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Les Côtes du Vivarais, du cœur au sol

Auteur

Frédérique
Hermine

Date

19.10.2021

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A l’heure où l’automne jaunit les forêts et fait pousser les champignons, les Côtes du Vivarais, appellation ardéchoise méconnue, tentent de se faire une place sur les tables.

En périphérie de la vallée du Rhône dans un territoire aride de garrigue, d’oliviers et de chênes verts se niche l’appellation méconnue des Côtes du Vivarais, entre Ardèche et Gard, entre les gorges de la rivière et le plateau des Gras. Si le classement en VDQS (Vin de Qualité Supérieure) est intervenu en 1962, le passage en AOC n’a été officialisé qu’en 1999, obtenu de haute lutte après avoir bataillé avec l’INAO pour intégrer le viognier au cahier des charges. Les hybrides ont été remplacés par des cépages nobles, grenache et syrah en tête. L’appellation est plutôt homogène mais étendue, même si elle a été révisée récemment, passant de 284 ha à 232 ha sur 14 communes. Les vignes sont plantées à une altitude moyenne de 200-300 m, et jusqu’à 400m, la plupart situées sur des sols calcaires pauvres. Le mistral qui assainit les vignes facilite le travail en bio, notamment poussée par la jeune génération (20 a 30% des vignes aujourd’hui certifiées ou en conversion). La production est majoritairement en rouge (notamment en grenache, syrah) avec 45% de rosés et seulement 5% de blancs mais cette couleur progresse avec des vins secs et minéraux à base de grenache blanc, de clairette et de marsanne rhodanienne, sans oublier en accessoire la roussanne et le viognier.

Un nouveau logo

Les Côtes du Vivarais viennent de s’offrir un nouveau logo et une communication axée sur ses sols de karst, ces falaises coupées au couteau si caractéristiques des paysages ardéchois. Le sol remplace donc le cœur comme emblème. L’atout majeur de l’appellation qui produit l’équivalent d’un peu plus d’un million de bouteilles par an reste néanmoins son rapport qualité/prix avec des ventes principalement entre 5 et 10€; les cuvées les moins chères (à moins de 5€) tendent à disparaître et sont apparues, ces dernières années, des hauts-de-gamme, en particulier des rouges de garde entre 15 et 20€ tels la Paluche du domaine du Père Léon, Un air de serine des Terriers et la cuvée Maria du Mas de Bagnols. La montée en gamme initiée dans les années 60 par les coopératives a ainsi été suivie par les jeunes vignerons qui s’installent, aujourd’hui une quinzaine de caves particulières aux côtés des trois coopératives et des 6 maisons de négoce. Mais l’AOC peine toujours à se faire connaître. « Nous sommes surtout concurrencés en termes de notoriété par les vins de Limoux et d’Ardèche. C’est d’autant plus frustrant que nous avons de sérieux atouts touristiques comme les gorges de l’Ardèche et la grotte de l’aven d’Orgnac qui sont sur notre territoire » déplore le président Alain Testud. L’agronome Olivier de Serres parlait pourtant déjà fin XVIe des vins du Vivarais « tant précieux et délicats qu’il n’est pas besoin d’en chercher ailleurs ».

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Photo. F. Hermine

La prochaine étape sera sans doute l’arrivée dans l’AOP du plan de brunel typiquement ardéchois, enfant du grenache et du jurançon noir expérimenté notamment au domaine de Belvezet. « Il affiche une bonne productivité et surtout une bonne résistance à l’oidium et au mildiou. Le plus étonnant est qu’il avait d’abord été sorti de l’appellation à défaut d’arriver à maturité - On avait une bonne cuvée tous les 7 ans, avoue Alain Testud. Au regard du réchauffement climatique, on a demandé à le réintégrer dans le cahier des charges ».