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Le robot vigneron fait son apparition

Auteur

La
rédaction

Date

04.10.2012

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Il s’appelle Wall-Ye, pèse une trentaine de kilos, a deux bras et quatre roues. Il taille la vigne et se déplace seul entre les rangs. Ce « robot vigneron » élaboré par un inventeur bourguignon, Christophe Millot, pourrait faire entrer la viticulture dans le futur.

La robotique au service de la viticulture : voilà une vision tout droit sortie d’un film de science-fiction, qui colle assez mal avec l’image intemporelle du vigneron peinant à la tâche, et qui pourtant, pourrait bien préfigurer l’avenir. Imaginé par Christophe Millot, informaticien bourguignon, Wall-Ye est un robot spécialement conçu pour exécuter des travaux viticoles : taille, épamprage, ébourgeonnage, travail du sol, voire même à terme, vendange… Au-delà de son sobriquet et de son air de famille avec le petit robot créé par les studios Pixar, Wall-Ye est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Dans quelques semaines, il fera ses grands débuts dans deux propriétés du Languedoc-Roussillon.

Une machine autonome

Inlassable Géo Trouvetout, Christophe Millot travaille depuis de longues années pour le secteur viticole : il a notamment développé des logiciels de cartographie et de traçabilité pour des vignerons alsaciens et bourguignons, des organismes d’inspection, des caves coopératives. Désireux de se diversifier et de proposer une plus large gamme d’innovations à ses clients, c’est lors d’une visite en Ardèche, dans les vignes du Domaine Louis Latour auprès de Denis Fetzmann, qu’il a eu l’idée de concevoir « un robot capable de réaliser certaines tâches délicates, pour lesquelles les vignerons ont souvent du mal à trouver une main d’œuvre disponible et qualifiée ». Le concept a germé en août 2009, a été soumis à des graphistes, a été patiemment assemblé en partenariat avec l’artisan Guy Julien, basé au Creusot.

Pendant trois ans, Christophe Millot s’est employé à créer une machine autonome, se baladant avec aisance entre les vignes (même les plus pentues), capable de s’adapter aux différentes situations et surtout… évolutive. « Il a fallu élaborer des algorithmes à reconnaissance de forme, pour parvenir à faire évoluer intelligemment un engin en milieu naturel. Car faire circuler un robot en intérieur est une chose, le faire circuler entre les rangs de vignes en est une autre ». Le développement récent des nanotechnologies, des composants électroniques, des tablet PC, des caméras, a favorisé la naissance de Wall-Ye : « le robot peut non seulement équiper un grand nombre de tâches, mais il est aussi équipé de cartes précises des parcelles, il enregistre une grande masse de données sur les vignes, qu’il renvoie aux vignerons. Il envoie aussi un rapport journalier d’optimisation, que je reçois et analyse, afin de faire constamment évoluer le programme et adapter les outils. Cela permet aussi d’opérer une veille technique – si un robot est défectueux, il est changé le lendemain. »

L’homme contre le robot ?

Avec Guy Julien, Christophe Millot a tenu à ce que son invention soit fabriquée en France, une manière de prouver « que ce pays peut favoriser ce genre d’innovation ». Et à 25 000 € l’unité, il se défend d’avoir créé une machine susceptible de priver des travailleurs humains de leur emploi : « A ce jour, Wall-Ye intéresse surtout des propriétés qui soit ont du mal à trouver de la main d’œuvre, soit ne sont pas en mesure d’embaucher. Il est par ailleurs complémentaire, et non concurrent du travail des ouvriers« . L’idée est d’adapter au maximum le robot aux besoins du viticulteur : très sollicité pour la taille des vignes, Wall-Ye pourrait également être utilisé pour le griffage du sol, et certaines propriétés champenoises aimeraient déjà l’utiliser pour les vendanges – ce qui nécessite encore des développements supplémentaires.

Outre les deux domaines pionniers du Languedoc-Roussillon qui doivent inaugurer Wall-Ye d’ici un mois et demi, une trentaine de propriétés sont déjà intéressées, à Bordeaux, Cognac, en Provence. Des démonstrations se poursuivent en Bourgogne, en Alsace et dans différents vignobles. On ne devrait donc pas tarder à revoir Wall-Ye…

Mathieu Doumenge

Dans une première version de cet article, nous avions écrit que Mouton Rothschild avait récemment accueilli Wall-Ye pour des tests, ce qu’a tenu à démentir le service communication du château dans un communiqué. « Contrairement à ce qui a été avancé par l’AFP dans sa dépêche du 25 septembre 2012, Château Mouton Rothschild indique qu’aucune démonstration du robot Wall-Ye n’est prévue dans son vignoble. »