Accueil Les éoliennes ne passeront pas à La Livinière

Les éoliennes ne passeront pas à La Livinière

Auteur

Anne-Sophie
Thérond

Date

08.02.2021

Partager

Unique appellation communale du Minervois, le Cru La Livinière, franchement engagé dans le développement durable, est menacé par l’implantation de quatre éoliennes d’une hauteur de 120 mètres, sur la commune de Siran. Le conseil d’Administration du Syndicat du cru passe à l’action pour éviter la présence de ces équipements sur le territoire.

« 120 mètres de haut, c’est la hauteur d’un immeuble de 35 étages, qui va sur la partie plate de l’appellation, explique Guy Sabarthès, président du Syndicat du Cru. Lorsque l’on regarde sur le site de la société Volkswind France, les dessins ne sont pas du tout à l’échelle ». Et à l’échelle de la région Occitanie, une construction de 120 mètres de haut c’est presque deux fois plus haut que plus haut bâtiment de Montpellier (le Triangle, 72 mètres, la tour d’Assas, devant être démolie) et le plus haut de Toulouse (la Tour du Parc, 67 mètres, Quartier Bagatelle).

Ce projet de parc éolien sur la commune de Siran au sein du Cru La Livinière dans l’Hérault, constitue une sérieuse menace pour l’unique appellation communale du Minervois, qui travaille depuis 30 ans à obtenir des certifications environnementales. 70% des entreprises de l’appellation sont engagées dans une certification environnementale dont 56% en AB, en conversion AB et en Biodynamie ; 75% le seront à l’horizon 2024, explique son président. La viticulture est la principale activité économique de ce territoire, pour la production de vin mais aussi l’œnotourisme, dans ces paysages de contreforts de la Montagne Noire.

Avis contraires côté INAO, communes et AOC

Le projet remonte à 2019, porté par la société Volkswind France, développeur de parcs éoliens. Le principe est d’installer les éoliennes sur des terrains privés, en rémunérant les propriétaires, et dédommageant les voisins. Le dossier est instruit par l’État, qui autorise – ou pas – l’installation du projet.

Dans la phase de préconsultation en mars 2019, les services de l’INAO ont émis un avis négatif sur ce projet, mettant en avant notamment la reconnaissance imminente en AOC La Livinière. Puis la DREAL Occitanie (la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement, représentant de l’État en Région) a consulté officiellement l’INAO en décembre 2019 : son avis, rendu en août 2020, a été défavorable.

Les maires des 6 communes de l’aire d’appellation ont tous confirmé avoir pris, en fin d’année 2019, des délibérations défavorables à tout type d’équipement à caractère industriel éolien sur leurs communes, notamment du fait de leur appartenance au périmètre de l’OGS Cité de Minerve, Gorges de la Cesse et du Brian et de leur présence au sein du périmètre du Parc Naturel Régional.
L’AOC Corbières voisine a elle aussi créé une commission spécifique pour analyser l’ensemble des projets éoliens et/ou photovoltaïques qui entraveraient les paysages, la biodiversité et la pérennité de son vignoble.

L’État doit être cohérent !

Guy Sabarthès, président depuis décembre 2019, et administrateur depuis le début de l’appellation, a vu la situation évoluer : « Le dossier a refait surface après les changements de conseils municipaux au printemps 2020. Nous avons interpelé le préfet en décembre. Nous ne sommes pas forcement contre l’éolienne ou le photovoltaïque, mais nous demandons qu’il y ait une cohérence entre le soutien à la viticulture et l’œnotourisme (activement promu par le Conseil Départemental de l’Hérault) et les projets industriels autorisés par l’État ». La position est claire, c’est une farouche opposition, qui bénéficie du plein soutien du CIVL et du Syndicat de l’AOC Minervois. Les Préfet et Sous-Préfet de l’Hérault ont été officiellement alertés en janvier 2021.

Concomitamment, le Conseil d’Administration du Syndicat du Cru compte ouvrir une procédure pré-contentieuse en adressant une saisine du Ministre de l’Agriculture auprès de Préfet de l’Hérault, au titre de l’article L643-4 du Code Rural. Le syndicat est conseillé par une avocate, spécialisée en droit de l’environnement et de l’urbanisme, qui a déjà travaillé sur des projets similaires dans la région. Il se donne tous les moyens pour que le principal dossier de 2021 soit la reconnaissance en AOC La Livinière, suite aux modifications du cahier des charges parue au JO français en Août 2020 et dans l’attente de l’enregistrement par l’Union Européenne de la dénomination AOC La Livinière.

www.cru-la-liviniere.com