Vendredi 6 Décembre 2024
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07.09.2022
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Diffusé ce mercredi soir, le documentaire long-format retrace l’Histoire de France à travers la vie de ses vignerons. Interviews de viticulteurs et images d’archives maillent ce sujet captivant et inédit. Entretien avec Emmanuelle Nobécourt, sa réalisatrice.
Pourquoi retracer l’histoire des vignerons ?
Sur France 3, la ligne éditoriale comprend de grands documentaires patrimoniaux sur les métiers qui ont fait la France : les mineurs, les marins, les pêcheurs… Il fallait absolument retracer l’histoire des vignerons, car elle aussi est constitutive de la culture française.
Dès l’introduction, vous avancez que « l’épopée du peuple vigneron, c’est aussi la nôtre ». C’est à dire ?
Le métier de vigneron est un bon prisme pour comprendre l’histoire de France. C’est une profession agricole, mais pas que : les vignerons transforment, commercialisent, doivent s’adapter aux évolutions de la société, aux crises, aux guerres... Leur histoire fait comprendre comment tout est intrinsèquement lié entre climat, économie et société. Ce qui résonne aussi avec notre actualité.
Vous donnez la parole à de grands noms du vignoble (Jean-Michel Cazes, Marc Hugel, Véronique Drouhin…) ainsi qu’à de nouveaux installés. Comment avez-vous choisi ces interlocuteurs ?
Il fallait montrer des régions différentes, mais aussi la diversité économique du vignoble, des grands groupes aux petits vignerons. La préférence allait aussi à des viticulteurs qui avaient été témoins de l’histoire de leur vignoble, via leurs parents, leurs grands-parents… Le plus dur était de caler le tournage sans les parasiter pendant des moments comme les vendanges. J’ai du renoncer à certains viticulteurs car ils étaient vraiment sous l’eau.
Qu’est-ce qui vous a le plus marquée dans ce tour de France viticole ?
La diversité et la beauté de la France m’enchantent. On est allés d’une réalité, d’un décor à l’autre. J’ai été par exemple très impressionnée par les coteaux de Condrieu. C’est spectaculaire. L’Alsace aussi est sublime de beauté. Voir jusqu’où les hommes peuvent aller pour planter la vigne, ça me fascine. Avec ces témoignages et ces archives, on se rend compte de ce que représente une bouteille de vin, du travail derrière, de sa valeur.
Est-ce un message ?
Mon but, c’est qu’à ma petite échelle, le documentaire permette d’avoir un regard un peu différent sur le vin. Quand on voit les rayons dans les supermarchés, avec des centaines de bouteilles, et qu’on achète ça au hasard... Il faudrait davantage réfléchir à ce qu’il y a derrière : une aventure humaine, des personnes qui travaillent et qui se donnent du mal. Quand on achète une bouteille de vin, c’est un lien entre l’homme et la terre qu’on va chercher, une histoire, pas un breuvage à 15 degrés qui va vous retourner la tête. Et je pense que cela vaut pour les autres produits agricoles.
On voit dans le film que ce travail acharné des vignerons leur a permis de surmonter toutes les crises. Pensez-vous qu’il en sera de même avec celle du dérèglement climatique, que vous traitez en conclusion ?
Ils se sentent en tout cas très concernés. Ils explorent beaucoup de pistes, n’abandonnent pas. Les vignerons ont prouvé leur capacité de résilience. Ils peuvent aussi compter sur la vigne, une plante incroyablement résistante. Mais on ne pourra plus, à mon sens, être dans la méga-consommation, on devra boire autrement. Peut-être moins chercher le vin bon marché, et se concentrer sur le plaisir à boire, pas à engloutir.
L’Épopée des vignerons, sur France 3, le mercredi 7 septembre 2022 à 21 h 10.
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