Mercredi 9 Octobre 2024
©F. Hermine
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Date
29.05.2024
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Oublié pendant longtemps sous la montagne Sainte-Victoire, le Domaine des Masques, hors appellation Côtes-de-Provence, a su renaître en IGP Méditerranée avec un travail parcellaire de précision en attendant de rentrer un jour dans le giron de l’AOP.
Le Domaine des Masques à près de 500 mètres d’altitude sur le plateau du Cengle, comme une large corniche (d’où son nom en provençal), offre des soleils couchants aux lumières changeantes sur la Sainte-Victoire. De l’autre côté, vers le Sud, le paysage embrasse un panorama à 180° sur la Sainte Baume et le Mont Aurélien qui font barrage aux entrées maritimes de la Méditerranée pourtant si proche à vol d’oiseau. La Sainte Victoire se retrouve ainsi en climat continental et la barre rocheuse du Cengle sur un terroir presque bourguignon mais inversé, une dalle calcaire en bas et des éboulis en montant sur les coteaux. « Il y a une douzaine d’années, on récoltait ici du chardonnay fin septembre, aujourd’hui plutôt fin août » raconte Yannick Burles à la tête du domaine de Saint-Antonin-sur-Bayon. Créé en 1991, il n’a d’ailleurs été planté qu’en chardonnay pendant une dizaine d’années. Ce qui a séduit en 2003 le couple belge Carl et Sophie Mestdagh qui avait fait fortune dans l’immobilier d’entreprise et qui cherchait un domaine en Toscane. « Ils adoraient avant tout les vins bourguignons. Aujourd’hui l’encépagement est diversifié et la vocation du domaine plus agricole avec 3 ha d’oliviers et près de 2 de lavandes et immortelles à côté des 25 de vignes. Mais nous devons partager le territoire avec les sangliers, les chevreuils et même un troupeau de chèvres sauvages sur la parcelle près de la falaise ». Ont été replantés en blanc du rolle, un peu de viognier, du grenache blanc, quelques clairettes. En rouge, du cabernet sauvignon, du pinot noir, du mourvèdre, du cinsault et du grenache surtout pour les rosés, et de la syrah notamment après la rencontre avec Yves Cuilleron. Le vigneron du Rhône Nord devenu partenaire conseil, a même fait replanter des sélections massales de serine là où il n’y avait jamais eu de vignes.
Hors appellation
Le domaine doit son nom aux anciennes sorcières et guérisseurs (masco) qui fréquentaient l’endroit en quête de plantes médicinales. Pendant plus de 30 ans, les Masques, plantés après le grand incendie de 1989, étaient le seul domaine viticole du plateau avant que la Galinière ne rachète il y a 6-7 ans l’extrémité est pour la convertir en vignoble. Il est entouré de quelques champs de blé et de bois de pins longtemps accessibles uniquement à dos de mulet, désormais par une piste de 3 km dans la garrigue. Ce qui explique pourquoi il n’a d’abord pas été intégré à l’AOP Côtes-de-Provence qui cerne le plateau. Il en a récemment fait la demande dans le cadre de la révision de l’aire. Actuellement le domaine produit donc en IGP Méditerranée 45% en rouge, 40% en blancs et 15% en rosés. Le vignoble est certifié bio depuis 2009.
Extensions en cours
Les Masques ont également dans leur escarcelle 12 ha à Pourrières avec notamment de vieux ugnis blancs et des carignans. Ils appartiennent à la famille de Yannick Burles qui les a récupérés en fermage lorsqu’il est arrivé à la propriété comme régisseur il y a six ans. « J’étais le premier de la famille à ne pas être paysan, reconnait le quadragénaire qui a finalement récupéré dans le giron des Masques les vieilles vignes familiales de Pourrières en fermage, aujourd’hui en conversion bio. Car Yannick avait commencé sa carrière comme acheteur de vins chez Monoprix dans les années 2000 avant d’être rattrapé par l’atavisme familial. Il avait alors dirigé pendant six ans le domaine des Bormettes sur le littoral varois avant de revenir à ses origines, sous la Sainte Victoire. Il a adopté d’emblée une démarche parcellaire, d’où le projet d’agrandissement de la cave, du chai mais aussi du caveau. Le vigneron a progressivement basculé ses élevages de barriques bordelaises vers des 350 l. pour les blancs, vers des demi-muids et des amphores pour les rouges, et n’a de cesse d’étendre la gamme qui compte déjà une quinzaine de références avec de nouvelles expériences d’assemblages et d’élevages.
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