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Médoc : De belles vendanges en perspective

De gauche à droite: Antoine Médeville, Thomas Marquant, Emilien Delalande

Auteur

Jean-Charles
Chapuzet

Date

08.09.2023

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Loin des Cassandre alimentés par un début d’été humide et la pression du mildiou, Antoine Médeville, co-dirigeant du laboratoire Oenoconseil remet l’église au milieu du village en annonçant de beaux volumes et de la qualité.  

Pouvez-vous nous refaire l’histoire du millésime 2023 ? 
2023 s’est engagé sur les traces de 2022 en termes de précocité avec un débourrement et une floraison extrêmement précoces. Le week-end de l’Ascension fut marqué par le début de la floraison, alors que sur les terroirs moins précoces elle s’enclenchera une semaine plus tard. Rapide et homogène, la floraison fût complète avant la fin du mois de mai sur les terroirs des grands cabernets sauvignons du Médoc. Encore une fois très proche des bases de 2022. À ce stade le nombre et la taille des grappes laissent entrevoir une jolie récolte que la coulure viendra légèrement modérer avec, une fois n’est pas coutume, une coulure plus importante sur le cabernet sauvignon. S’en suit un mois de juin tourmenté avec de nombreux épisodes orageux et des températures bien au-delà des normales saisonnières qui augmentent aussitôt la pression quant à la maladie au vignoble. Juillet sera moins arrosé mais continuellement humide. Le millésime 2023 s’est construit dans le travail avec une pression omniprésente et une pousse rapide de la vigne ne laissant aucun répit aux équipes au vignoble.

On entend parler que de mildiou, quelle est la réalité de la situation ? 
Il a été le fil rouge des vignerons et les a obligés à être vigilant et combatif d’un bout à l’autre de la campagne. Localement et en fonction des méthodes culturales, sur certaines propriétés en Gironde, les pertes sont importantes. La boîte à outils se resserre pour lutter contre cette maladie et c’est aussi une raison pour laquelle les vignerons ont exprimé leur ras le bol, dans un contexte global déjà bien perturbé. Cela étant dit, nous constatons actuellement en sillonnant le vignoble une récolte abondante en Médoc et les rendements devraient être, à l’échelle de cette région, les plus haut depuis un bon nombre de millésimes. Après trois semaines dans les parcelles à déguster les raisins, nous constatons peu de problème de mildiou sur grappes et nous avons beaucoup de mal à comprendre l’emballement médiatique estivale. Nous pensons qu’il serait préférable de ne plus juger un millésime sur la base de conditions climatiques ou autre pression maladie. C’est malheureusement ce qui a été fait avec ce millésime 2023.

En blanc comme en rouge, vers quel millésime se dirige-t-on, aussi bien s’agissant de la quantité que de la qualité ? 
Depuis la mi-août, nous traversons une période historiquement chaude pour une fin d’été. Comme entrevu depuis le débourrement, 2023 est un millésime précoce, seulement quelques jours plus tardifs que l’historique 2022. Les blancs seront terminés à la fin de semaine prochaine et tant au niveau de la qualité que des volumes nous sommes satisfaits. Une certaine hétérogénéité causée par la charge nous a amenés à réaliser, le plus souvent, des vendanges par tris. Les jus à la sortie du pressoir offrent une belle acidité et une aromatique nette qui devrait se révéler durant la fermentation alcoolique. Pour les rouges, les premiers merlots sont en cours de récolte. Il s’agit pour le moment de jeunes parcelles alors que le cœur des merlots débutera à partir du lundi 11 septembre. Comme je vous le disais auparavant, en Médoc, les rendements seront au rendez-vous. Au niveau de la qualité, la période de forte chaleur que nous traversons est globalement positive même s’il existe toujours des exceptions, par exemple sur de jeunes parcelles aux sols filtrants. Nous devons rester vigilants car en fonction des terroirs, de la charge et de l’état des feuillages les chaleurs quasi-caniculaires de ce début de mois de septembre ont un impact totalement différent d’une parcelle à une autre. C’est notre suivi de terrain et notre sens de l’observation qui feront la différence pour ramasser chaque parcelle à son optimum de maturité et surtout ne pas basculer sur des notes de sur-maturité. Si les conditions climatiques se maintiennent cela pourrait nous offrir de belles vendanges étalées.