIVL. Enfin, à l’échelle de l’AOP Languedoc, le millésime est qualifié de fin et complexe, reflet d’un dialogue serré entre météo, terroir et décisions de vendange.

Le revers de la médaille : volumes bas, écarts territoriaux et tension économique

Si la qualité rassure, la quantité inquiète. Dans l’IGP Hérault, Sylvie Olivet (Fédération IGP Hérault) évoque un -20 % à -50 % selon les secteurs ; « c’est très qualitatif, tous cépages confondus, mais ça va être très compliqué pour pas mal de vignerons et de structures », prévient-elle. À Faugères, Hélène Frey (syndicat de l’appellation) confirme « -30 % en moyenne, et -50 % sur les blancs », conséquence directe du coup de chaud de début août qui a réduit les volumes de jus, pour autant, « 2025 sera rare, mais très beau ». Même en Terrasses du Larzac, où les conditions ont été globalement plus favorables, la vendange se situe -10 à -20 % en tendanciel, avec des syrahs particulièrement impactées par la canicule et, localement, de la coulure sur grenache.

Plus largement, la canicule d’août a accéléré les maturités tout en bloquant le grossissement des baies : des raisins plus petits, moins de jus, et des vendanges parfois précipitées pour devancer les pluies de septembre. Là où des épisodes pluvieux ont surgi, ils ont parfois favorisé le mildiou, compliquant encore la donne. Dans ce contexte de stocks déjà allégés par 2024, l’atterrissage 2025 conjugue vins prometteurs et pression financière accrue, alors que plusieurs bassins doivent composer avec des arrachages engagés ces dernières campagnes.

Verdict : Le Languedoc 2025 coche les cases de la qualité : fraîcheur, précision, couleurs, potentiel, mais s’inscrit dans un paysage de volumes contraints et de disparités. Un millésime d’équilibristes, où l’exigence technique a payé… et où la résilience reste, plus que jamais, le maître-mot.