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L’Europe du vin, une Europe à deux vitesses ?

Auteur

La
rédaction

Date

03.05.2012

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Dans un rapport rendu public fin mars, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dresse le panorama de la consommation d’alcool en Europe. Ce rapport laisse apparaître de profondes disparités ; les pays du sud, plus consommateurs de vin, tirent leur épingle du jeu.

C’est avec beaucoup d’intérêt que la filière viticole a observé la publication, fin mars, du nouveau rapport du bureau régional Europe de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), coparrainé par la Commission Européenne, analysant la consommation d’alcool en Europe. Sans surprise, mais de façon assez probante, ce rapport a souligné de profondes disparités entre les différentes régions de l’UE, au niveau des produits consommés, mais aussi de la façon dont ils sont consommés.

Que ressort-il de ce rapport ? Tout d’abord que l’Europe, dans son ensemble, reste la zone géographique où la consommation d’alcool est la plus importante : 12, 5 litres d’alcool pur par an et par habitant, contre 6, 1 litres au niveau mondial ! Mais au-delà de ce chiffre global, de très grandes différences apparaissent entre les pays. Depuis dix ans en effet, on constate une diminution générale de la consommation d’alcool en Europe de l’ouest et du sud, tandis que les pays d’Europe du nord et de l’est ont tendance à augmenter.

La France, bonne élève

Mais c’est dans les modes de consommation d’alcool que les différences sont les plus flagrantes. L’OMS a ainsi mis en place un indice de dangerosité sur une échelle de 1 à 5 : 1 étant le niveau le moins dangereux, 5 le niveau le plus dangereux. Cet indice prend en compte la quantité d’alcool consommé par personne ainsi que les modes de consommation (au cours des repas, en dehors des repas avec de fréquents épisodes d’ivresse…) Il apparaît que les pays d’Europe du centre-ouest et de l’ouest ont un score moyen de dangerosité de 1, 5, les pays du sud ont un score moyen de 1, 1, alors que les pays nordiques sont à 2, 8 et les pays de l’Europe du centre-est et de l’est à 2, 9. Conclusion : les pays producteurs et consommateurs de vin ont un indice de dangerosité à l’alcool bien plus faible que les autres. La France se montre bonne élève avec un indice de 1 : les Français boivent 62% de vin, 20% d’alcools forts et 17% de bière ; leur consommation a beaucoup diminué en un demi-siècle, passant de 25 litres à 12, 5 litres d’alcool pur par personne entre 1961 et 2005.

Pour le Comité Européen des Entreprises Vins (CEEV), le « modèle nordique » est mis en cause à demi-mot : « une politique en matière d’alcool de type nordique (taxation forte, disponibilité réduite et restrictions publicitaires) ne peut pas être considérée comme efficace partout pour réduire les méfaits liés à la consommation excessive d’alcool dans toute l’Union Européenne », précise José Ramon Fernandez, secrétaire générale du CEEV. Face aux ravages galopants du « binge drinking » et à l’apparition du marché noir et autres pratiques illicites, la mise en avant de produits de qualité, encadrés par un message sanitaire responsable, constitue la meilleure des réponses. Pour Vin & Société, structure française faisant l’interface entre la filière viti-vinicole et les sujets de société, ce rapport conforte la démarche engagée par les acteurs de la filière vitivinicole en Europe et en France, axée sur une consommation plaisir et responsable, appuyée par un gros effort d’information. « Ce choix, guidé par la raison, est la seule position responsable et réaliste pour la filière puisqu’il ne prône pas l’abstinence tout en condamnant les abus », déclare Marie-Christine Tarby, Présidente de Vin & Société.

M.D.